20 | Takashi

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Trop concentré dans le livre que Pearl m'avait fait lire, je ne vis même pas Nouna s'échapper. Tobias me jeta un coup d'œil et je retins mon souffle, espérant qu'il s'en aille. Malheureusement pour moi, j'avais l'impression que c'était le bon moment pour lui de parler de certaines choses. J'aurais aimé me faufiler hors d'ici avant qu'il ne m'atteigne, mais il me fit signe de le rejoindre à la machine à café d'un seul doigt.

Même Lothar ne me faisait pas aussi peur.

J'allais devoir partir assez vite aujourd'hui pour m'occuper de William, et de Lance accessoirement. Et je ne pouvais même pas dire au revoir à Nouna vu qu'elle s'était échappée. Heureusement que j'avais dormi avec elle cette nuit et qu'elle allait mieux, c'était une récompense en soi.

Je me levai et Pearl récupéra son livre quand je lui fis part de la solution. Elle se mit à taper furieusement sur son ordinateur et je rejoignis Tobias à la machine à café. Je pris une longue inspiration.

— Café ? marmonna-t-il.

Je plissai mes yeux, tentant de voir s'il m'en voulait encore d'être passé par son Freiherr pour lui tirer les oreilles ou non. Visiblement non et le café ne semblait pas empoisonné. Il me tendit une tasse et je bus une gorgée brûlante qui descendit dans ma gorge, me réveillant immédiatement. Je n'avais pas vraiment dormi cette nuit, écoutant chaque respiration de Nouna devenir plus régulière et plus forte.

— Je ne t'apprécie pas beaucoup, commença Tobias.

Je fis la moue et ouvris la bouche pour me défendre et chouiner aussi, parce que Tobias ne m'aimait pas, mais je n'en eus pas le temps. Il leva un doigt.

— Parce que jusqu'ici je ne comprenais pas pourquoi tu étais là, admit-il. Et puis, tu viens de passer la nuit à la surveiller et à la remettre sur pied. Soit dit en passant ça faisait plus de quatre jours qu'elle était dans les vapes. Tu arrives, tu lui donnes des médicaments et elle part faire les urgences le lendemain.

Je ne bougeai plus, écoutant.

— Respire quand même ça peut prendre un moment, remarqua Tobias.

Je poussai un petit soupir et il hocha la tête.

— Lors de ces faiblesses, elle ne part jamais en urgence pendant les trois jours qui suivent son retour. C'est la règle. Visiblement, elle a dû l'oublier ce matin. Tu sais, avec ta belle gueule, tes muscles et ton beau sourire et hop, on devient folle et on fait ce qu'on veut.

Je clignai des yeux, un peu perdue à présent.

Tobias m'observa un instant et leva les yeux au ciel.

— Bon sang, vous êtes aussi nuls l'un que l'autre. Quel Koning resterait auprès d'une Terra pour la soigner ? gronda Tobias en regardant autour de nous si personne n'écoutait.

— Un Koning... prévenant ? dis-je en souriant.

Tobias leva les yeux au ciel. TO-BIAS allait me griller mes chances en plus de griller les raisons de ma présence ici.

— Je ne sais pas quel médicament tu lui as donné, mais elle était très très en forme ce matin.

— Mon énergie lui a sûrement redonné un peu de force, admis-je en haussant mes épaules. Rien de fou.

Tobias me fusilla du regard.

Je soutins ses yeux brillants.

— Puisque tu ne comptes pas entendre raison, soupira-t-il, je vais te dire un truc qui va arriver si tu ne lui parles pas : elle est à l'ouest et elle a un milliard de sujets en cours, alors si tu as quelque chose à lui dire, dis-le-lui.

LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant