25 | Nouna

610 131 17
                                    

— Je remporte cette mise, dis-je, triomphante, embarquant les bonbons devant Takashi pour les ajouter à ma pile déjà bien fournie.

— Je te laisse gagner.

— Grand bien t'en fasse. Tu peux aussi dire que je suis bonne et–

— Physiquement intelligente ?

Je gloussai en roulant des yeux. Alors lui, il n'en loupait vraiment pas une.

— C'est quand même sexiste ça. Tu aimes les canons de beauté ?

— Là, tu frises l'outrecuidance, chérie.

Nous rîmes de nos bêtises et redistribuâmes les cartes pour un nouveau tour. La télé fonctionnait en sourdine et Zeus tentait de jouer avec mes estropiés, sans trop de succès cela dit.

— Et d'après moi, n'importe quelle femme correspond aux désirs de quelqu'un.

— J'ai des vergetures, balançai-je. Et je ne suis pas du genre à me raser les jambes et le pubis très souvent. Je corresponds à tes désirs, Koning ?

— On s'encanaille plutôt bien toi et moi, non ?

Il me fit un clin d'œil et se concentra sur son jeu quelques secondes. Je fis de même, piochant dans ma réserve, souriant avec défi à mon adversaire.

Il était tard, mais pas encore minuit. Bien que la journée, se succédant aux autres, ait été harassante, puisque j'étais de garde, je devais attendre au cas où un appel me tire de chez moi.

Je savais néanmoins que passer une certaine heure, tout le monde dormait et qu'il y aurait donc moins de chance qu'on m'appelle pour un souci quelconque.

— Cette fois, tu vas te coucher.

J'arquai un sourcil.

— Et tu dis ça avec une telle désinvolture ! Petit coquin, va.

Mais il avait raison. Ses fanfaronnades eurent raison de ma détermination. Je finis par partager ma prise, bien plus grosse que la sienne. Je me levai pour une infusion et m'étirai. Je n'avais eu encore aucune nouvelle de Keif, ce qui commençait sérieusement à m'inquiéter. J'aurais aimé qu'il me mette sur une piste, n'importe laquelle, mais a priori, il ramait autant que moi. Ce qui me rassurait quand même sur ma capacité à un être une bonne véto. Je n'avais jamais voulu me spécialiser dans quoi que ce soit. Peut-être à cause de Ian. Peut-être aussi parce que j'aimais toucher un peu à tout, sans être restreint par mes connaissances. Je ne serais pas allé jusqu'à dire que j'avais de l'or dans les mains, mais je faisais bien mon taf et ça me suffisait, et ce, à bien des niveaux.

Je dormais très mal ces derniers temps, rêvant de chevaux et de rats. Pour les premiers, je comprenais. Les deuxièmes cependant, ça m'échappait totalement. Je n'étais pas du genre à feuilleter des bouquins sur la signification des songes. Peut-être aurais-je dû, juste une fois. Takashi m'avait fait part d'une crise de somnambulisme, une première pour moi ! J'ignorai ce que ça voulait dire ; je devais être trop stressée d'une certaine façon, assez pour que ça donne tout ça.

Je revins m'assoir, ramenant une jambe contre moi, une main enroulée autour de ma tasse.

— Vous en avez trouvé ? demandai-je alors. Des Earhjas je veux dire.

Il hocha la tête.

— Une. Elle a déjà été transférée au Deity.

C'était une bonne chose. Enfin, pour ce que j'en savais. Tout le monde connaissait l'existence de ces filles, sans jamais savoir ce dont elles étaient vraiment capables. Je n'en avais pas vu une seule à l'œuvre, même durant la guerre, trop éloignée des factions de l'Empereur les plus proches. Je n'avais pas de curiosité particulière à leur égard, juste une sorte de respect en latence, suffisamment consciente de ce qu'elles devaient accomplir, même protégée dans l'endroit le plus sûr du pays. Mais n'en demeurait pas moins qu'on les prenait à leur famille pour les façonner à l'image des autres Earhjas déjà présentes au Palais. Combien venaient d'un camp de Terras à la base ?

LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]Where stories live. Discover now