En Attendant l'Éclipse de Lunes

6. Trois vœux

Lay se dirigeait de ses grandes enjambées vers les portes, espérant en chemin croiser Zéas. Contrairement à Zade, il avait opté pour des pouvoirs de combat à défaut de pouvoirs psychiques, il lui était donc presque impossible de deviner où se trouvait le félin, c'est pourquoi il se dirigeait vers Verkaj, passage obligatoire pour accéder au palais du monarque. Une part de lui misait sur la chance, bien que son côté rationnel prenait rapidement le dessus à chaque fois qu'il y pensait. Klervis était trop grand, impossible qu'ils aient tous deux emprunté la même route.

— Hey Lay, mon vieil ami !

Le sorcier se retourna vivement, sur ses gardes, et tomba nez à nez avec Zéas, qui l'avait suivi à pas feutrés. Par réflexe, il leva les mains à la hauteur de son torse, autours desquelles de fins filets bleus apparurent, activant sa magie, prêt à attaquer.

— Doucement ! Je veux simplement discuter, se défendit le félin, mettant en avant ses pattes désarmées.

— Je suis pas très bavard, t'as choisi la mauvaise personne.

Un rayon azur sortit de ses paumes, frôlant une oreille velue qui l'avait esquivé de justesse.

— Comme tu voudras.

Il fit claquer ses coussinets, un sourire malicieux sur les lèvres, et bientôt une ombre imposante plongea Lay dans la pénombre. Un ogre. Grand et robuste, à la peau grisâtre, il dépassait le sorcier d'un demi mètre. Il s'empara du brun et le plaqua contre un arbre, avant qu'il n'eut pu réagir, le tenant par les poignets. Les forces physiques étant inégales, le sorcier releva légèrement ses paumes, pour user d'un peu de magie. Zéas fit son apparition, reposant délicatement les mains de Lay contre le tronc.

— Un seul sort et Tox te brisera les poignets, c'est compris ?

Lay lança un regard noir au félin, qui semblait fier de son coup. Le sorcier n'en avait pas l'air, mais son cerveau bouillonnait à la recherche d'un plan afin de se défaire de cette situation incommodante.

— Bien, nous allons pouvoir discuter maintenant que tu es tout ouï.

Détournant le regard par fierté, le brun leva les yeux au ciel. Qu'avait-il de si important à lui dire ?

— Où est l'humaine ?

— Tu sais très bien que je ne te le dirai pas.

— Pourtant c'est à ton avantage.

Voyant qu'il ne répondrait pas, le félin passa à l'étape suivante.

— J'ai une proposition à te faire.

— La réponse est déjà non.

— Ça concerne Lyrne.

Le regard bleu se posa sur Zéas, des yeux à la fois curieux et plein de colère.

— En échange de l'humaine, le monarque peut exaucer tous tes souhaits. La résurrection en fait partie, une résurrection sûre et permanente, pas comme celles qu'on obtient par de vulgaires potions.

Quelques secondes s'écoulèrent, silencieuses.

— Qui te dit que le monarque acceptera d'exaucer deux vœux ? l'interrogea le sorcier. Pourquoi accepterais-tu de partager avec moi, et qu'est-ce qui m'assure qu'une fois devant le palais, tu ne prendras pas tout pour toi et révéleras toutes les informations compromettantes en ta possession ?

— Ah, Lay et son éternelle méfiance, ça m'avait presque manqué.

Sa patte disparut dans la poche et ressortit munie d'une affiche un peu froissée, qu'il déplia avant de la présenter au sorcier, la mettant à la hauteur de ses yeux.

— Voici les affiches qu'a fait coller le monarque un peu partout dans la ville. Il donnera trois vœux à celui ou ceux qui se présenteront avec l'humaine en vie, et un pour l'humaine morte. Si on arrive à attraper cette Colombe vivante, ça en fera un pour toi, un pour moi et un pour Tox. J'ai besoin de toi pour trouver l'humaine. Si tu veux, tu peux me jeter un de ces sorts pour être sûr que je ne reparte pas seul avec le butin, le même que m'a jeté Zade pour que je ne révèle pas que...

Des étincelles sortirent de la bouche de Zéas, l'empêchant de terminer sa phrase, témoignant qu'un sort l'empêchait de faire connaître certaines informations. Alléché par les arguments convainquant de son ancien ami, Lay finit par céder.

— D'accord, sers-moi la main pour sceller notre accord.

Le félin fit un signe à l'ogre pour qu'il libère la main droite du sorcier. L'étreinte à son poignet se desserra, et il l'agita légèrement, laissant le sang à nouveau circuler dans ses doigts, qu'il serra contre sa paume. Tendant sa patte, le félin attendait la poignée de main et le brun dirigea la sienne à son encontre. Mais avant que Zéas n'ait pu voir quoi que ce soit, le poing de Lay vint s'abattre sur son visage, si fort qu'il tomba, assommé. L'ogre, usant du peu de réflexe qu'il avait, écrasa l'avant-bras du sorcier, qui poussa un cri de douleur. De sa main libre, il émit une onde assez forte pour forcer le géant à le lâcher pour couvrir ses oreilles.

Compte tenu de son infériorité numérique et de son bras probablement cassé, Lay s'enfuit alors que Zéas commençait à reprendre conscience, semant derrière lui ses deux adversaires affaiblis.