15. Proie et prédateurs

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Colombe fut réveillée de bon matin par Aelia qui la secouait vivement.

— Y a deux soldats qui veulent le trésor !

— Quoi ?

La jeune femme se frottait les yeux en se redressant, le cerveau encore engourdi d'avoir été tirées de son sommeil si abruptement et troublée par ces paroles qui n'avaient que peu de sens dans son esprit fraîchement éveillé.

— En bas, y a un monsieur et une madame qui veulent le trésor. Enfin surtout le monsieur.

— Mais de quoi tu parles Aelia ? demanda Colombe, ne comprenant pas la situation.

La petite main prit la sienne, puis la traina dans les escaliers, que ses jambes ankylosées descendirent avec peine, brusquées par l'énergie matinale de l'enfant. Une fois dans le salon, elle remarqua que la porte était ouverte et que deux jeunes gens, légèrement plus vieux qu'elle, attendaient sur le seuil en se chamaillant.

— Aelia, t'as ouvert la porte à des inconnus ? s'exclama Colombe.

— Ben oui, ils ont toqué et tout le monde dormait avant.

La discussion sur la pas continuait alors que l'humaine se demandait quoi faire dans cette maison qui n'était pas la sienne.

— Lunn je t'ai déjà dit qu'il y a pas de trésor, arrête d'embêter cette enfant.

— Mais si, regarde la carte, ça indique ici !

Devant un miroir nonchalamment posé sur un meuble de la pièce à vivre, l'humaine croisa son reflet et peigna de ses doigts ses cheveux de jais légèrement en bataille pour les rendre plus présentables, puis s'avança pour faire face aux visiteurs.

— Bonjour, commença-t-elle. Qui êtes-vous et qu'est-ce que vous voulez ?

— Nous sommes des soldats du monarque de Nebuli, commença la femme.

Le teint de Colombe pâlit à ces mots et son cerveau auparavant engourdi fourmillait maintenant d'une multitude d'idée. C'était trop tard, ils étaient venus pour elle, c'était donc une métaphore le trésor ? Peut-être que si elle partait en courant par le jardin arrière, elle avait une chance de les semer...

— Et on a trouvé ça par terre, y a une croix qui mène ici, continua l'homme en lui montrant une carte. C'est bien une carte au trés-... Oh ben alors, ça va ma belle ? T'es toute blanche ! Est-ce que c'est parce que t'as peur des humains ? T'inquiètes pas, on est là pour le choper, y a pas à avoir peur.

Colombe balbutia quelques mots, tentant de se reprendre. Ils n'étaient donc pas là pour elle, ils avaient simplement trouvé la carte que Lay lui avait dessinée avant de partir. Elle inspira une grande bouffée d'air et releva la tête, fixant ses interlocuteurs.

— Donc il y a un nouvel humain qui est arrivé ? improvisa-t-elle.

— Oui, hier à Klervis, répondit la femme. Si jamais vous l'apercevez, prévenez immédiatement un membre de la garde.

Le cœur de Colombe battait fort, elle essayait tant bien que mal de le calmer, comme s'il pouvait trahir sa véritable identité.

— Et qu'est-ce que vous venez faire là, vous avez une stratégie pour l'attraper ?

— Ouais, on ferme toutes les portes, répondit l'homme. Et puis on fait la liste des gens qui sont passés. T'inquiète pas, aucune chance qu'il nous passe entre les doigts ! Il est sûrement terré quelque part, et dès qu'il sortira de sa cachette, paf ! on l'emmènera au monarque.

Il avait accompagné le geste à la parole en frappant dans ses mains à la mention de la capture de l'humain, ce qui avait fait sursauter Colombe, qui, contrairement aux indications du soldat, s'inquiétait de plus en plus. Leur stratégie détruisait toutes leurs chances de se rendre au portail...

— Mais revenons à nos moutons, c'est quoi cette carte ? continua-t-il.

— Oh, c'est à moi, je visite ma grande tante et mon oncle m'avait tracé le chemin sur une carte pour que je ne me perde pas, inventa-t-elle en reprenant la carte, mais j'ai dû la perdre en chemin apparemment.

— Tu vois, je t'avais dit que ça en valait pas la peine, Lunn. Merci mademoiselle, bonne journée.

— Au revoir ! lança l'homme à son tour. Te fais surtout pas de soucis, on va l'attraper ce satané humain !

Ils repartirent par le chemin sinueux et Colombe ferma la porte sur eux, soulagée. Son cœur battait à la chamade après cette entrevue qui aurait pu tourner au cauchemar.

— Je savais pas que tu étais de la famille de madame Ulzo.

La voix de l'enfant s'était élevée depuis le salon. Elle avait observé la scène de loin et ce détail lui était resté en tête.

— C'était pas vrai, Aelia, j'ai inventé ça.

Les yeux de la blonde s'écarquillèrent.

— T'as menti ? s'exclama-t-elle, une main sur la bouche.

— J'avais pas trop le choix, qu'est-ce que je pouvais bien dire d'autre ? Salut, c'est moi l'humaine que vous cherchez, j'ai été envoyée ici chez une protectrice en attendant que ma complice fasse revivre sa fiancée !

— Ben...

— Des fois on est obligés de mentir pour se protéger, Aelia. Mais que pour des occasions exceptionnelles !

Les marches de l'escaliers grincèrent et madame Ulzo apparut dans le salon.

— Qu'est-ce qu'ils voulaient ces deux jeunes homme ? demanda-t-elle.

— C'était une fille et un garçon, la corrigea l'enfant.

— C'était donc peut-être ça cette magie noire que j'ai sentie... pensa tout haut la sorcière.

— Figurez-vous que c'était des soldats du monarque, ils avaient retrouvé une carte que m'avait donné Lay pour vous trouver. D'ailleurs, ils vont fermez toutes les portes, on est coincés...

— Vous trouverez une solution, j'en suis sûre.

Percevant la mine déconfite de Colombe, la sorcière proposa :

— Prêtes pour un premier cours de magie mesdemoiselles ?

Les yeux des deux amies s'illuminèrent à cette proposition, oubliant presque leurs traqueurs qui avaient toqué plus tôt. Elles suivirent alors la vieille femme, ravies d'apprendre leur premier sort.

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J'avais complètement oublié de publier ce chapitre, désolée du retard ! Entre les vacances, les concours et l'écriture, j'ai un peu de mal à m'organiser ces derniers temps.

Voilà donc ce chapitre, un peu plus court, un peu plus simple, avec cette petite situation amusante. Ils s'en voudront tellement quand / si ils apprennent qu'ils sont tombés sur l'humaine sans le savoir !

À la semaine prochaine !

En Attendant l'Éclipse de LunesTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon