8. Un thé et des souvenirs

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Observant de loin la petite colline surplombée d'une maison modeste en bois, Zade reposa l'enfant à terre, puis annonça tout en reculant :

— Bon les jeunes, je vous laisse ! J'ai une potion sur le feu. Je vais m'en aller et puis vous toquerez, Colombe je viendrai te chercher dans deux...

Elle fut stoppée net par un son cristallin qui retentit dans son dos. Pleine d'appréhension, elle se retourna, faisant désormais face à une très vieille femme à la peau brunie par le soleil et jonchée de ride. Ses yeux déjà camouflés par des paupières tombantes se plissèrent encore plus alors qu'elle dévoilait ses gencives ornées de quelques dents.

— Zade, ma chérie, que me vaut cette visite ? s'émerveilla la vieille sorcière d'une voix chevrotante.

La sorcière allait répondre, mais une main dégarnie s'éleva à la hauteur de son visage, lui faisant signe que sa réponse n'était plus attendue.

— Je le sais déjà, reprit-elle. Colombe, ma belle, je t'attendais. Allez, entrez toutes, je vous ferais du thé, et un jus pour la petite.

— Mais je...

— Zade on ne dit pas non à une cent-cinquantenaire, pense au jour où tu n'auras plus l'occasion de dire oui à ta chère ancienne professeure. Ton excuse n'était même pas valable de toute façon. Toutes à l'intérieur mes choux, ordonna-t-elle.

Elle s'engagea alors sur le chemin sinueux qui menait à sa maison d'une démarche dandinante, suivie par ses invitées ronchonnantes. Seule Colombe la suivit émerveillée, attendrie par l'âge de la vieille femme.

— J'ai pas envie d'y aller maman, murmura l'enfant, s'agrippant à la main de la sorcière.

— Moi non plus, tu penses qu'on a une chance si on part en courant maintenant ? chuchota-t-elle à son tour.

— J'ai beau être sourde et aveugle, mais je n'ai pas besoin de mes sens pour entendre vos pensées mesdames, rappela Madame Ulzo. Colombe tu es un amour, mais non tu ne peux pas toucher ma peau ridée.

Surprise et gênée, Colombe laissa échapper un rire nerveux avant de s'arrêter devant la petite porte en bois de la maisonnette. Toujours en retrait, Aelia et Zade regardèrent avec réserve celle-ci se déverrouiller, tentant toutes deux de camoufler leurs pensées, la sorcière y arrivant mieux que l'enfant.

Après s'être baissée pour passer l'encadrement de la porte, Colombe découvrit un petit hall sombre, mais chaleureux. Elle déposa sur une commode le carnet que lui avait confié Lay et suivit leur hôte dans un petit salon. Elle s'assit sur un sofa vert mousse tout en baladant ses yeux curieux sur les objets disparate qui jonchaient les meubles, ce qui lui rappelait la boutique que tenait Zade. Madame Ulzo s'éclipsa dans la cuisine, laissant les trois femmes seules.

— Alors c'est elle qui vous a appris la magie ? demanda l'humaine à Zade, qui s'était assise sur un fauteuil à sa droite.

— Bien plus que ça ! répondit la vieille voix depuis la cuisine. C'est ici qu'elle a vécu une partie de sa vie. Elle et son ami Lay. Ils étaient si mignons à l'époque...

Embarrassée, la sorcière feignit se s'intéresser aux objets sur la commode à côté d'elle, fuyant de regard des deux amies, curieuses du passé de la rousse.

— Je pourrais vous apprendre quelques sorts pendant votre séjour ici si vous voulez, ajouta la vieille sorcière.

Leur intérêt pour Zade fana en un instant, maintenant orienté vers la proposition de leur hôte.

— C'est vrai ? demanda Colombe, émerveillée par cette hypothèse. Même si je suis humaine ?

La vieille sorcière sortit enfin de sa cuisine, accompagnée de trois tasses qui gravitaient autours d'elle.

— Et pourquoi pas ? s'exclame-t-elle en déposant les tasses sur une table basse. Zade arrête de bouder et bois ton thé, j'ai fait ton préféré.

La rousse lança un regard dédaigneux sur la tasse posée devant elle, avant de se laisser porter par son odeur douce et mentholée qui raviva en elle des souvenirs lointains, enfouis.

Que le sort nous soit favorable,
Que la force ne nous quitte jamais,
Car nous en sommes capables,
Notre courage nous le permet.

Cette sentence oubliée retentit en elle comme un écho, faisant ressurgir des images de sa mémoire, qu'elle s'empressa de refouler aussitôt. Pendant qu'elle tentait d'enfouir son passé au fond de sa mémoire, elle attrapa sa tasse et prit une grande gorgée du thé brûlant, une expression neutre sur le visage. Camouflant le goût, la chaleur descendit le long de sa gorge pour finir dans son ventre, réchauffant son cœur, étouffant ses émotions. Une main se posa sur son épaule, celle de son ancienne tutrice.

— Merci pour le thé madame, commença-t-elle en reposant sa tasse à moitié pleine. Je vais vous laisser, j'ai des choses à faire au bazar.

— D'accord, laisse-moi te raccompagner jusqu'à la porte.

Passant devant Aelia, elle la prit un instant dans les bras pour lui dire au revoir, incertaine de la revoir pour la suite de la mission. Elle fit à Colombe un petit signe de la main qu'elle lui rendit en ajoutant :

— Merci, pour tout ce que vous avez fait pour moi jusqu'ici, je vous en suis très reconnaissante.

La sorcière se rendit alors dans le hall, prête à partir.

— Il te manque quelque chose pour ta potion ? demanda la vieille sorcière, qui l'y avait suivi.

— Non, avoua Zade. Il ne me manque plus qu'à la préparer.

En lui glissant quelque chose dans la main, sa professeure l'avertit :

— Ce n'est que temporaire ma petite, et il se peut que ça échoue. N'oublie pas ça pour ta potion, ça prolongera la résurrection.

Alors qu'elle disparaissait dans le petit salon, Zade ouvrit sa main et trouva dans sa paume un petit mot de la part de son ancienne tutrice. Elle le lut, un sourire triste sur le visage, puis quitta la maisonnette, fermant la porte derrière elle.

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Nouveau personnage (encore, et il en reste, désolé ahah) !

Alors à votre avis, qu'est-il écrit sur ce bout de papier ? Quel ingrédient secret permettrait un prolongement des effets de la potion ? Et comment vont se passer ces deux jours chez madame Ulzo ?

Mystère...

Désolée pour le retard de publication, d'ailleurs je ne sais pas quand sortira le prochain chapitre, il devait être sur Lay, mais je n'ai pas beaucoup d'inspiration pour le finir (il se passe pas beaucoup de choses de son côté, et je sais pas comment introduire un nouvel élément propre à l'univers, quel casse-tête !). Mais je vais m'y mettre, pas de panique !

En Attendant l'Éclipse de LunesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant