18. Au feu

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Contrairement à ce qu'il avait pensé, la journée de Lay avait été étrangement calme. Il s'était réveillé de bon matin, comme à son habitude, et avait attendu quelques heures avant que ses voisins ne s'éveillent à leur tour. Pendant ce temps libre, il en avait profité pour prévoir un plan afin d'arrêter Zéas une fois que sa sœur serait là, en comptant sur le fait que la potion marcherait. Il prit son petit-déjeuner après le duo et la matinée passa, sans aucun événement suspect de la part des deux malfrat.

Alors qu'à midi il descendait pour déjeuner, il tomba nez à nez avec deux jeunes gens en uniforme, dont il reconnu immédiatement l'emblème. La garde de Nebuli.

— Ça va monsieur ? demanda le jeune homme. Maka, c'est la deuxième fois que quelqu'un pâlit à notre vue, tout le monde doit vraiment détester les humains.

Lay regardait le sol, le cœur battant à la chamade. S'ils croisaient Zéas, c'en était fini pour Colombe.

— Alors comme ça... il y a un nouvel humain ? demanda-t-il, fixant encore ses chaussures vernies, la voix tremblante.

— Oui, répondit la femme. Hier à Klervis. Si vous voyez quelqu'un de suspect, alertez immédiatement un membre de la garde.

— Et quelles mesures sont prises en conséquences ? se renseigna-t-il en remontant ses lunettes sur son nez, qui glissaient à cause de la sueur.

— Les portes sont fermées jusqu'à nouvel ordre et une liste de toutes les personnes qui sont passées depuis hier est dressée, nous venons de fermer les deux dernières portes.

— Les portes sont fermées ? Mais... Mais je ne suis qu'en visite à Klervis, je suis médecin, je dois rentrer dès demain à mon cabinet ! prétexta-t-il, en levant pour la première fois les yeux.

Il fouilla dans ses poches et en sortit sa carte de médecin, qu'il tendit aux deux soldats, qui se consultèrent du regard.

— On vous fait une note, décida l'homme. Présentez ça aux portes, on vous laissera passer.

— Il y aura aussi ma... mes deux filles et ma... femme.

L'homme acquiesça et se mit à une table pour écrire l'autorisation, qu'il ponctua d'un tampon formel, sous le regard soulagé du sorcier, fier et étonné que son problème ait été si rapidement résolu.

— Et voilà ! s'exclama-t-il en lui tendant l'autorisation et sa carte. Vous pourrez rentrer dès demain, vous et votre famille.

— Merci beaucoup.

Les deux soldats allaient monter à l'étage et Lay réfléchissait à un moyen de les en empêcher, afin qu'ils ne croisent pas Zéas. Mais le garde s'immobilisa, la tête inclinée vers le haut, puis attrapa le bras de sa coéquipière.

— Tu sens cette odeur de feu ? Du bois est en train de brûler en haut, je le sens.

Effectivement, une odeur de brûlé se répandait de plus en plus, et bientôt de la fumée parvint jusque dans les escaliers

— Zéas... murmura le sorcier, comprenant tout de suite qu'il était l'auteur de l'incendie.

— Sortez monsieur, lui ordonna la femme. On s'occupe de ça.

Réalisant que s'ils montaient, ils croiseraient sûrement Zéas, il tendit sa main valide, de laquelle sortit une nuée bleu. Il lança aux deux soldats un sort de puissant anesthésiant et avant d'avoir atteint les escaliers, ils s'écroulèrent lourdement au sol.

Le sorcier s'élança vers les escaliers et les gravit quatre à quatre, puis enfonça la porte de la chambre de Zéas, une main couvrant sa bouche pour se protéger de la fumée. La chambre était vide et des flammes s'élevaient de plus en plus, nourries par la fenêtre grande ouverte leur apportant l'oxygène nécessaire. Zéas s'était enfui.

Par télékinésie, le sorcier réussit à fermer la fenêtre et courut dans sa chambre, elle aussi atteinte par les flammes. Il s'empressa de s'emparer de sa sacoche et redescendit au rez-de-chaussée, où se trouvaient toujours les deux gardes, inconscients. Bien qu'ils constituaient un danger pour leur mission, Lay n'avait pas le cœur à les laisser périr dans l'incendie. Il était certes hors la loi en aidant Colombe, mais ce n'était pas un meurtrier. Il entoura les deux soldats de sa magie et les transporta hors de l'auberge.

— Au feu ! cria-t-il une fois dans la rue.

Les passants s'approchèrent, certains regardèrent le bâtiment brûler et d'autres s'occupèrent des deux gardes inconscients. Les renforts commençaient à arriver, des élémentaires maîtrisant l'eau, et les planches furent bientôt aspergées et les flammes étouffées. Le sorcier profita de la confusion pour s'en aller et contourna l'auberge pour arriver en dessous de leurs chambres. Un petit chemin, fraîchement créé entre des hautes herbes, menait à un champ.

Lay s'y jeta, à la recherche des deux fugitifs et s'enfonça dans le champ. Il déboucha dans la forêt, vide en apparence.

— Zéas ! cria-t-il, plus pour se défouler que pour appeler l'homme félin. Tu ne nous échapperas pas !

Il crut entendre un rire, lointain, résonnant en un écho, mais peut-être était-ce juste son imagination qui lui jouait des tours. Il avait perdu sa filature et retourna dans les rues de Klervis, penaud, la colère se lisant sur son visage.

En Attendant l'Éclipse de LunesWhere stories live. Discover now