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Isis peut compter ses amis sur les doigts d'une main, sur deux doigts pour être plus précise. Tous ceux d'avant deux-milles quinze ont disparu. Ils se sont volatilisés depuis qu'Isis a changé. Aucun n'a eu la force de rester, aucun n'a eu le courage d'affronter ses vieux démons.
Même ceux qu'ils avaient sur un dénominateur commun.
Il ne reste que Alexis de cette époque révolue, Isis a toujours pensé que son absence lors des événements lui a permi de gardé sa présence actuelle à ses côtés. Il serait parti lui-aussi, comme les autres s'il avait vu. Puis Jade est arrivée en salvatrice par hasard, au bout d'un rayon de la librairie dans laquelle se rendait souvent Isis, avant.
Il y a un avant.
Il y a un après.
Et Isis a bien changé. Elle évite les sorties la majorité du temps, elle trouve des excuses avec facilité si bien qu'Alexis continue de proposer par pure politesse. Si bien que ce soir, Isis se sent obligée d'accepter de sortir avec quelques uns de ses amis qu'elle ne connaît point.
Il faut dire qu'elle ne sort jamais alors Alexis s'est trouvé d'autres fréquentations, il s'est forgé un autre cercle d'ami après que son précédent ait été bouleversé des années auparavant. La situation est similaire, il ne reste que Isis à ses yeux pour se remémorer les souvenirs d'une époque lointaine, presque abstraite dont ils ne parlent jamais. Un autre tabou enterré, mais qui reste bien ici sous leurs pieds à chaque fois qu'ils marchent dans la capitale éclairée.
- Quatre personnes ?
- Quatre personnes, répète-t-il.
Elle soupire pour se donner du courage en passant la porte d'entrée du restaurant et Alexis ne peut retenir son sourire. Il est heureux de l'avoir à ses côtés et il est reconnaissant des efforts considérables qu'elle fournit pour sortir de son appartement qu'elle ne quitte que rarement.
Ses yeux parcourent la petite table où les conduit le serveur. Elle se tend immédiatement en constatant que la fenêtre donnant sur l'extérieur du restaurant est immense, elle se sent observée et bien trop vulnérable. Encore plus quand son regard croise les quatre personnes déjà installées qui se lèvent d'instinct pour les saluer.
Isis se sent immédiatement oppressée, elle préfère rester en retrait tandis que Alexis prend les devants. Il s'agit de ses amis, cela semble évident. Les présentations s'éternisent, le petit groupe reste debout, Isis ne retient aucun prénom. Toutes les discussions vont bien trop vite, elle n'a plus l'habitude d'être le centre de l'attention et Alexis semble remarquer son malaise puisqu'il rajoute :
- Allez, les plats ne vont pas se commander tout seul.
- Il y a une table libre sur la terrasse. Ça ne vous dit pas d'y aller ? propose un jeune homme. Il ne fait pas si moche que ça.
- C'est le normand qui parle, déclare un autre.
- Tais-toi Ilies, rétorque-t-il. Peut-être que la demoiselle fume.
