cinquante-sept

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Isis reste blottie contre le jeune homme ses sanglots se sont arrêtés et Pierre n'ose plus bouger par crainte que la crise reprenne

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Isis reste blottie contre le jeune homme ses sanglots se sont arrêtés et Pierre n'ose plus bouger par crainte que la crise reprenne. Sa respiration reste haletante, elle ne dit rien. Elle se contente d'étreindre Pierre avec force, jusqu'à en avoir mal aux bras. Elle déteste se sentir si faible et vulnérable quand ses hallucinations prennent le dessus.

- Je suis désolée, bredouille-t-elle tout bas.

Il ne répond rien, elle sent simplement son souffle heurter son visage lorsqu'il soupire. Isis ne saurait dire si son propre corps se détend ou s'il s'agit de celui de Pierre qui se relâche, mais une chose est sûre ; leur étreinte se desserre.

- Pierre, je...

- Arrête de t'excuser, supplie-t-il.

Sa réponse n'est qu'un souffle, sa voix est douce. Il n'est pas agacé et Isis en est soulagée, il ne veut pas encore partir en courant alors qu'elle ne cesse de s'excuser, même quand ce n'est pas de sa faute comme il vient de le faire comprendre sans le dire explicitement.

- Pierre, tu pleures ?

Il ne cherche pas à nier, il sait qu'elle l'a entendu renifler. Il tentait d'être discret, mais il n'a pas pu retenir ses émotions en la voyant dans un tel état de détresse émotionnelle. Pierre sait pertinemment qu'elle ne le questionnera pas plus, ce n'est pas dans ses habitudes.

- Ça va, rassure-t-il d'une voix éraillée tentant de retenir ses sanglots. J'ai eu peur mais ça va mieux maintenant.

- Ça va mieux, répète Isis tout bas.

Les minutes passent, ils restent enlacés sans bouger, sans se regarder. Au fur et à mesure, Isis se détend. Ses fourmillements disparaissent, elle reprend le contrôle de son corps petit à petit. Elle parvient même à glisser ses doigts jusqu'à la nuque de Pierre qu'elle caresse doucement, lui rendant les papouilles qu'il glisse dans son cuir chevelu.

- J'ai terminé de ranger mes dernières affaires, déclare Isis. Ça fait huit ans aujourd'hui et c'est aussi aujourd'hui que je quitte mon appartement.

Elle s'arrête, elle n'ose pas avouer ses craintes à haute voix. Son nez vient se nicher dans le cou du pilote pour humer son odeur, elle ne veut que se détendre et passer au dessus de ses mauvaises superstitions que Pierre devine bien. Elle a peur qu'un autre malheur arrive dans ce nouveau chapitre de sa vie.

- Ça fait huit ans mais j'ai l'impression que c'était aujourd'hui, articule-t-elle d'une voix faible. Ça fait une éternité que ma vie s'est arrêtée pourtant j'ai finalement l'impression d'avancer un peu...

- C'est le cas, je t'assure.

- J'ai peur de ne pas réussir à vivre comme il faut, j'ai peur de ne pas mériter cette seconde chance, ça n'aurait pas du être moi.

Sa voix se brise, elle s'éloigne pour essuyer ses larmes qui reviennent à l'assaut. A peine a-t-elle le temps d'en essuyer que d'autres dévalent ses joues sous le regard bleuté de Pierre. Il vient seulement de réaliser quelle culpabilité monstrueuse écrase ses épaules depuis toutes ses années.

EMPTY PLACES » Pierre GaslyWhere stories live. Discover now