Chapitre 7

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Notes :

Pour la douceur de vivre
Et pour le fun, puisqu'on est jeunes

          — Week-end à Rome, Etienne Daho



"Tu fumes comme un pompier, Ieiri," Geto lança en s'installant face à son amie, coupant court à la contemplation dans laquelle elle semblait se perdre avant qu'il n'arrive au bar.

Elle monopolisait une table de quatre, cigarette électronique greffée à la main. Sa blouse blanche était posée sur la banquette à ses côtés, ses longs cheveux bruns tombaient sur ses épaules et leur couleur accentuait les cernes qui se dessinaient sous ses yeux tombants.

"Laisse tes vieux poumons en paix," il ajouta, et elle souffla légèrement, amusée.

"Tu peux parler."

Sous la table, elle recula ses longues jambes croisées pour lui laisser la place. Suguru, chaque fois qu'il la voyait, prenait le temps d'observer l'élégance qu'elle renvoyait.

Les années ne la changeaient pas; à l'université déjà, les escarpins qu'elle portait chaque jour résonnaient dans les couloirs, attiraient les regards.

"J'essaye d'arrêter, me mets pas dans le même panier," Suguru rétorqua. La revoir lui faisait un bien inattendu.

"Bravo," elle dit d'une voix lasse, presque agacée, puis attrapa le verre à pied face à elle et le finit d'une gorgée.

"Sale journée ?" Osa-t-il, bien qu'elle buvait souvent.

"M'en parle pas. Kusakabe t'a dit que j'étais là ?"

Elle l'observa déboutonner le col de sa chemise sombre, nota qu'il avait attaché ses cheveux et qu'une mèche s'en échappait sur le devant lorsqu'il glissa une main sur sa nuque raidie.

"Non, je passe par hasard. On n'est plus si proches à cause du déménagement, lui et moi."

Le bras sous la poitrine, tenant l'autre, elle laissa son regard aller vers le comptoir, puisqu'elle y faisait face. Kusakabe discutait gaiement, imprégné de son entrain habituel à l'égard des clients.

"Peut-être que c'est surtout toi qui te comporte différemment. Il paraît que t'as l'air à l'ouest, en ce moment. Maki m'en a parlé tout à l'heure."

Elle porta la cigarette métallique à ses lèvres, curieuse. Suguru ne la connaissait que trop bien pour savoir ce qu'elle insinuait, et Shoko, elle, s'attendait à ce qu'il n'avoue rien. Comme si le message qu'il lui avait envoyé deux semaines auparavant n'avait jamais existé.

"Maki ? On se connaît à peine."

"Elle a l'air de t'apprécier. En tous cas, assez pour le remarquer."

"Ça fait des mois que je mets plus les pieds ici. Qui pourrait remarquer quoi que ce soit, sérieusement," sa voix lui échappa, sonna un peu plus frustrée qu'il ne l'aurait voulu.

Ses gestes parlaient à sa place; il cala son dos contre la banquette, croisa les bras sous les yeux trop attentifs de son amie qui, soudainement, l'agaçait. Il ne servait à rien de le regarder comme ça.

Elle souffla une fumée blanche, épaisse; une partie s'échoua dans le verre vide entre eux. Suguru leva les yeux au ciel, frustré d'avouer qu'elle n'avait peut-être pas tort.

"Comment elle va ?" Shoko lança d'abord. Il était clair, dès lors, que la discussion ne tournait plus autour de Maki. Suguru sembla se résoudre à en parler; Shoko était l'une de ses amis les plus proches depuis des années.

Ils se voyaient rarement, se croisaient par hasard souvent, mais elle lui apportait chaque fois une sérénité trop recherchée.

Alors, il y a deux semaines, par message, il lui avait avoué. Pour son désir d'être mère, l'indécision et tout le reste. Ayumi n'en savait rien.

SakenoanaDove le storie prendono vita. Scoprilo ora