Chapitre trois : La phase d'acceptation

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Après un passage à la douche, une crise de nerfs dans mon dressing pour trouver une tenue qui me rend un peu moins dépressive aux yeux des autres, j'enfile une robe et me maquille le plus rapidement possible, bien que je n'ai le temps de finir et me retrouve à coller des faux cils entre deux feux rouges.

J'arrive à vingt heures et trente quatre minutes devant chez Julia. Le froid me frappe les jambes et mes talons me font déjà mal aux pieds.

– Ben alors, heureusement que je ne t'attendais pas ! J'ai déjà bu un verre sans toi, viens vite rattraper ça. 

Julia a l'air déjà un peu alcoolisée, elle me tient par les épaules et dépose un baiser sur ma joue. Je lui souris et nous nous dirigeons vers les autres invités.

La soirée se déroule agréablement, je n'avais pas participé à une fête depuis ma rupture avec Arthur, et c'est maintenant que je me souviens à quel point Julia me redonne le sourire, même si je me sens toujours aussi seule entourée de tous ces gens.

Assise sur une chaise, un verre à la main, j'observe Julia danser au milieu du salon, un sourire illuminant son visage. Nos regards se croisent et son corps ondulant se dirige vers moi.

L'espace d'un instant, je me sens revivre, ma meilleure amie me fait tourner dans ses bras, au rythme de la musique, un rire s'échappe de ma bouche puis la musique se termine.

Un peu plus tard, Julia et son copain sont en train de se câliner en face de moi, je préfère m'isoler sur le balcon pour fumer une cigarette.

C'est le dernier souvenir qu'il me reste de la nuit.

Cinq heures du matin, j'immerge d'un trou noir, la tête dans la cuvette, Julia me tiens les cheveux.

– Scusa Julia, dis-je en crachant ce qu'il me reste dans la bouche. Scusa, ho sbagliato...

– Ma chérie, je ne comprends pas ce que tu dis... Ne t'inquiète pas ça va aller.

Dans un éclair de lucidité, je me souviens avoir pleuré dans la cuisine en racontant aux invités, à quel point mon ex est un connard, je me souviens également avoir trébuché dans mes propres pieds à cause de tout l'alcool et la douleur viens enfin à ma tête.

Les larmes coulent le long de mes joues, je sens la douleur dans mes pieds dû aux talons que je porte et la douleur dans mon cœur que je ne sais comment apaiser.

Je suis pitoyable.

Lorsque je ferme les yeux à nouveau, allongée sur le lit de Julia, ma dernière pensée vient à mon père, je ne sais pas pourquoi.

Mon rôle est d'être ton père et en tant que tel, je me dois de t'apprendre à survivre dans ce monde. M'explique-t-il en essuyant les larmes qui coulent sur mes joues. Je sais que tu crois être trop jeune pour avoir des responsabilités, mais il est temps que tu saches être maître de tes émotions pour parvenir à tes ambitions. Cela implique de ne pas pleurer dans certaines situations et parvenir à maîtriser sa colère dans d'autres.

Le lendemain, les invités sont partis. Nous déjeunons, le regard vide, Julia tourne lentement la cuillère dans son café, je sirote mon thé.

– On a abusée hier, heureusement que je fête mon anniversaire qu'une fois par an.

– Je suis désolée, c'est moi qui ai abusé, j'ai gâché ton anniversaire.

– Arrête ! Je me suis éclatée et quand tu as vomis tout le monde allait se coucher donc c'est pas grave.

Je doute de sa sincérité, je repars chez moi, honteuse, les cheveux sales et la fatigue encore très présente sur mon visage.

Lorsque je pose un pied sur le sol de mon appartement, le temps semble s'accélèrer. Les semaines passent, je manque de sommeil, je n'ai pas le temps de rendre visite à mes parents, j'ai l'impression de me trouver dans une boucle sans fin.

OSCURO SEGRETO. Tome I.Where stories live. Discover now