ÉPILOGUE

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- Buongiorno mia figlia.

Mon corps tout entier se met à trembler, je suis prise de sueurs froides.

- Qu'es-qu'est-ce qu'il se passe ? Murmurai-je à bout de souffle en regardant tristement Nils et sa famille. Qu'est-ce que vous avez fait ?

Je recule instinctivement d'un pas, mon géniteur est toujours face à moi, un léger sourire posé sur son visage toujours aussi imposant que dans mes souvenirs. Ses cheveux coiffés en arrière sont devenus gris, des rides sont apparus sur son visage mais son regard n'a pas changé, toujours aussi terrifiant.

- Non sei felice di riavere tuo padre ? Sono venuto a prenderti, figlia mia, dopo tutto questo tempo lontano dalla tua famiglia...

Je suis abasourdi par ses paroles, les larmes viennent à nouveau brouiller ma vue.

- La mia famiglia ?! Sei tutto tranne la mia famiglia... Non sei niente !

- Tesoro mio, sono deluso nel vederti reagire così, ma non hai scelta.

Je secoue la tête de désapprobation, les larmes coulent à flots sur mes joues alors que je reste là bouche ouverte, incapable de prononcer un mot. Je ne comprends plus rien.

Je regarde toutes les personnes qui m'entourent et je sens que je manque d'oxygène, je recule à nouveau, en haletant, quand je viens me heurter à quelqu'un derrière moi.

Surprise, avant de me retourner, je peux voir l'effroi dans le regard de Nils.

- Attendez ! Qu'est-ce que vous faites ? Ce n'était pas ce qui était prévu !

Je n'ai pas le temps de comprendre la réaction de Nils, que je sens une vive douleur dans mon cou, semblable à celle d'une aiguille qui traverse ma peau.

Je porte ma main à mon cou en essayant de me retourner, mais je me sens très rapidement faible. Je lutte pour garder l'équilibre, mes membres sont engourdis, ma bouche devient pâteuse et c'est au tour de mes yeux de me jouer un mauvais tour.

La dernière chose que j'aperçois c'est la seringue dans la main de mon agresseurs, puis un rideau noir tombe sur ma tête.

Buona notte.

Lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, je dois cligner mes paupières plusieurs fois avant de réussir à m'habituer à la lumière vive du plafonnier de la pièce.

Mon corps est lourd, je sens que je ne suis pas encore dans mon état normal, je vois légèrement flou et je ne suis pas maître de mes mouvements, pour preuve, je tombe du lit aux draps de soie rouge en essayant de me redresser.

Le tissus glissant me donne de la difficulté à me relever, je décide de rester assise sur le sol pour prendre connaissance de l'environnement qui m'entoure.

Où suis-je ? Suis-je toujours dans la demeure Hastain où m'a-t-on kidnappé loin de toute civilisation ?

Je crois que j'aurais bientôt la réponse, car j'entends du mouvement à la porte en face du lit.

- Giannina ! Tu es tombée... S'affole Nils en entrant brusquement dans la chambre. Laisse moi t'aider.

Il se baisse pour m'attraper par la taille, mais je ne suis pas décidée à le laisser m'approcher. Je me débat de façon chaotique, mon état ne me permet pas de viser juste, alors je frappe dans le vide.

Lorsque je le sens me soulever du sol, la terre tourne bien plus rapidement qu'à son habitude, je sens un flot d'émotions me submerger, les larmes coulent le long de mes joues.

- L-lâche moi... Qu'est-ce que... Vous m'avez fait...

- Je suis désolée Gigi, tu dois être encore sous l'effet du sédatif, pourtant tu as dormi durant dix heures... Je te promets que je n'en savais rien, je n'aurai jamais accepté qu'ils te drogue.

Nils me pose délicatement au milieu du lit, je sens mon corps s'enfoncer dans la soie, j'ai l'impression que je vais encore sombrer dans ce sommeil inévitable.

- Pourquoi ? Pleurais-je. Pourquoi tu as fait ça Nils ?

Sa main caresse ma joue alors qu'il est assis à mes côtés, j'ai du mal à me concentrer sur son visage, mes paupières papillonnants.

- Je devais juste t'amener à ton père, jamais je n'ai voulu te faire de mal mon amour, je te le promets, j'ai fait ça pour que tu retrouves ta famille.

- C'est faux ! Tu mens, tu m'as trahi...

J'ai du mal à m'exprimer, du mal à réfléchir, tout ce que je ressens, c'est une immense trahison, mon cœur est en miettes.

J'arrive à peine à apercevoir le regard triste de Nils.

- Je t'assure que ça va aller, il faut que je parte maintenant, ils vont bientôt venir te chercher.

- Qui ça ? Qui va venir me chercher ?

Il ne réponds pas et me prends dans ses bras, je n'ai pas la force de le repousser.

- Que vont-ils faire de moi Nils ? Qu'est-ce qui va m'arriver ?

- Ça va aller, je te promets que je vais revenir te chercher...

Il s'éloigne doucement de moi, je m'efforce d'attraper son bras malgré ma tête qui tourne, ses yeux plongent dans les miens.

- Je t'en supplie ne me laisse pas...

Sa main viens caresser ma joue tandis que je vois ses yeux rougir. Il soupir.

- Je n'ai pas le choix mon amour.

Ma tête tourne beaucoup trop, je sens que je vais perdre connaissance.

La dernière chose que je peux sentir est la douceur de ses lèvres sur mon front avant de tomber à nouveau dans les vapes.

...

Quelques minutes plus tard, deux hommes entrent dans la chambre, l'un d'eux soulève la pauvre Giannina du grand lit de satin pour la porter dans ses bras.

L'autre homme qui le regarde faire s'exprime en italien.

- Dépêche-toi Renato, le patron est encore plus tendu que d'habitude.

- Je sais, vivement qu'on soit rentré en Sicile, cette petite garce nous aura donné assez d'ennuis comme ça.

Alors que la jeune femme inconsciente est apportée dans une voiture aux vitres teintées, dans la rue en bas de la demeure Hastain, Don Rossi, Monsieur Hastain, ainsi que ses fils, s'entretiennent une dernière fois dans un bureau à l'étage, avant le départ des siciliens.

- Merci Monsieur Hastain, s'exprime Don Rossi avec difficulté, de son fort accent italien. Nous revoir bientôt pour accord.

- C'était un plaisir de faire affaire avec vous, il me tarde de rassembler nos deux familles.

Les deux hommes se serre la main, alors que Nils les regarde d'un mauvais oeil.

- Ne fait pas cette tête petit frère, tu auras très bientôt ta récompense, murmure Hémon.

Le jeune homme regarde son frère, comme si les mots pouvaient trancher un cœur en deux.

C'est peut être le cas.

Lorsque l'on voit le regret inévitable dans les yeux empli d'émotions de l'homme qui a changé à tout jamais le destin de Giannina Rossi.

FIN

OSCURO SEGRETO. Tome I.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant