Chapitre 1

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Maxence

De nos jours, quelque part en Afrique.

Je ne suis pas mécontent que ma mission humanitaire touche à sa fin, parce que cela fait plus de six mois que je sillonne les pays d'Afrique, passant de dispensaire en dispensaire, confronté à toujours plus de maladie et de familles en détresse. Je savais en partant que ce voyage serait difficile, mais là, j'ai atteint mes limites. J'ai besoin de reprendre un rythme de vie un peu plus stable, même si les horaires de l'hôpital sont loin d'être réguliers. Au moins, je serais en terrain connu.

Alors que mon sac est prêt, mes affaires rangées, je m'habille rapidement pour la soirée, ma dernière ici. Les organisateurs du périple ont préparé une petite fête pour mon départ ainsi que pour l'arrivée de mon remplaçant. Je crois qu'il y aura aussi des jeunes, arrivés il y a peu, un groupe qui sillonne le monde et se pose dans des refuges différents au gré de leurs déplacements. Je ne sais pas vraiment ce qu'ils font, mais je trouve leur idée assez intéressante. C'est une expérience de vie unique.

La nuit est tout juste tombée quand je rejoins le comité installé près d'un feu de camp. Je retrouve mes collègues en pleine discussion avec le nouveau médecin, Yann. Le pauvre, j'espère qu'il sait dans quoi il s'embarque.

— Bonsoir, Maxence, le doc sur le départ, me présenté-je.

— Salut, moi c'est Stéphane, et eux, Imanol et Louis, mes potes.

— Des bretons qui ont décidé de faire le tour de monde pour découvrir autre chose que la pluie de leur région, les chambre mon remplacent

Je me sers de cette information pour poursuivre la conversation.

— Justement, je cherche un logement dans le coin, vous savez s'il est possible de se loger facilement ? Parce que c'est un peu compliqué pour faire les démarches d'ici, surtout que je ne connais pas cette région. À la base, je suis de Moselle.

— Mon frère possède une grande maison, je peux voir avec lui si ma chambre est toujours libre. Si c'est le cas, je te la prête, je ne suis pas près de rentrer.

— Je ne veux pas m'imposer dans sa vie...

— T'inquiète, je suis sûr qu'il va dire oui. Enfin, s'il n'a pas déménagé... Je vais le contacter tout de suite.

Stéphane s'isole des autres pour avoir un peu de calme. Lorsqu'il revient enfin, il dit :

— C'est bon, Amaury est d'accord pour t'accueillir. Voici son numéro, appelle-le ou envoie-lui un texto avec ton heure d'arrivée, il viendra te chercher directement. Mon frère est super, tu devrais bien t'entendre avec lui.

Un peu abasourdi, j'ai du mal à réaliser qu'en une seule soirée, j'ai trouvé un logement et un colocataire. Moi qui vis seul ou dans des campements depuis que je suis en mission, c'est un changement radical.

Curieux d'en apprendre davantage sur mon futur hôte, je lui pose des questions sur lui ainsi que sur la vie en Bretagne. Les trois amis sont unanimes : Amaury est un homme bien et la vie chez eux, c'est le paradis. En revanche, tous les trois se ferment à l'évocation d'une fille, ou plutôt d'une femme, restée en France. Elle manque terriblement à Stéphane, en revanche, ses amis semblent partagés face à ses réactions.

Nous passons la soirée à parler de notre pays d'origine, de nos loisirs et de notre passion pour le baroudage. Stéphane et ses amis voyagent depuis presque trois ans, je n'en reviens pas. Je ne serais pas capable de partir aussi longtemps. J'aime les missions à l'étranger, mais j'ai aussi besoin de me ressourcer auprès de mes amis, de ma famille. À trop côtoyer la misère, je perds une part de moi à chaque fois. Il est impossible de ressortir indemne d'un tel voyage.

Cette nuit-là, je vais me coucher serein. J'ai un point de chute, un nouveau poste qui m'attend, que demander de plus ?

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