Chapitre 11

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Taylor

À peine Maxence a-t-il tourné les talons que mon amie me sature de questions, de reproches et autres gentillesses.

— Taylor, arrête tes conneries, je veux savoir pourquoi tu squattes notre canapé, alors qu'un magnifique spécimen pourrait te tenir compagnie ? Sérieux, c'est quoi ton problème ? Et le sien ? Depuis quand es-tu devenue une carpe ? Tu me fais peur là. Le radiologue t'a annoncé une mauvaise nouvelle ? Je croyais que tu n'avais rien de cassé.

J'ai l'impression d'entendre un bruit de fond, comme si mon amie avait retenue tout ce flot de paroles depuis des années et non quelques minutes. Lasse, je finis par reprendre la parole.

— Ma cheville n'a rien, et le radiologue était très gentil, rien à voir avec celui d'il y a trois ans. Ils ont dû mettre des anti-inflammatoires ou une autre merde dans la perfusion pour me calmer, du coup, je suis une épave. Tu sais aussi bien que moi que je ne supporte pas ces trucs. Pour en revenir à Maxence, il est médecin, voilà son principal défaut, mais c'est Amaury que je fuis en ce moment, pas le doc.

Sentant mon moral et mes espoirs partirent en fumée, je ne cherche même plus à cacher ma peine.

— Tu ne comprends pas, Hélène, je ne vais pas pouvoir bosser pendant plusieurs semaines, voire des mois. L'enfer recommence et je n'ai pas la force de revivre ce qu'il s'est passé. C'est trop pour moi, je préfère partir. Nous savons toutes les deux que je ne suis pas assez forte pour affronter cette épreuve encore une fois.

Les larmes se mettent à couler sans que je ne puisse les retenir. Les traitements ont raison de mes dernières barrières, mais ce lâcher-prise chimique ne me correspond pas. Il me fait me sentir encore plus faible et minable de céder à ce chagrin. Comme j'ai beaucoup de chance et que le karma est définitivement contre moi, Maxence choisit ce moment pour revenir auprès de moi. Il tient des papiers dans ses mains. J'évite son regard de mon mieux, mais tout dans son attitude montre qu'il s'inquiète et qu'il ne sait pas comment m'annoncer la mauvaise nouvelle : mon épaule est foutue.

— Tout va bien ? demande-t-il alors que je fuis toujours ses yeux.

— Taylor a le contre-coup de sa blessure et ne supporte pas vos médocs. Je pense qu'il serait préférable qu'elle reste avec vous cette nuit. Je veux dire chez vous et non ici au cas où il y aurait des complications.

Elle est folle ?! Hélène pense me rendre service, mais elle a tort. Avec une amie comme ça, pas besoin d'ennemi ! Alors que je vais protester, le médecin parle à ma place.

— Tu as été claire sur le fait de ne pas vouloir passer la nuit à l'hôpital, mais je refuse de te laisser seule. Donc la meilleure solution est que tu rentres avec moi Ma garde est finie, je vais chercher mes affaires pendant que l'infirmière te déperfuse. Je te retrouve à l'accueil.

Après son explication et sans me laisser le temps de répondre, il se tourne vers sa collègue, Myriam, puis-je lire sur sa blouse, et lui donne des instructions. Elle est plus gentille que la première que j'ai vue et surtout elle est patiente et m'explique ce qu'elle va faire.

— Je vais d'abord vous enlever le cathéter de votre bras, ce n'est pas douloureux, puis je mettrais un pansement et j'irais vous chercher un fauteuil roulant pour vous déplacer.

Malgré toute sa gentillesse et sa bienveillance, sa phrase plombe mon moral déjà bien bas. Refusant de passer encore plus pour une pimbêche, je la remercie du bout des lèvres, une boule d'angoisse dans la gorge.

Une fois que je ne suis plus raccordée à leur tuyau, Myriam, m'aide à m'installer sur mon carrosse et je laisse Hélène me guider jusqu'à l'accueil, où un homme demande à voir le docteur Nivel. Décidément, mon colocataire, et baby-sitter, est très demandé aujourd'hui. Maxence arrive avant que l'hôtesse n'ai le temps de donner une réponse à l'inconnu et le serre dans ses bras. Je n'entends pas leur conversation, mais quand les deux hommes se tournent vers moi, je comprends que j'en fais partie.

Sauve-moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant