Chapitre 15

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Taylor

Mon corps est ankylosé, j'ai mal partout. Ma tête est dans du coton. Je me sens perdue, faible, et sans repère. En clair tout va bien dans ma vie. Retour à la case départ. Difficilement, j'ouvre les yeux et tombe sur des murs blancs : clairement, je ne suis plus chez moi. L'angoisse monte en moi quand une voix familière me parle.

— Bienvenue parmi nous. Je vais appeler Maxence, essaie de ne pas bouger.

Comme si j'en étais capable.

Paco n'attend pas ma réponse et sort de la pièce me laissant seule avec mes questions. Depuis combien de temps suis-je ici ? Je me souviens avoir voulu quitter la maison, mais un vertige m'en a empêché et je suis tombée. Le reste est un peu flou.

Maxence arrive, accompagné d'un autre homme, il s'approche de moi, prend ma main et vérifie mes constantes sur les appareils. Mes yeux sont braqués sur lui dans l'attente de son verdict. Au fond de moi, je sais déjà ce qui m'attends, ce que je vais devoir faire.

— Bonjour, Mademoiselle Gilbert, je suis le docteur Doucet Jean-Luc. Le docteur Nivel m'a parlé de votre blessure, et avec votre accord, j'aimerais vous opérer.

Il n'ajoute rien d'autre, me laisse le temps d'assimiler ses propos. Confuse, j'ose un regard vers Maxence et me perds dans ses iris marron, où j'y lis de la peur face à ma réaction, mais aussi une certaine confiance en son confrère. Sa main sur la mienne et son sourire bienveillant me font craquer. Je pleure silencieusement en attendant que l'homme face à moi m'explique à quel point je vais redevenir dépendante des autres. Le silence dans la pièce m'oblige à me reprendre. Quand enfin le médecin se remet à parler, je l'écoute attentivement.

— Taylor, je peux vous appelez ainsi ?

Je hoche la tête pour lui répondre oui, incapable de prononcer un mot.

—Les mois à venir ne vont pas être de tout repos. Je suis conscient que l'accident que vous avez eu il y a trois ans environ ainsi que les suites de votre opération n'ont pas été calme. Les douleurs que vous avez encore aujourd'hui ainsi que la perte de votre mobilité sont les séquelles des actes de mon confrère. Je ne suis pas magicien et ne peux pas vous promettre une guérison parfaite. En revanche, je peux faire tout mon possible pour rendre votre vie plus agréable et reprendre vos activités comme les rallyes ou la musique. Il vous faudra du repos, de la rééducation et du soutien ; j'avais tenu un discours similaire à votre fiancé afin qu'il vous fasse changer d'avis. Je suis heureux que vous l'ayez enfin écouté. Je n'ai pas eu de nouvelles de Monsieur Drojan depuis notre entretien. Les circonstances ne sont pas idéales, mais ne rejetez pas ma proposition sans y réfléchir.

Ses paroles me font péter les plombs, une vraie crise d'hystérie.

— Vous vous foutez de moi ? Mon fiancé, comme vous dites, s'est tiré en me laissant seule. Stéphane est très loin d'ici, il ne m'a jamais fait part de votre discours qui n'aurait sûrement rien changé à l'époque. Si, aujourd'hui, j'accepte votre opération, c'est uniquement parce que je n'ai pas le choix et que Maxence a l'air d'avoir confiance en vous. Si vous devez remercier quelqu'un, c'est lui.

Je pointe Maxence du doigt.

— Vous êtes vraiment stupide de penser que j'accepte par choix. C'est une obligation.

Mes cris doivent alerter le personnel hospitalier, car une femme d'âge mûre et bien portante entre dans la chambre en trombe. Je reconnais immédiatement Peggy, cette aide-soignante au cœur d'or qui a pris soin de moi il y a trois ans, après le départ de mon ex. Lâchant la main de Maxence, et sans prendre en compte ma douleur ou le reste, je me jette dans ses bras. Elle ressert son étreinte et m'aide à me réinstaller. Ne voulant pas qu'elle recule, je m'accroche à elle avec la force du désespoir. Une partie de moi sait que je blesse Max en agissant ainsi, mais une autre a besoin de tirer un trait sur le passé. Je lui murmure :

— Tu te souviens de ma requête à l'époque ?

Elle hoche la tête et je poursuis :

— Fais-le s'il te plait, avant qu'il ne m'opère.

Elle me regarde, cherche le doute dans mes yeux, mais celui-ci n'existe pas. Ma décision est prise. Il y aura la Taylor d'avant et celle d'après. La question est : après quoi ? Stéphane ou la ré-opération ?


Sauve-moi !Where stories live. Discover now