Chapitre 20

9 2 0
                                    

Maxence

Ma journée fut éreintante, je n'avais pas besoin de cela pour la finir.

Que fait Stéphane ici ? Et pourquoi Taylor agit-elle ainsi ? Heureusement que Paco garde la tête froide, ce qui n'est clairement pas mon cas. Je suis au bord de l'explosion.

— Je pense que Taylor a raison, elle débloque, tu devrais baisser les doses ou la bâillonner au choix.

Paco essaie de détendre l'atmosphère et de donner un sens à ce qui vient de se passer, mais il n'y en a aucun. Si j'ai cédé au baiser, c'était uniquement pour la calmer. J'en avais envie bien entendu, mais pas dans ses conditions : devant son ex et elle sous l'emprise des tranquillisants.

Je m'approche du matériel et baisse les doses d'anti-douleur.

La porte s'ouvre de nouveau, c'est pire qu'un hôtel ici. Les gens rentrent sans frapper, ni même s'annoncer. Je m'attends à voir arriver Amaury, vu que son frère est ici, mais ce n'est que Peggy, qui se fige en apercevant Stéphane.

— Vous n'avez rien à faire ici, j'appelle la sécurité !

Son ton est calme, mais sévère.

— Ne vous donnez pas cette peine, je pars.

La voix de Stéphane est sèche, il tourne les talons et quitte la pièce sans un regard de plus, la colère lui servant de halo. Il ne s'attendait sûrement pas vivre une telle scène.

Un coup d'œil à ma belle endormie m'empêche de le suivre et de faire une connerie, comme lui refaire le portrait. Au lieu de ça, je me replonge dans les bilans et constantes de Taylor. J'ai besoin de passer en mode médecin comme elle dit, de m'occuper, de ne pas penser à ce que je ressens pour elle, ni à ses paroles incohérentes. Mes sentiments pour elle sont sincères, mais je n'arrive pas à savoir ce que Taylor ressent vraiment pour moi. J'ai besoin de normalité, et de concret.

Tout me paraissant normal, je décide de l'observer afin d'essayer de la décrypter. La venue de Stéphane rend encore plus méfiant ; j'ai peur de la perdre avant même d'avoir pu partager quelque chose de réel avec elle.

La fatigue accumulée de ces derniers jours me tombe dessus sans prévenir et cela doit se voir car Peggy me propose de m'installer un lit pour que je puisse rester auprès de sa protégée. Paco insiste pour rester lui aussi. Aucun de nous deux ne veut rentrer et prendre le risque de tomber sur l'intrus. Je soupçonne mon ami d'avoir les mêmes idées que moi, sauf que la violence ne résoudra rien.

Je suis réveillé par des sanglots. Taylor se débat dans son sommeil. Ne comprenant pas ses propos, j'essaie de la rassurer, de savoir ce qu'elle a. Quand elle ouvre les yeux, elle semble perdue un premier temps, puis sort les griffes en me voyant vérifier ses constantes, sa perfusion ainsi que son pansement.

— Alors Docteur Nivel, l'opération s'est bien passée ? Vous allez pouvoir reprendre votre vie là où vous l'aviez laissé ?

Taylor n'attend même pas d'être complétement réveillé pour être hargneuse, et moi je suis au bord de l'explosion.

— Tu as le droit d'être en colère, mais ne t'en prends pas à Max, d'accord ? Il fait tout ce qu'il peut pour que tu ailles bien, et toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que de le mettre en rogne ou de jouer à je ne sais quel jeu malsain devant ton ex.

Paco prend encore mon parti et cela augmente mon degré d'énervement. Je ne suis pas un gamin qui a besoin d'être surprotégé. Je n'ai pas le temps de répliquer que Taylor reprend la parole :

— C'est une blague ? C'est moi qui suis immobilisée dans ce lit, vous êtes libre de partir quand bon vous semble, rien ne vous retient. Votre vie ne vient de partir en éclat, sans savoir si vous avez fait le bon choix.

Ses propos me font sortir de mes gonds et j'explose.

— Tu fais chier, Taylor ! Tu me demandes de t'embrasser en salle opératoire, puis tu me revendiques devant ton ex et là tu me vires de ta chambre ? Hors de question ! Je ne joue pas. Moi aussi, j'ai des sentiments pour toi, alors tu arrêtes tout de suite tes conneries ! Je n'ai pas l'intention de partir, et si je dois me battre, je le ferais contre toi ou contre ton ex. Maintenant rendors-toi, Jean-Luc viendra te voir demain pour te parler de ta convalescence et de ta sortie.

Je tourne les talons et sors de sa chambre avant d'en dire plus. Mes pas me guident jusqu'à mon bureau où je m'écroule sur ma chaise la tête entre mes mains. Je revois son visage baigné de larmes, la douleur dans ses yeux quand je suis parti. Je n'avais pas d'autres choix, si je veux qu'elle m'accepte, je dois jouer cartes sur table. Je sais qu'elle a peur, c'est un mécanisme de défense de s'en prendre aux autres. Ce dont elle ne se rend pas compte c'est que je ne suis pas un robot. Je ressens des choses. Ces dernières vingt-quatre heure ont été très éprouvantes pour nous tous.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé lorsque des coups sont donnés contre ma porte. Cette dernière s'ouvre sur Peggy. L'infirmière entre et s'assoit en face de mon bureau. Ses traits sont tirés, elle semble épuisée.

— Taylor s'est enfin rendormie, après votre départ, elle a fait une crise d'angoisse. Votre ami est resté à son chevet, mais vous devriez aller la rejoindre, me dit-elle. Le retour de Stéphane la bouleverse beaucoup plus que ce qu'elle accepte de dire, et il est hors de question que ce petit arrogant la fasse souffrir davantage

Peggy soupire lassement, avant de poursuivre :

—De plus, votre collègue ne va pas tarder à faire son tour de visites, Taylor aura besoin de votre présence pour l'affronter.

Sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, elle se lève, se dirige vers la sortie, et avant de disparaître, elle me dit :

—Bonne journée, Docteur Nivel.

— Appelez-moi Maxence.

Elle ne répond rien et part, me laissant seul de nouveau.


Sauve-moi !जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें