Chapitre 8

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Maxence

Après mon étrange échange avec Taylor, j'ai été appelé pour remplacer un confrère en urgence. Heureusement pour moi, le service était plutôt calme et je n'ai fait que la moitié de sa garde. Il faut dire que je n'étais pas vraiment concentré sur mes patients. Les paroles de Taylor ont tourné en boucle dans ma tête un long moment sans que je ne trouve de solution. J'ai même appelé Paco pour avoir son avis, j'aimerais qu'il la rencontre, car son opinion pourrait la faire changer d'avis. Enfin, je l'espère. Paco est kiné, nous nous sommes rencontrés en première année de médecine et sommes devenu de vrais amis. La distance et nos vies personnelles nous ont séparés, mais nous continuons d'échanger par téléphone le plus souvent possible. Il excelle dans son domaine et a toute ma confiance.

J'ai aussi profité de mon statut de nouveau venu pour échanger avec mes collègues et le personnel soignant afin de mieux comprendre ce qu'il s'est passé. Les rumeurs sont vraies, les hôpitaux sont une véritable source de ragots et potins en tout genre. Il m'a suffi de trouver la bonne personne : Peggy, aide-soignante en chirurgie. Qui par chance été de service elle aussi aujourd'hui. Je l'ai donc invité à boire un café en salle de pause.

— Ma démarche va peut-être vous surprendre, mais je recherche des infos sur Taylor Gilbert, la jeune femme qui a eu un accident de voiture il y a trois ans environ.

Le visage de Peggy se marque d'incompréhension et d'inquiétude aussitôt.

— Pourquoi ? Taylor a fait une rechute ?

Je ne dis rien de plus et attends. Avec le temps, j'ai appris que le silence est la meilleure des écoutes.

— Nous avons pris en charge Taylor après son opération. Le chef de chirurgie a bâclé le travail, tout le monde savait qu'il ne devait plus exercer, plusieurs plaintes avaient été déposé contre lui, mais ce n'est pas simple de mettre sur la touche un chirurgien de sa trempe. L'affaire avec cette jeune femme a sonné la fin de sa carrière, mais le mal était fait. Taylor a dû se battre contre elle-même, ainsi que ses proches. Sa culpabilité la rongeait nuit et jour. Les propos du chef la faisant se sentir encore plus mal. Mais le pire fût l'attitude de son petit ami. Il refusait de voir que Taylor s'enfoncer un peu plus chaque jour dans la dépression et toute la noirceur que cela comporte. Être obligée d'être dépendante d'une tierce personne pour le moindre acte de la vie quotidienne a été le plus dur à vivre pour elle.

— Savez-vous si elle a eu un autre avis par la suite ? demandé-je, curieux d'en apprendre plus.

— Taylor a refusé et refuse toujours de parler de sa blessure.

Peggy n'a pas le temps de m'en dire plus, son bipper la rappelle à l'ordre.

Il faudrait que je puisse en parler avec Amaury pour en savoir plus, ou peut-être Nicolas. Après tout, le plus jeune des frères semble mieux cerner sa sœur que les ainés. Son avis sera le plus objectif.

À mon retour à la maison, je suis surpris par la vision qui s'offre à moi. Taylor en train de soigner Amaury, alors que ce dernier empeste l'alcool et qu'une certaine tension est présente entre eux. Jusqu'à ce qu'il la rompe avec une réplique d'une série qui m'est inconnue. Il faut dire qu'entre mes études et mon voyage humanitaire, je n'ai pas vraiment eu le temps pour les divertissements dans ce genre. Mes colocataires me donnent un cours sur les personnages et les répliques cultes. Ils semblent avoir enterré la hache de guerre pour la soirée.

Au bout d'un moment, Taylor gigote sur le canapé, se lève et trébuche. En essayant de se rattraper, elle force sur son bras, ce qui lui arrache un cri de souffrance. Je la regarde s'éloigner, impuissant.

Sauve-moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant