Chapitre 16

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Maxence

L'attitude de Taylor me blesse, tandis que l'allusion à son ex m'agace. Ce n'est pas volontaire, je le sais, mais son rejet me meurtri le cœur. J'aimerais être son pilier, la personne sur qui elle peut se reposer en toute confiance.

Face à la requête de Taylor, l'aide-soignante se crispe avant de finalement acquiescer, pendant que de mon côté, je ne comprends absolument rien à ce qu'il se passe. La seule chose que je saisis, devant la gravité du visage de la soignante, c'est que je ne vais pas sûrement pas apprécier quand je vais découvrir de quoi il s'agit.

Alors que les deux femmes terminent leur discussion, Taylor plonge son regard dans le mien et tend la main pour attraper la mienne. Mon premier réflexe est de refuser son contact, mais Paco murmure mon prénom comme une menace, m'obligeant presque à laisser nos mains se rejoindre et lui apporter un peu de soutien. Enfin si c'est cela qu'elle attend de moi, parce qu'au final je suis dans l'incompréhension total face à sa réaction. Et je ne suis pas au bout de mes surprises.

— Quand l'opération doit-elle avoir lieu ? me demande-t-elle en essayent de paraître sûre d'elle.

— Demain, si l'anesthésiste est d'accord. Tu prendras le créneau réservé aux urgences. Jean-Luc aurait pu le faire aujourd'hui, mais je voulais être certain que tu sois d'accord avec cet acte.

— Très bien. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix. Donc, si j'ai bien compris, vous allez faire de moi une nouvelle femme ?

Taylor s'adresse directement au chirurgien.

Je retrouve la Taylor avec du mordant, celle qui ne peut s'empêcher de pousser les gens dans leurs retranchements, qui attaque pour se protéger et cela me blesse, comme si elle ne me faisait pas confiance. J'admire sa force de caractère en temps normal, mais aujourd'hui j'aimerais qu'elle accepte mon aide.

— Je n'irais pas jusque-là, mon rôle est de tout mettre en œuvre pour que vous puissiez reprendre une vie normale, ainsi que vos activités. Il m'est impossible de vous garantir un retour complet de vos capacités de mouvements, mais je ferais le maximum de mon côté, ensuite ce sera à vous, avec la rééducation, de faire le reste. La douleur, en revanche, ne devrait plus faire partie de votre vie. Au départ, elle sera là, mais elle diminuera avec le temps, si tout se passe comme je le prévois.

— En clair, vous me ressortez votre baratin d'il y a dix minutes. En quoi seriez-vous différent de votre confrère de l'époque ? Parce que clairement ma vie n'est pas celle que je voulais, mais en vous laissant faire, je prends le risque de perdre le peu de mobilité qu'il me reste. Ma vie n'est pas une partie de poker.

Taylor sort les griffes, sa voix est hargneuse, son corps crispé. Paco nous devance et lui répond :

—La différence, c'est nous. Cette fois, Taylor, tu ne seras pas seule, je resterais pour ta rééducation, et avec Maxence, nous serons là pour te soutenir. On ne te laissera pas tomber.

Un rire mauvais sort de sa gorge avant qu'elle ne réponde.

— Il est hors de question que l'un de vous me voit avant que je ne puisse me resservir de mon bras.

Elle crache ses mots et l'aide-soignante intervient.

— Messieurs, je crois que vous devriez sortir un moment, Taylor a besoin de calme. Je reviendrais vous chercher quand elle sera prête. Il serait aussi préférable que l'anesthésiste vienne la voir ici en consultation, il vaut mieux éviter de trop la mobiliser pour le moment.

Jean-Luc et Paco sortent les premiers, pendant que je tente de capter le regard de Taylor, mais elle me fuit. Alors, je rejoins mon ami dans le couloir, le corps noué de tension et la tête remplie de questions.

Sauve-moi !Where stories live. Discover now