Chapitre 13

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Taylor

J'essaie de me lever pour suivre Max, mais Paco m'en empêche d'un signe de tête. Je ne voulais pas en arriver là... Les larmes me montent aux yeux et mon regard se porte sur mon ami. Amaury m'observe sans comprendre et les mots de Maxence me reviennent en mémoire.

— Tu faisais quoi avec Linda ? Et où as-tu dormi ces derniers jours ?

Je suis au bord de l'hystérie. Je ne supporte pas la distance imposée par Maxence. Je sais que c'est de ma faute, mais je me sens seule et effrayée malgré la présence d'Amaury. Refusant finalement d'écouter ses explications, je me dirige vers la chambre du médecin ; j'ai besoin qu'il me dise que tout va aller. C'est complément contradictoire et en opposition avec tout ce que je ressens, mais j'ai besoin de son contact. De savoir qu'il ne va pas fuir, parce que c'est moi qui dois prendre le large, pas lui.

En sautillant, j'arrive devant sa porte et frappe trois petits coups. Lorsque Paco m'ouvre, je vois Maxence assis sur son lit. Je m'y dirige timidement et lance :

— Je croyais que c'était ma chambre ou le canapé... Tu as changé d'avis, ce sera la tienne ?

Je ne peux pas m'empêcher de lui lancer une pique. Si mon ton semble léger, intérieurement, je suis terrorisée. J'ai peur de son refus, peur qu'il me rejette comme Stéphane l'a fait, même si les circonstances sont différentes. J'ai peur de l'abandon. Je n'ose pas affronter son regard lorsqu'il me répond :

— Pourquoi tu n'es pas restée avec Amaury ?

Sa voix est sévère, remplie de reproches. N'ayant pas la force de me battre contre lui, je tente de me relever et de fuir cette pièce. Je ne pourrais pas contenir mon chagrin plus longtemps.

Alors que je pose mon pied par terre, sa main me retient. Je tombe et me retrouve dans ses bras, en sécurité. Ce contact brise mes barrières déjà fissurées. Les larmes coulent et je suis secouée de sanglots incontrôlables. Mes peurs ressurgissent, mes propos sont incohérents. Tout se bouscule et plus rien n'a de sens.

— Ne me laisse pas, je ne veux plus être toute seule. Je sais que je n'ai pas été gentille aujourd'hui, mais je ne supporte pas les murs blancs de l'hôpital et puis, en plus, tu étais trop attirant dans ta tenue de travail, et tu dégages un truc trop sexy. Toutes les infirmières bavaient devant toi, même Hélène t'a trouvé attirant. Ce n'est pas Amaury qui doit me surveiller cette nuit, tu as dit que ce serait toi. Je ne veux pas d'Amaury, il ressemble trop à son frère. Il ne veut pas comprendre. Ne me laisse pas...

Il ne répond rien, mais ressert son étreinte. La position est douloureuse pour mon épaule, mais je m'en fiche. Quand des mains tentent de m'installer autrement, je me crispe et m'accroche encore plus fort.

— Taylor, Max ne va pas te laisser. En revanche, tu as besoin d'être installée correctement. Laisse-moi faire, d'accord ?

La voix de Paco est rassurante, alors je le laisse faire. Je suis épuisée de ma journée, de me battre contre mes émotions, mes sentiments, contre la vie tout simplement.

Ici, dans ce lit qui sent l'homme, je lâche prise et somnole.

— Si tu as encore des doutes, moi je n'en ai plus. Ce n'est pas toi en tant que praticien qu'elle réfute, c'est sa blessure qu'elle protège. Elle a beaucoup souffert, trop. Elle doit accepter de se faire opérer et soigner. Je lui....

Je n'entends pas la fin de la phrase de Paco, le sommeil m'emporte.

À demi-consciente, je sens un corps près de moi, des coussins un peu partout autour de nous. Et surtout un matelas beaucoup plus confortable que le clic clac de mon frère. Après un temps de réflexion et une grande inspiration, la journée de la veille me revient en mémoire. Doucement, j'ouvre un œil et découvre Max en train de me fixer. La vache, je suis encore sous l'effet des médocs ou quoi ? Je lui trouve un charme fou au réveil.

— Bonjour, comment te sens-tu ?

— Joker ?

— Non, je veux une vraie réponse. Tu as mal quelque part, faim ?

Je m'apprête à répondre quand des petits coups sont donnés contre la porte. Paco rentre sur la pointe des pieds, un plateau dans les mains. Je me sens encore plus mal d'avoir l'attention de ces deux hommes. N'osant pas bouger de peur de réveiller mon corps, je leur offre tout de même un sourire timide.

— Tu es devenue muette pendant la nuit ? me taquine Paco.

— Je me sens surtout très cruche, je n'ai pas pour habitude de faire dans le mélodramatique et de me faire servir, je ne suis...

— Pas une princesse, me coupe Max, tu nous l'as déjà expliqué hier.

Sauve-moi !Where stories live. Discover now