Chapitre 19

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Taylor

J'ai l'impression d'être dans un trou noir...

Ouvrant les yeux en sursaut, je ne reconnais pas l'endroit. Très vite, une femme s'approche de moi pour me rassurer.

« Maxence, je veux voir Maxence ! Il m'a promis qu'il serait là à mon réveil. J'ai besoin de le voir ! »

Ce mantra tourne en boucle dans ma tête. Quand enfin j'arrive à m'exprimer, la jeune femme m'explique que le médecin lui a demandé de l'appeler dès mon réveil, parce qu'il a dû se rendre aux urgences.

L'infirmière me prête son téléphone et je tiens sûrement des propos incohérents à Max, car la seule chose que je comprends c'est que Paco devrait bientôt arriver. Après mon appel, je sens mon corps se relâcher et mes paupières se refermer.

Une main presse la mienne, une voix me parle, elle semble lointaine. Doucement, je rouvre les yeux.

Le décor a encore changé, je suis de retour dans ma chambre d'hôpital. Paco se tient près de moi et me sourit.

— Bon retour parmi nous. J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais. Tu es sûre de ne pas être une princesse ? Max a dû retourner bosser, je vais le prévenir que ta sieste est finie.

— Non, laisse-le travailler, je ne veux pas le déranger davantage.

Ma voix est faible, et mon esprit lui n'a qu'une envie : voir l'homme qui m'a fait une promesse un peu plus tôt.

— Si je ne l'appelle pas immédiatement, c'est Peggy qui va le faire. Et ils seraient capable de se liguer contre moi pour me faire vivre un enfer. Cette femme est un vrai pitbull.

Sa remarque me fait sourire. Il est vrai que Peggy est une personne entière et qu'elle ne se laisse pas intimider facilement. Je suis surprise qu'elle s'entende si bien avec Maxence, alors qu'elle ne pouvait pas voir Stéphane à l'époque, d'ailleurs que penserait-il de cette opération ?

Mes pensées sont complétement désordonnées et j'ai du mal à les rassemblées.

Des coups donnés contre la porte me sortent de mes pensées, tandis que mon cœur s'affole dans l'espoir de revoir mon médecin, celui à qui j'ai quémandé un baiser. Qu'est-ce qui m'a pris de lui demander cela ? C'était comme dans un rêve.

Mon organe vital se met à battre plus vite qu'il ne le devrait non pas parce que Maxence entre, mais que Stéphane le fait à sa place. Mon pire cauchemar est de retour.

Que fait-il ici ? En France ? Dans l'hôpital où je me trouve ?

Sous le regard meurtrier de Paco, l'intrus avance doucement vers moi. J'ai envie de lui crier ma haine et mon dégoût, mais je suis trop shootée pour ça. Impuissante, je ne peux que l'observer s'approcher du lit, mais réussi à refuser son touché et de prendre la parole la première.

Au moment où il s'apprête à parler, la porte s'ouvre sur Maxence. Mon rythme cardiaque s'affole de nouveau. Je vais faire exploser le moniteur si cela continue. Comme pour confirmer ma pensée, ce dernier me trahi en s'affolant lui aussi. Le bruit augmente mon angoisse.

Après un temps d'arrêt, ainsi qu'un regard pour Paco, Max avance enfin vers moi. En mode médecin, il semble froid et distant, ses promesses oubliées. Bien décidée à ne pas me laisser faire, ni par l'un ni par l'autre, j'ignore Stéphane et me concentre sur mon colocataire.

— Je croyais que tu devais me réveiller d'un baiser.

Le principal concerné ne répond rien, la tête toujours au-dessus de ce qui doit être mon dossier médical.

Encore une fois, le kiné prend la défense de son ami.

— Tu ne peux pas avoir le baiser pour t'endormir et celui pour te réveiller, je te rappelle que tu n'es pas une vraie princesse. D'ailleurs, ton prénom n'est même pas celui d'une grande dame. J'ai cherché un personnage qui pourrait te ressembler, mais je n'ai rien trouvé.

Je regarde Paco, dubitative de ses propos, mais décide de laisser tomber. Je veux que Maxence m'embrasse devant Stéphane, qu'il comprenne qu'il n'a plus sa place dans ma vie, que malgré tout ce qu'il a pu dire ou penser, je ne suis pas restée seule, qu'un autre homme que lui m'a accepter avec mes fêlures.

— J'attends mon baiser, Maxence. Quant à toi, dis-je en me tournant vers Paco, je te répondrais quand j'aurais eu mon baiser. Il y a une princesse qui pourrait me ressembler même si on ne porte pas le même prénom et sinon je sais exactement quel personnage je pourrais être, à défaut d'être une demoiselle détresse.

Je fanfaronne mais je n'oublie pas mon objectif principal, alors j'insiste :

— Maxence ?

Enfin je lui fais relever la tête. Nos regards se croisent, s'ancrent, il s'approche de moi, toujours aussi concentré, et pose délicatement ses lèvres sur les miennes.

De mon bras valide, je le retiens et lui murmure :

— Merci d'être là.

Enfin la machine se calme, ma respiration s'apaise.

Sans le lâcher, je me tourne vers Paco et poursuit :

— Alors, mon cher, il va falloir revoir ta culture cinématographique. Dans le genre je ne suis pas une véritable princesse, il y a Tania, qui embrasse une grenouille et se retrouve dans le Bayou à chercher comment redevenir humaine. Elle fait tout pour réaliser son rêve, même s'il est différent des attentes qu'ont les gens qui l'entourent. Et moi, bien sûr, je serais Hadès dans Hercule, le roi des enfers avec sa sublime flammèche et ses deux sbires : Pen et Panique. Toi, je te verrais bien en Philoctète, le satyre qui entraine Hercule, parce qu'après tout c'est toi qui vas me remettre sur pied ou sur épaule, je sais pas comment on dit. De plus, vous avez le même humour pourri. Seulement, tu es un peu plus sexy que lui, mais moins que Maxence, lui c'est le plus bel homme sur terre.

Sentant que je commence à délirer sous l'effet des anti-douleurs, je m'adresse de nouveau à Maxence :

— Mon chéri, tu pourrais baisser un peu le dosage des médicaments ? Parce que je pense que d'ici la fin de la journée je vais voir des éléphants roses ou tous les personnages de dessins animés ou de séries télé que j'adore. Quoique si Damon Salvatore venait me faire un coucou, je ne serais pas contre. En tout bien tout honneur bien sûr. Tu es le seul qui compte.

Oh la vache, je ne sais pas ce qu'ils m'ont injecté pour que je ne souffre pas, mais c'est carrément efficace ! Je plane total. Je ne suis d'ailleurs pas certaine de savoir si j'ai vraiment vécu cette discussion ou si elle est le fruit de mon imagination.

— Je pense que tu as besoin de dormir, on parlera demain de ta rééducation.

C'est encore la voix de Paco que j'entends à travers la brume épaisse du sommeil. Il commence sérieusement à me gonfler Jiminy Criquet.

Sauve-moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant