-• ᴄʜᴀᴘᴛᴇʀ 3

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2 jours sont passés, la fin du weekend est là, est la vie de tous les jours doit reprendre son cours. Tout doit reprendre son cours normalement, comme si j'en étais apte. Trop de choses se passent : la fin de notre relation suivie de son départ, mon appartement vide sans lui mais aussi cette rencontre avec le fameux jeune homme au sweat violet. Dans ma tête c'est un vrai brouillard, les questions que je me pose en rencontrent d'autres et les réponses sont de plus en plus lointaines.
En marchant pour aller à mon lieu de travail, mon cerveau fait les 100 pas, je manque de percuter plusieurs personnes lors de ma marche.
J'arrive enfin à ce cher bâtiment à l'esthétique de restaurant italien, baroque, doré et vert où les gens qui se vantent que ce sont les meilleurs plats italiens que l'on peut trouver ici.
Je reste un petit moment devant la porte d'entrée, et soupire : c'est là qu' on s'était rencontrés. Je n'ai pas envie; si je pouvais rester devant sans entrée ou même faire demi-tour, je le ferai sans hésiter. Puis je me rappelle qu'un loyer à payer ne se fait pas sans rien faire.
J'avance, je pousse la porte du restaurant, prête à le voir, lui, mais par surprise c'est ma collègue Rosalie qui me saute dessus !
- « Bah alors ma belle, le réveil a été dur ce matin ? »
Me sors-t-elle avec un joyeux sourire. Je parviens à lui répondre avec cette phrase :
- « Oh y'a pas que le réveil qui a été dur. J'ai raté quelque chose ? »,
Je me dirige vers la porte où les écritures en gros et rouge signalent le mot PRIVÉ, je pose mes affaires dans mon casier, me change et Rosalie ne m'a pas quitté.
- « Tu as raté une réunion avec le personnel et le patron. »
- « Ah bon ? Et il s'est passé quoi ? »
Je me doute de ce qu'il s'est passé mais je m'efforce de paraître neutre et ne fais mine de rien. Après tout, on a dit qu' on devait reprendre une vie normale non ? Alors autant paraître la plus normale possible en apparence sachant qu'à l'intérieur tout est loin de ce que le mot normal pourrait décrire.
- « Eh bien, on a eu un discours et puis on a eu la lettre de démission de S- »
Je la coupe nette.
- « Non. S'il te plait, ne prononce pas son nom »
Rien qu'entendre son initiale, les larmes sont déjà prêtes à couler. Rosalie me regarde un peu choquée par mon geste mais finit par comprendre.
- « Oh, alors ça y est. Vous avez franchi le pas »
J'ai envie de mourir, intérieurement je me décompose, je n'arrive même pas à la regarder dans les yeux. Je me tourne et laisse les premières larmes couler sur mes joues. Je ne sais pas ce que je veux ; le fait que j'avais l'espoir qu'en nous voyant, en travaillant ensemble on aurait pu remettre en question notre choix et faire marche arrière, ou de plus du tout le voir ce qui devrait me soulager. Mes démons prennent le dessus sur moi et me font ressentir de la solitude, de savoir qu'il a démissionné, il m'a encore abandonné, encore une fois. Une nouvelle fois, je me retrouve seule.
Rosalie pose ses bras autour de moi, me prend dans son étreinte et essaye de me calmer du mieux qu'elle peut ;
- « Shh, ça va aller ma belle. Je suis là, je vais te remettre sur pieds. Moi je ne te lâche pas »,
Je viens serrer ses mains qui sont sur moi, et me laisse complètement craquer, les larmes sont trop douloureuses pour que je les retiennent.
***
La journée fut longue, je n'avais qu'une hâte c'est que l'horloge affiche 18h pour que le service du soir commence et que je puisse partir. Mais je ne veux toujours pas rentrer, la boule au ventre de me retrouver dans cet endroit, toujours le même, toujours avec la même et unique présence : la mienne.
18 heures, ça y est je suis libérée. Je retourne dans ce même endroit toujours signalé par les écritures en gros et rouges marquant PRIVÉ, je quitte mon uniforme de travail et le range dans mon casier où les derniers souvenirs de lui et moi ont été arrachés. Seuls quelques bouts vides de papier blanc restent encore bloqués dans les recoins de la porte.
Un dernier petit sourire de la part de Rosalie et je quitte ce lieu que je redoutais tant le matin même.
Dehors, les jours se rallongent, la nuit se fait désirer mais j'ai le droit aux belles couleurs que le ciel et les lumières du soleil, qui part gentiment se cacher pour laisser place à la belle lune qui viendra encore bercer mes pleurs ce soir.
Je traîne le pas, moins vite je serai arrivée chez moi, mieux je me porterai. J'y suis presque mais je ralentis encore le pas. Pitié, quand est-ce que cela va s'arrêter ?
J'arrive au niveau de la boutique de Mr Lee.
Je ne sais comment l'expliquer. Normalement je continuerai ma démarche aussi lente qu'une tortue pour rentrer, mais là, mes pensées auraient-elles pris le dessus sur mes actions ?
Je me surprends à lever mes yeux qui avaient fixé le sol tout le long de mon trajet, je tourne la tête et cherche du regard quelqu'un.
Quelqu'un de particulier, en effet.
Mon regard le cherche.
Lui.
L'inconnu au sweat violet.
Mais pourquoi ?
J'imagine qu'il serait là, posé à une table, peut-être en train de manger ou bien de discuter avec Mr Lee ?
Ça y est, mon cerveau retourne dans le brouillard quand une pensée lui fait irruption.
Mais qu'est-ce qui se passe avec moi ?

[by Cath']

𝙀𝙖𝙘𝙝 𝙊𝙩𝙝𝙚𝙧'𝙨 𝙑𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙨. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant