-• ᴄʜᴀᴘᴛᴇʀ 18

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Les secondes à me débattre face à lui en me vidant de mes larmes paraissent si longues, j'ai l'impression que ce n'est que lui et moi dans une cage invisible et que personne ne nous voit. Personne ne viendra m'aider. L'air se fait rare dans mes poumons, le peu de force que j'avais se fait inexistante et mon corps commence à me lâcher. Je n'y arrive plus. Je n'y suis jamais arrivée devant lui de toute façon alors je ne sais même pas pourquoi je continue de me battre face à lui.

Je ne me débats plus, mes bras tombent par manque de force, mes yeux se ferment par manque d'énergie. Il aura gagné, comme à chaque fois, et il retrouvera à nouveau mon corps affaibli par sa force. Je lâche un dernier soupir pour essayer de conserver le peu d'air que j'ai en moi. Je suis de retour là où je voulais que l'ancienne Sélina reste. Mon dernier soupir sera le dernier appel à l'aide que je lancerai.

Je me sens légère, je ne sens plus son poids sur mon corps faible. Je ne le sens plus pleurer dans le creux de mon cou mais les larmes coulent encore. C'est comme si mon appel à l'aide a été entendu et qu'on est venu m'accorder mon dernier souffle. Je me sens libre.

C'est en réalité en entendant l'énorme bruit du corps tombant au sol de celui qui m'étouffait il y a quelques secondes que j'ai ouvert les yeux. Mon corps tremblant, je prends conscience de ce qu'il se passe : je vois deux hommes, un au sol avec ce qu'il semblerait être un nez en sang se recroquevillant sur lui-même, se plaignant de douleur, et un deuxième le surplombant le poing fermé et rouge peut-être du coup qu'il vient de donner à l'autre.

« Ose la toucher une nouvelle fois et je n'hésiterai pas à te casser la gueule ! »

Dans un choc, je réalise que, la voix qui vient de crier ces mots à la personne au sol, je la connais. C'est celle que j'ai laissé il y a quelques minutes toute souriante en lui offrant le plus doux des gestes. Mais cette fois-ci le ton de sa voix est différent, différent de quand elle est avec moi. Elle est plus rauque, plus grave, plus sèche et imprégnée de colère.

Le corps au sol se redresse en tenant son nez d'une main, c'est en regardant l'homme dressé devant lui qu'il finira par parler :

« Bordel mec, va gérer les disputes d'enfants ailleurs. Ici c'est une discussion entre adultes »

Celui que je peux considérer comme m'ayant sauvé la vie vient lâcher un ricanement puis s'arrête un instant avant de lui répondre :

« Comporte toi en adulte alors. Et quitte ce palier digne du piteux adulte que tu es »

Je n'ai pas bougé, toute cette scène qui se déroule devant moi est beaucoup trop à gérer pour mon simple corps faible. Je n'arrive même pas à bouger, c'est comme si tout était figé autour de moi et à l'intérieur de moi, mes yeux n'arrivent même pas à décrocher de ce qu'il se passe devant moi. Je pourrai rendre jalouse n'importe quelle statue dans un musée par mon talent d'immobilité.

Soudainement, l'homme en sang qui était au sol se relève avec l'assurance d'être prêt à en découdre, mais celle-ci se coupe net quand il réalise que la différence de gabarit n'est pas à son avantage. J'avais remarqué que le corps de l'homme qui se tient devant moi appartenait à un certain gabarit depuis que je l'ai vu sans tissu sur le corps dans le même appartement dont la porte est bloquée par la même scène qui se déroule depuis maintenant une bonne heure, mais je n'avais jamais remarqué la différence lorsqu'il se tient à côté d'autres personnes. L'homme en face lui finit par laisser tomber et, avec un soupir lâche, finit par partir tout en donnant un coup d'épaule dans l'autre homme qui viendra seulement bouger de quelques centimètres.

« J'espère pour toi que je ne te croiserai pas de nouveau mec ! »

Ça sera les derniers mots de l'homme quittant les lieux alors que c'était le premier présent sur cette scène qui m'a glacé le sang. Un silence s'installe, et la personne qui est venu me libérer d'un lourd poids juste avant se retourne. Je le vois enfin, son visage est crispé, froid et ses sourcils bas sont froncés. Mais une fois qu'il a posé ses yeux sur moi, tout change : ses sourcils se relâchent, son corps se détend et l'inquiétude se lit sur son visage. Il veut me prendre dans ses bras, je le sens mais après l'expérience que j'ai vécue je le vois se retenir de venir me prendre dans son étreinte ; il ne veut pas me blesser plus que que je ne le suis déjà. Alors, je sens ses doigts venir s'entrelacer dans les miens, ma main réagit automatiquement au contact de la sienne et vient la prendre. Son pouce vient doucement caresser le dos de ma main mais je n'arrive toujours pas à bouger, j'ai l'impression que la force de celui qui m'étouffait est encore présente et me bloque de tout mouvement, de toute réaction.

« Je n'ai pas reçu ton message habituel, je me suis inquiété. Ça va aller Sélina ? »

Je l'ai inquiété, une nouvelle fois. Une partie de moi se déteste pour l'avoir fait s'inquiéter pour moi. Quelle personne aussi égoïste provoque autant d'inquiétude à celle qu'elle apprécie ? Au fond de moi, j'ai envie de m'infliger de la douleur : il n'a pas à subir cela à cause de mes blessures. Je devrais être capable de pouvoir gérer tout ça mais, à croire que sans lui, je n'y arrive pas. Mon regard encore larmoyant se pose sur lui. Je ne peux rien faire. Parler ou même bouger m'est impossible. Je l'entends soupirer puis il vient répéter un geste qui m'avait pourtant dégoûté il y a de ça quelques minutes. Toutefois, son geste est rempli de douceur et tendresse : sa main vient se poser sur ma joue et la caresser. Je suis tellement faible et il le ressent.

« Dis-moi ce que tu veux que je fasse Sélina : tu veux que je reste ou que je parte ? »

Ma main vient serrer la sienne, je dois le laisser partir, il a trop vu de ces facettes immondes de ma personne et je ne veux pas le voir souffrir. Mais de le voir avec moi, me tenant la main, dans ce moment de faiblesse, est survenu contre mon gré mais il est là pour me tenir la main. Encore une fois il est venu en sauveur. Il ne peut pas continuer à me sauver ainsi tout le temps, c'est pour cela que je dois le laisser partir. Mais je n'y arrive pas, quelque chose en moi crie de l'avoir avec moi, quelque chose à l'intérieur de moi n'arrive pas à le laisser partir, mon âme ne veut que lui et la chose qu'il m'apporte au quotidien dont je ne sais encore l'origine. En réalité, je sais ce que c'est mais le déni est si fort pour ne pas laisser la souffrance prendre part de sa personne. Je tais mon déni, et cette fois je laisse mon cœur lui parler :

« Changkyun...s'il te plaît, reste. ».

[by Cath']

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⏰ Last updated: May 10 ⏰

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