-• ᴄʜᴀᴘᴛᴇʀ 17

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Quelques semaines ont défilé, Changkyun et moi sommes devenus de plus en plus proches. Ce qui était à la base une simple habitude de se rejoindre à notre endroit est maintenant devenu une routine. Il y a eu des semaines où tous les soirs nous nous y retrouvions, puis il y a eu des semaines où il venait juste me chercher au boulot après mes services tardifs du soir. Il me disait que ça le rassurait de me raccompagner chez moi, je lui répondais que j'aimais avoir sa compagnie pour finir la longue et dure journée que j'avais entamé. La vérité : on se mentait. C'était le mensonge que nous nous disions pour nous protéger mutuellement, inconsciemment, car on sentait où notre histoire allait nous mener. Nos âmes se réclamaient. La mienne réclamait la sienne qui venait réparer des plaies dont elle ignorait l'existence.

Il ne passait pas un jour où je ne le voyais pas, où je n'avais pas une pensée pour lui, où je n'avais pas un message venant de sa part car, depuis peu, nous avons décidé de s'échanger nos contacts. En réalité, c'est lui qui a pris l'initiative de le faire ; quand il me raccompagne seulement après le boulot, il me dépose juste en bas de chez moi et attends que je lui envoie un message en lui disant que je suis bien rentrée pour qu'il puisse partir après. Après ma crise de la soirée de la fête du Printemps de Mr Lee, il me garde sous surveillance, au cas où une autre viendrait à la surface. C'est sa manière de me montrer que je suis safe avec lui et puis comme il l'a dit lui-même : « Demande moi de partir et je le ferai. Demande-moi de rester et je le ferai ». Et pour l'instant il reste. Mon envie de lui demander de partir est encore présente mais moins qu'avant. Je commence à réaliser que je veux qu'il reste. Mon cœur veut qu'il reste. Mon âme veut qu'il reste.

***

A l'issue d'une soirée assez fatigante au travail, comme à son habitude, Changkyun me ramène chez moi. Le trajet est assez paisible, il me demande comment ça s'est passé, on rigole de petites choses et on parle de tout et de rien. L'ambiance est telle que je ne me soucie de rien, c'est doux, apaisant et confortable. Je sens que je n'aurais pas à aller dormir le cœur lourd car il est venu l'apaiser, une nouvelle fois.

La figure de mon grand immeuble se montre, mon cœur se serre à l'idée de me séparer de lui. Je le remercie de m'avoir ramené chez moi puis comme à son habitude il vient me gronder d'une douce manière en me demandant d'arrêter de le remercier et que ça le rassure. Je ricane doucement, puis d'un geste incontrôlé je me penche et lui laisse un doux bisou sur sa joue. Je le sens surpris de mon geste, au vu de son léger sursaut, mais il finit par m'offrir son doux sourire qu'il sait que j'aime tant et je lui réponds avec le mien.

Je descends de la voiture, me dirige vers ma grande porte d'entrée pour taper mon code puis en jetant un dernier regard à sa voiture en constatant qu'il a descendu la vitre pour qu'il puisse me voir rentrer, je franchis cette vieille et lourde porte.

Je monte mes escaliers mon téléphone en mains, prête à envoyer à Changkyun que je suis dans mon appartement, souriante en pensant au geste courageux que j'ai eu il y a quelques secondes.

En relevant ma tête, mon sourire s'éteint aussi rapidement qu'il était venu. Mes pas s'arrêtent de marcher et mon corps se freeze.

« Bonsoir Sélina »

Mon humeur joyeuse qui remplissait l'entièreté de mon corps a été remplacée aussi vite par une humeur froide, de colère et de dégoût. Le voir se tenir contre ma porte d'un air confiant, pratiquement le sourire en coin me répugne plus au point. Son existence avait pratiquement réussi à disparaître de mon esprit mais les cicatrices qu'il a laissées, elles, étaient encore là ; les mêmes que Changkyun était inconsciemment en train de soigner...Ces cicatrices viennent de se rouvrir entièrement à la seconde où mes yeux se sont posés sur lui. La personne qui est la raison pour laquelle mon cœur s'est refroidi, celle pour laquelle je ne fais plus confiance à personne, la raison pour laquelle la solitude a été la seule compagnie que j'avais car il est abandonné. Il est parti en laissant mon être en miettes et aucune dose d'empathie de sa part n'est venu se soucier dans quel état il me laissait.

𝙀𝙖𝙘𝙝 𝙊𝙩𝙝𝙚𝙧'𝙨 𝙑𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙨. Where stories live. Discover now