-• ᴄʜᴀᴘᴛᴇʀ 11

15 1 2
                                    

On aurait pu donner raison à Monsieur Lee et à ses paroles. Les jours qui ont suivi, Changkyun et moi commencions à nous fréquenter de plus en plus. Au début, c'était uniquement quand on se croisait dans cette boutique qui a été maître de notre rencontre. Puis, petit à petit, nos rencontres se faisaient de plus en plus fréquentes : il me raccompagnait chez moi dès lors que je m'arrêtais devant la boutique. Puis nous avons senti que ce n'était pas suffisant, nous sommes venus répéter une deuxième fois le même schéma de notre première sortie nocturne, puis nous sommes venus la répéter une troisième fois jusqu'à ce que cela devienne un rituel dans nos quotidiens.
On ne se prenait pas la tête, on vivait les moments ensembles, on en profitait comme si c'était une sorte de souffle d'air que la vie nous accordait, une pause dans nos journées mouvementées, un break de nos histoires mutuelles, un court instant où mes démons ne prenaient plus de place en moi.
On ne s'est jamais posé la question de ce qu' on était : amis ? Connaissances ? Je ne savais pas si on craignait la réponse de l'autre ou tout simplement que cela nous apportait peu et que on profitait seulement de la présence de l'autre.
Rendez-vous après rendez-vous, des parties de nous se dévoilaient ; il a su pour mon travail au restaurant et il m'a dévoilé être un artiste, en particulier dans la musique, il produit et écrit ses propres chansons. Il n'a vraiment pas eu le courage de les publier au grand public. Il m'a expliqué qu'il préférait attendre le bon moment et la bonne chanson pour montrer sa personne en tant que musicien aux yeux de tous. Je le trouvais de plus en plus fascinant.
Je pensais qu'on était si différent, mais petit à petit je me rendis compte que beaucoup de choses nous rassemblaient et pas forcément les plus beaux aspects de nos personnes. Il était dur envers lui-même pour ses chansons ; je l'étais envers moi-même pour satisfaire tout le monde. Il a dû mal à faire confiance aux gens ; je n'accorde la mienne que très rarement. Il avait peur de l'amour ; j'ai été blessée par l'amour. Des personnalités pourtant si différentes mais qui se rapprochaient tels des aimants.
Pour moi, je le voyais comme un pansement, j'avais besoin de lui sans que je m'en rende compte, il était devenu cette personne, cet être qui lentement venait me réconforter. Mon cœur s'apaisait de vivre, je me sentais de moins en moins anxieuse à chaque fois que j'ouvrais les yeux le matin. Je me sentais légère et rassurée de savoir que le soir où j'irai le retrouver sur le même unique parking qui était devenu le nôtre, notre point de repère, ce réconfort qui viendrait me donner cet instant de douceur et tendresse dans ma vie encore mouvementée.
Je ne réalisais pas encore à ce moment-là, à vrai dire je n'y prêtais pas attention. Ces moments-là avec lui me faisaient tellement du bien que j'en profitais à ma manière sans que je me pose les multiples questions qui étaient devenues ma routine. Mais nous nous guérissons mutuellement. Il ne m'a jamais fait part de ses parties sombres, comme je ne lui ai jamais fait part des miennes également. Mais comme on dit souvent : les yeux parlent pour nous. On le voyait, on le sentait, nous étions brisés et la présence de l'un et de l'autre soignait petites blessures par petites blessures. Je me laissais aller avec lui, doucement mon masque tombait et la vraie moi venait nous rendre visite de temps à autre. Quant à lui, je le voyais faire disparaître cette personne froide qu'il donne au premier abord, il devenait plus souriant, plus taquin et plus tactile. J'ai commencé à remarquer la beauté qui remplit son être quand je le voyais sourire ou rigoler et que ses deux merveilleuses fossettes sur le côté de sa bouche apparaissaient. Elles étaient toutes mignonnes et terriblement douces. Sans que nous nous le disions, le fait que nous partagions le même love language se faisait remarquer, les contacts physiques étaient subtils au début puis ils sont devenus de plus en plus courants et de plus en plus démonstratifs: commencer par un léger effleurement de la main à venir passer son bras autour de moi quand nous regardions le coucher de soleil sur notre parking, notre lieu de réconfort.
Sa voix devenait comme une sorte de mélodie à mes oreilles, elle venait danser dans le creux de mes oreilles dès lors que nous parlions de tout et de rien. Elle était à la fois rauque et réconfortante. Jours après jours, je me languissais de l'entendre sur une piste audio avec une mélodie en fond.
Je découvrais chaque aspect de lui et de sa personne, sans mentir, je devenais de plus en plus attaché à lui. Je ne dirai pas que je voulais être à lui, je m'étais d'ailleurs mis en tête qu'il avait quelqu'un dans sa vie ou que je n'étais pas son style, que j'étais juste son échappatoire. Comme il l'était à mes yeux, à vrai dire il était plus. Je le voulais à mes côtés autant de temps que je pouvais, avoir son aura rassurante autour de moi, ce qui faisait que je me sentais plus légère, que mon cœur pesait moins lourd au quotidien. Il me soignait mais j'étais encore trop blessée à l'intérieur. Mon cœur faisait le tri de ce qu'il me donnait, je restais fermée aux ouvertures qu'il me proposait. Mon cœur se réchauffait mais n'étais pas encore décongelé. Je me détestais plus au point, même si malgré tout il restait avec moi, je redoutais le moment où la froideur de mon cœur viendrait blesser la chaleur du sien.
[by Cath']

𝙀𝙖𝙘𝙝 𝙊𝙩𝙝𝙚𝙧'𝙨 𝙑𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙨. Kde žijí příběhy. Začni objevovat