-• ᴄʜᴀᴘᴛᴇʀ 13

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Tout est allé si vite, nos mains qui ne sont pas quittées, la sienne vient tirer la mienne et je me sens portée par une force à une telle vitesse que mon corps n'a pas le temps de réagir. Changkyun part d'un pas rapide et assuré et nous fait quitter le lieu où nous étions. On ne court pas mais son pas est tellement rapide que j'ai peine à le suivre derrière, se rajoute à ça ma crise qui ne passe toujours pas.
Je sais où il se dirige, mon appartement, c'est le lieu le plus sûr et le plus proche d'où nous nous trouvons. Malgré mon envie immense de rentrer pour pouvoir me calmer, ma respiration bloquée ne m'aide en rien et j'ai peur de ne pas pouvoir atteindre la destination en question. Changkyun le ressent, mon bras commence à perdre de sa force comme le restant de mon corps. Dans tout ce brouillard, je l'aperçois se retourner vers moi, il a cet air qui dit qu'il est là pour me rassurer :
« Tiens bon Sélina, on est presque arrivés »
Il essaye de tout faire pour me tenir encore debout pour le peu de temps qui nous reste.
On arrive enfin devant l' immense vieille porte de mon immeuble, je dirige mon bras tellement faible du mieux que je peux pour taper le code de la porte pour que celle-ci puisse s'ouvrir. Le grincement vient nous indiquer qu'elle est ouverte et prête à nous laisser entrer. Changkyun ne laisse pas cette courte pause nous ralentir pour autant, il reprend son pas rapide et sûr de lui. Pour aller plus vite, il nous dirige vers l'ascenseur pour éviter de gaspiller du temps précieux en prenant les escaliers. Une fois montés dans la cabine, j'appuie sur le bouton de mon étage, les portes se referment et nous montons. Lui, il ne m'a pas quitté des yeux, toujours main dans la main, il vient faire glisser son pouce sur le dos de ma main pour toujours lui permettre de faire ce geste qui montre qu'il cherche juste à me rassurer. J'essaie de profiter de ce moment calme pour essayer de prendre de grandes aspirations mais c'est tellement dur, l'endroit n'est pas adéquat pour ce genre de crises, je me sentais déjà à l'étroit durant la soirée, mais là, j'ai l'impression qu' on essaye de m'étouffer. Une fois arrivés à l'étage où se situe mon appartement, nous quittons l'ascenseur et nous nous dirigeons vers ma porte d'entrée. J'ai dû mal à trouver mes clés du premier coup et j'ai dû, malheureusement, lâcher la main de celui qui lui ne l'a pas lâché une seconde. Une fois la porte ouverte, je me précipite dedans, jette mes affaires au sol pour me débarrasser du poids que j'ai sur moi et mes muscles finissent par me lâcher.
Je m'écroule au sol, toujours en suffocant et mes larmes ne font que ruisseler sur mes joues. Je n'ai plus aucune force, je n'ai plus de bouclier qui me protège, je suis en état de faiblesse devant la personne à qui je ne souhaitais jamais lui montrer cette facette de moi. Cette même personne, qui après avoir fermé la porte d'entrée, se précipite vers moi. Je tremble tellement que je le ne sens pas saisir mon corps faible avec ses bras ; il vient m'envelopper par derrière pour être sûr que je ne manque pas d'air par devant. Ma vision devient de plus en plus trouble à cause des larmes, j'ai peine à voir le contour de mes fenêtres qui se trouvent devant moi. Soudainement Changkyun défait son étreinte et vient se poser devant, pas trop proche pour que l'air puisse circuler entre nous.
Pendant de longues minutes, il sera le seul à parler car je ne suis pas apte à faire cela.
« Sélina, regarde-moi. Je suis là, je ne pars pas. Tant que tu ne vas pas mieux, je reste là. »
Mes yeux se posent sur lui, j'arrive à apercevoir le contour de sa silhouette, avec un geste réflexe ; ma main vient se poser sur la sienne qui était posée sur sa cuisse, il vient la saisir rapidement et vient la caresser.
« Y'a que nous deux ici, toi et moi. Personne d'autre. Personne d'autre te fera du mal, tant que je suis ici avec toi, je ne laisserai personne te faire du mal »
Sa voix est tellement calme et posée, je me demande comment il fait pour ne pas paniquer devant mon état.
Je le vois prendre de grandes aspirations, et puis il me fait signe de l'imiter, ce que je fais. Avec son autre main libre, il m'indique comment le suivre, et petit à petit mes larmes cessent, j'arrive à suivre sa respiration. Mon corps malheureusement lui tremble encore. Respiration après respiration, celle-ci devient moins saccadée et je commence à retrouver ma respiration normale. Je n'ai pas parlé depuis, il est le seul à formuler les phrases qui m'aident à m'apaiser, je ne sais comment il les trouve et pourquoi cela fait un effet pareil sur moi mais je commence à me sentir en sécurité avec lui.
« Continue comme ça, tu y arrives très bien. Fais-moi encore quelques grandes aspirations, je sais que tu peux le faire. »
Ses yeux n'ont pas quitté les miens, sa main tient toujours la mienne, sa main qui m'indique comment le suivre dans les respirations que j'ai à prendre et ses mots qui viennent me rassurer. Une grande aspiration, puis encore une autre, et encore une autre et une dernière, et je suis de nouveau calme. Ma douleur dans la poitrine diminue pour se faire disparaître petit à petit. Un silence s'installe, nos yeux ne se lâchent plus, il vient me donner son petit sourire qui laisse apparaître ses fossettes que j'aime secrètement. Doucement, il vient lever sa main, vient la poser sur ma joue et à l'aide de son pouce il vient essuyer les dernières larmes qui coulaient :
« C'est bon, c'est fini... »
Son doux sourire apparaît et je sens mon corps lâche prise sous le contact de sa main sur mon visage. Pendant de longues secondes nous restons comme ça, nos regards ne se sont pas quittés un instant, je suis bien. Je suis tellement bien en sa compagnie, de l'avoir avec moi me fait me sentir en sécurité. Il a vu une partie de moi que je ne voulais pas lui faire connaître mais il l'a quand même accepté. Sans rien dire. Sans fuir. Il a réussi à contrôler une de mes crises qui d'habitude mettait plus de temps à redescendre. Il a réussi à me faire sentir valide avec mes parties d'ombres. D'un geste irréfléchi, je lâche ma main dans la sienne et me jette à son cou en roulant mes bras autour de lui. Son corps sursaute face à mon geste, mais naturellement il vient passer ses bras autour de ma taille pour me prendre entièrement dans son étreinte.
« Merci Changkyun. »
Je parle enfin, sans ma voix saccadée de sanglots, sans ma respiration bloquée, juste fatiguée de cette épreuve. Il vient me serrer plus fort, plonge sa tête dans le creux de mon cou.
Je ne remarque que maintenant à quel point ses bras sont confortables. Malgré les nombreux contacts physiques que nous avons vu ces derniers mois, jamais nous n'avons eu l'occasion ou le courage de se prendre mutuellement dans les bras. Et mon dieu, pourquoi je n'ai pas goûté à ça plutôt ? C'est tellement agréable, ses muscles me serrent fort mais sans m'étouffer, il sent que je suis encore fragilisé par ce qui vient de se passer et il ne veut pas me faire plus de mal que ce que je viens de subir. Je me laisse bercer dans ses bras, pendant de longues secondes on reste comme ça, sa main vient caresser mon dos, mes yeux se ferment pour profiter de ce doux moment qu'il m'offre, je suis épuisée mais à la fois je suis tellement à l'aise dans ses bras. C'est comme si je venais de trouver l'endroit de réconfort dont je me battais tous les jours à trouver.
Par un geste lent, je me redresse, ses bras se desserrent autour de ma taille, je me redresse pour lui faire face.
Je ne sais comment expliquer ce qui se passe. Nos yeux ont eu l'habitude de se voir et de se croiser mais là c'est différent. Quelque chose se passe entre lui et moi, ses yeux brillent de mille feux et sont doux à la fois. Je n'arrive à décrocher son regard, mes yeux sont plongés dans les siens. On a l'impression que nos âmes se retrouvent à travers nos regards, qu'ils étaient faits pour se regarder, se voir, se croiser, examiner chaque partie de l'autre aux moindres détails pour se rendre compte qu'au final on les connait déjà.
Lentement, ses mains viennent s'enlever de ma taille et glissent le long de mon buste pour terminer leur route sur mes joues. Chaque côté de mes joues sont maintenues par ses mains. Ses paumes sont d'une chaleur réconfortante, il vient glisser ses pouces le long du haut de mes joues pour venir finir d'essuyer le reste de mes larmes qui avaient coulées.
Mon regard est fixé sur lui, son visage que je prends le temps d'admirer à chaque recoin. C'est la première fois que je le vois d'aussi près depuis que je l'ai croisé dans cette boutique. Il est magnifique. Son apparence autrefois froide n'est plus présente et laisse place à une aura douce et enfantine.
« Changkyun... »
Alors que j'appelle son prénom, ses yeux se fixent à nouveau sur les miens après qu'il les ai quittés pour prendre le temps d'essuyer les dernières parties humides de mon visage. Son regard change et je peux lire le questionnement sur sa tête.
« Ne m'abandonne pas, s'il te plaît. »
Ma voix est désespérée, presque comme un cri de détresse. Mon corps s'effondre sur lui-même comme s'il voulait lui montrer la faiblesse que je ressens.
Changkyun me sourit, ce sourire qui laisse apparaître une nouvelle fois ses fausettes et dont je ne réalise pas encore, mais me fait tomber pour lui un peu plus. Mon visage toujours dans ses mains. Il le saisi et vient coller son front sur le miens.
« Temps que tu as besoin de moi, je reste là. »

𝙀𝙖𝙘𝙝 𝙊𝙩𝙝𝙚𝙧'𝙨 𝙑𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙨. Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang