-• ᴄʜᴀᴘᴛᴇʀ 8

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Mon dieu c'est réel. Je ne suis pas en train de rêver. Ma main se serre dans la sienne, c'est à ce moment-là que je réalise enfin, il est bien là.
Ce n'est pas un rêve lucide mais bel et bien la réalité.
Il vient resserrer ses doigts dans les miens, je le vois me donner un petit sourire timide mais son regard est rempli d'autre chose. Ses pupilles sont illuminées, comme si des milliers de petites étoiles étaient venues se poser dans la profondeur de ses yeux. Mes yeux se perdent dans les siens et je n'ose faire quoi que ce soit.
Délicatement, il me tire vers lui et je me laisse guider vers sa voiture qui n'a pas bougé. Je ne sais comment l'expliquer, mon corps n'agis plus de lui-même, mon esprit est tout chamboulé et je n'ai encore prononcé aucun mot depuis le moment où j'ai décrochée l'interphone dans mon appartement si vide que je n'aurais espérer quitter si soudainement en suivant juste cette voix si rauque qui a l'air pourtant si chaleureuse.
D'un geste gentleman, il ouvre la portière passagère devant moi, me fait signe de monter en toute tranquillité, je me glisse dedans et ne le quitte plus des yeux. Il referme la portière, fait le tour par le côté avant et finit par se mettre à sa place devant le volant. Une fois installé, nos regards se croisent une nouvelle fois, il me redonne le petit sourire timide que j'ai eu droit au moment où il a pris ma main.
Il pose sa main sur le volant, puis me regarde d'un air curieux ;
« Où est-ce que l'âme vagabonde aimerait aller? »
Il attend ma réponse avec un petit sourire en coin, mais j'ai l'impression que lui parler est impossible. Il a pourtant entendu plusieurs fois le son de ma voix, mais je ne sais pourquoi j'aurais peur qu'il ne la supporte plus.
Je n'arrive pas à faire face à ce que je ressens, sans me contrôler je lui offre un sourire timide mais rempli de tendresse.
Merde. J'ai baissé les armes. Non, il ne faut pas ! Allez ma belle, remet ton armure ! Ne craque pas au premier venu comme ça !
J'aimerai me ressaisir, mais l'ambiance dans la voiture, entre nous deux, me dit de me laisser plonger et de goûter à ce que cette aventure pourrait me faire découvrir.
Toujours avec mon petit sourire qui n'arrive pas à se défaire de mon visage, je lui réponds ;
« Là où la nuit ne s'arrête jamais. »
En penchant la tête en bas, je l'entend ricaner, suivis de mon rire, sorti sans que je ne le décide. Le bel inconnu acquiesce ma réponse, puis il se retourne face au volant, met le contact et commence à conduire. Nous quittons la place de parking où il était garé devant mon immeuble et nous nous plongeons dans la nuit. Mon regard n'arrive pas à le quitter, mes yeux sont comme ancrés à sa personne. Et je ressens quelque chose, puissant que je ne saurais expliquer. Il fait quelque chose à ma personne que je n'étais pas prête à ressentir.
***
Après de longues minutes, j'imagine que nous sommes loin de chez moi, la nuit est toujours là et nous accompagne le long de notre trajet avec l'aide des lumières de la ville. Les routes sont assez vides, très peu de voitures circulent, c'est comme s'il y avait que nous. L'ambiance est assez relaxante, il y a beau avoir un silence entre nous deux, la gêne n'est pas là. Je dirai même que on l'apprécie, être avec l'un et l'autre sans parler, juste nos corps et nos âmes vagabondes appréciant la compagnie de l'autre. Peut-être je devrais ressentir de la peur ou même de l'inquiétude d'être avec quelqu'un dont je ne connais pas le nom et qui m'a raccompagnée qu'une fois chez moi mais une atmosphère de réconfort et de sécurité plane autour de moi. Je me fais peut-être des films, qui me dit qu'il ne va pas m'emmener quelque part loin de la ville, et me faire des atrocités ? Mais ces questions ne traversent pas mon esprit et je profite de cet instant de tranquillité qui d'une certaine manière m'apporte un sentiment qui m'avait manqué.
On finit par arriver dans un grand parking vide, seuls les lampadaires éclairent l'endroit. Il décide de se garer sur une place en plein milieu, il coupe le contact, redresse le frein à main et enlève sa ceinture de sécurité. Il voit sur ma tête le questionnement de savoir où on est et ça le fait légèrement sourire.
Je me sens stupide, il doit me voir comme une petite créature qui a peur de tout en se posant multitudes de questions.
« Allez, viens, suis moi. Je vais te montrer quelque chose »
A ses mots, il sort de la voiture et passe devant celle-ci, je me détache, ouvre la portière et sors pour le suivre.
Il est à côté de moi, appuyé sur le côté de la voiture vers le capot, il regarde mes gestes, toujours avec ce genre de regard protecteur, ses mains dans les poches de son blouson.
Je finis par sortir entièrement de la voiture et le regarde en espérant une réponse de sa part pour savoir où on est. Il me sourit légèrement et me dis :
« Voilà, je t'ai emmené là où la nuit de s'arrête jamais »
Suivi de cette phrase, il dresse son bras devant lui pour me montrer quelque chose et c'est là que je comprends.
La ville nous est complètement dévoilée, la nuit est noire et on a peine à savoir où elle s'arrête, les éclairages des lumières, des restaurants, magasins et tous autres bâtiments qui ne vis que la nuit, nous sont présentés comme des milliers de petites étoiles. Les astres lumineux dans le ciel, les vraies étoiles, elles viennent saupoudrer ce beau paysage comme si de la poussière lumineuse s'était posée au-dessus de nous.
Mes yeux sont émerveillés, j'ai le souffle coupé et je ne pense plus à rien. C'est dont j'avais besoin. Le paysage est magnifique et si apaisant. C'est comme si j'avais trouvée l'endroit où tous mes soucis s'évaporent et que je peux enfin me retrouver, comme si ce paysage si majestueux devant m'attendait pour venir me réconforter.
Un court instant après ma découverte, je me tourne vers lui et il n'a pas bougé, toujours appuyé contre sa voiture il m'offre un doux regard l'air de dire qu'il est content que sa découverte m'ait plu. Il a l'air froid d'apparence mais, dans cette nuit si douce, il ressemble à un jeune homme que la vie n'aurait pas épargné.
Je le regarde et le rejoins me glissant à ses côtés, mon regard s'adoucit face à lui, il m'a emmené dans un endroit dont je ne connais pas l'existence et encore le besoin dont je manquais.
Des mots venant de moi sortent enfin après temps de minutes sans avoir rien dit :
« C'est quoi ton nom? »
Je ne sais comment j'ai trouvé le courage de lui poser cette question, d'une certaine manière une peur s'était installée en moi. Ce n'est qu'un nom, pourtant je me fais l'idée que de le savoir m'aidera à répondre aux questions qui tournent sans arrêts dans ma tête.
« Changkyun. Im Changkyun »
Sa réponse rapide vient effacer la peur qui s'était installée. Je me sens soulagée qu'il n'ait pas refusé de répondre.
Il vient à tourner sa tête vers moi et me regarde avec les yeux tout aussi remplis d'étoiles que celles qui nous protègent au-dessus de nous ce soir.
« Et comment ma chère âme vagabonde se nomme ? »
Mes yeux se posent sur lui une fois que j'entends le son de sa voix. Je souris à sa question. Une partie de moi refuse de lui répondre, je me suis attachée à ce surnom qu'il me donne, et je crains alors qu'il n'utilise plus une fois qu'il saura comment je m'appelle. Mon regard se détache de lui et vient regarder une nouvelle fois ce tableau si féerique qui apaisent chaque maux en moi.
« Sélina. »
Un mot, 6 lettres, et une partie de moi s'est envolée face à lui. Moi qui n'osais plus se dévoiler à qui que ce soit, je l'ai fait si facilement et naturellement face à lui que je me surprends de mon geste.
Quelques secondes silencieuses après ma réponse se suivent, je replonge mon regard sur lui, je le vois me sourire, un air doux sur son visage se présente l'air d'accepter ma réponse. Je remarque les légères petites fossettes sur chaque coin de ses lèvres qu'il le rend plus attendrissant que ce que je l'aurais espéré la première fois que je l'ai rencontrée.
Mes lèvres se tendent et lui rendent également un sourire.
De longues secondes sont passées, peut-être même des minutes, mais nous n'avons pas pris la peine de regarder quelle heure il était. Nous sommes toujours au même endroit, nos corps toujours aux côtés de l'un et l'autre appuyé sur sa voiture. Aucun de nous deux n'ose faire un geste. Or, inconsciemment, ma tête vient se poser doucement sur son épaule, mon corps se relâche et mes yeux n'arrivent pas à quitter le paysage réconfortant que je viens de découvrir.
Nous n'avons plus parlé depuis que nous avons dévoilé l'identité de nos noms mutuellement.
Je me sens bien. Tellement bien. J'ai beau lui avoir demandé de m'emmener dans un endroit où la nuit ne s'arrête jamais, qu'il a répondu à ma requête, je sais bien qu'un moment arrivera pour mettre fin à cette nuit si inattendue et pourtant tellement nécessaire.
Je ne veux pas partir. Je ne veux pas quitter cet endroit. Je ne veux pas le quitter, lui.

[by Cath']

𝙀𝙖𝙘𝙝 𝙊𝙩𝙝𝙚𝙧'𝙨 𝙑𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙨. Where stories live. Discover now