Chapitre 10

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NOAH

La brise légère qui ne cesse de souffler sur ma peau me fait frissonner, mais j'ai bien conscience que c'est la fille qui est assise près de moi qui me met dans un état plus frisquet.

Le chant des oiseaux annonçant le début de l'après midi me semble si terne quand je repense à sa voix lorsqu'elle à prononcer les mots qui ne cessent de tourner en boucle dans ma tête.

Parce qu'il est grand temps que nous brisions cette barrière qui ne cesse de s'ériger entre nous Noah.

Après qu'elle ait prononcé ces paroles, elle s'est assise sans attendre ma permission qu'elle avait pourtant elle-même demandé.

À présent, Esi Gabras est assise à  même le sol à mes côtés. Elle a allongé ses jambes devant elle et a croisé ses chevilles.

Mes yeux s'attardent sur ses longues jambes cachées derrières son pantalon jogging.

Je me fais la réflexion qu'elles sont vraiment longues et je me demande à quoi elles ressemblent quand elles ne sont pas emprisonnées derrière ces vêtements de garçons qu'elle semble affectionner.

Mes yeux remontent sur ses mains aux doigts fins aux ongles soignées et courts qui tiennent mon ballon de basket que j'ai posé près de moi juste au moment où elle s'asseyait.

Elle le caresse tel un objet d'une rare préciosité. Je suis légèrement ému car je devine la douceur de ses doigts sur cette balle et je me demande ce que je ressentirai si c'était sur moi qu'ils se baladaient ainsi.

Je poursuis ma contemplation en louchant sur son buste. Je ne parviens à rien deviner car son pull bien trop grand pour elle dissimule les formes de sa poitrine.

Alors je décide de m'attarder sur son visage. Mais hélas, je n'ai droit qu'à son profil. Je ne pourrai avoir d'elle un regard complet que si elle se décide à enfin tourner son visage vers moi.

Mais je doute fort qu'elle le fasse car je crois que c'est justement pour éviter le contact perpétuel entre nos yeux qu'elle s'est assise dans le même sens que moi et qu'elle s'obstine à ne regarder que droit devant elle.

Mais cela ne me pose aucun problème. Ce qui me dérange c'est sa présence ici, en ce moment particulier. Elle me trouble.

Si je suis parti du stade, c'est parce que j'avais l'impression d'y étouffer. Ma tête ne cessait de me saturer des images de mon échange avec mon paternel. Je voulais m'eloigner pour mieux réfléchir. Pour mettre de l'ordre dans mes idées mais il a fallu qu'elle me suive. Ce qui veut dire qu'elle était au stade et qu'elle m'a vu m'en aller.

D'ailleurs la question qu'elle me pose me confirme qu'elle m'a vu et qu'elle a deviné dans quel état je me trouvais.

- Ça va Noah? De sa voix hésitante, elle me demande sans me regarder.

Je tourne mon regard vers elle et je trouve qu'elle a les pommettes toutes roses. Elle a dû puisser en elle un grand courage pour me poser la question.

Je quitte son visage, je reporte mon regard devant moi et je me pose cette même question intérieurement.

Est-ce que ça va Noah?

Non. Ça ne va pas. Je ne vais pas bien et je n'ai pas envie d'en parler avec elle. C'est ma vie privée et elle est très précieuse pour moi. Je n'en parle jamais avec les autres. Je ne veux pas m'étaler et susciter de la pitié. Si je n'en parle pas à Ethan, ce n'est pas à elle que j'en parlerai.

Elle est différente, elle n'est pas Ethan et tu le sais.

Oui c'est justement parce que je le sais que je me refuse davantage à lui parler de mes problèmes de famille. Son avis me blesserait plus que tous les autres. Alors, on ferait mieux de ne pas en arriver là.

Les Amants De L'ombreWo Geschichten leben. Entdecke jetzt