Les Amants De L'ombre

Chapitre 20

Noah.

Je pousse la porte de la salle de classe et c'est le brouhaha des quelques élèves qui sont déjà présents qui m'accueille. Je salue quelques copains avant d'aller m'asseoir à ma place. Quand j'avance, je remarque qu'elle n'est pas encore là et je suis soulagé.

Je voulais arriver avant elle. Je n'ai pas cessé de penser à cette journée. Je n'ai pas cessé de me demander comment j'allais me comporter avec elle. Mais par dessus tout, je n'ai pas cessé de penser à notre baiser.

Une douce chaleur se repend en moi quand je repense à la rencontre de nos bouches et à la sensation qui a envahit mon coeur quand j'ai goûté à sa langue.

Putain! J'ai failli me perdre dans ses bras. Non, je me suis perdu dans ses bras. Je n'avais jamais ressenti cela pour une aucune autre fille. Ces frissons sur le corps et ces papillons dans le ventre.

Moi qui croyait que ça n'arrivait que dans les films ou dans les romans à l'eau de rose. Je les ai ressenti si violemment ces sensations. Avec elle, j'ai connu ce que c'était le véritable plaisir d'embrasser.

Je passe devant sa place et mon coeur se serre à l'idée qu'elle va désormais m'ignorer. Elle m'a dit de ne plus jamais l'approcher. De l'oublier. Mais comment y parvenir? Comment parvenir à l'oublier quand elle occupe chaque centimètre de mon cerveau? Je l'ai dans la peau cette fille et je maudis une fois de plus mon incapacité à lui donner ce qu'elle veut.

Pourtant je ne désire que ça. Je ne désire qu'elle. Je la veux tellement mais je ne me ressous pas à lui donner ce qu'elle me demande une fois de plus:

L'oublier.

Oublier ce qu'il y'a entre nous.

Non.

Je serai toujours là. Je lui montrerai autrement qu'elle m'est précieuse et que j'ai besoin d'elle, même si je ne peux pas le lui dire.

Une fois assis à ma place, je pose mon sac sur mon bureau et sors le bout de papier où j'avais inscrit mon adresse mail pour lui donner avant de changer d'avis. Si je lui donne cette adresse cela voudrait dire que j'accepte de n'être plus qu'un étranger pour elle.

Hier, j'ai tourné en rond dans ma chambre, partagé entre le désir de respecter sa décision pour lui éviter de souffrir par ma faute et celui de tout faire pour la conquérir car je n'arrive pas à m'imaginer sans elle.

Aujourd'hui, quand je sens à quel point mon coeur frémille à l'idée de la revoir, je réalise que je ne peux vraiment pas lui donner ce qu'elle veut. Je vais encore être égoïste et penser à moi. Elle doit être avec moi. Je ne sais pas comment faire pour le lui faire comprendre sans lui dire les mots qu'elle veut entendre mais je le dois.

- Salut Noah.

Je lève la tête de mon bout de papier vers la voix inconnue qui me salue. Je croise les yeux de Samantha Hill, la fille de notre prof d'histoire, qui me regardent avec attention.

- Salut. Je réponds froidement.

Qu'est-ce qu'elle me veut? Je me demande in petto en rangeant dans la poche de ma veste noire mon bout de papier. Je m'adosse sur ma chaise, les bras croisées sur mon torse dans une attitude désinvolte et la fixe du regard pour savoir ce qu'elle me veut.

- On peut parler un instant ? Elle me demande, avec une voix faussement timide.

Un frisson désagréable me traverse l'échine. Je n'aime pas l'énergie qu'elle dégage. Je ne saurai expliquer cette sensation que je ressens vis-à-vis d'elle mais je ne l'aime pas. Ça c'est certain.