Chapitre 19

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ESI


- Calme toi petit coeur je t'en prie, j'ai fait ce qu'il fallait. Tu comprends ?

Je tente de parler entre deux sanglots à mon coeur qui se fissure depuis que j'ai décidé de mettre fin à ce manège que je jouais avec Noah.

Dire que j'étais descendue avec impatience pour le voir, c'est finalement moi qu'il l'ait mis dehors. Mais je ne regrette pas. Il a trop longtemps soufflé le chaud et le froid dans notre relation.

Relation? Me demande ma conscience avec dérision. Vous n'avez jamais été en relation Esi.

C'est vrai, mais entre nous il y avait bien quelque chose qui se passait. Même si nous ne nous étions jamais dit être en couple, ça se voyait bien qu'on se plaisait. La preuve, il m'a embrassé.

Je repense à ce baiser et j'ai le coeur qui fait un bond dans ma poitrine. Je repense au plaisir qui m'a traversée quand ses lèvres ont emprisonné les miennes. Il m'a embrassée avec tellement de passion que j'ai cru fondre dans ses bras.

Mais tout ça pourquoi ? Je me demande. Pour après me dire qu'il l'a fait juste parce qu'il me trouvait belle et n'a pas pu s'en empêcher?

Cette réponse a été comme un déclic pour moi.

Jusque quand continuera-t-il à se jouer de moi ainsi?

C'est cette question qui m'a traversée et m'a poussée à le confronter enfin. Il était temps que je laisse derrière moi cette image de la fille calme et timide pour enfin avoir des réponses à mes questions.

Et je les ai eu.

Maintenant je sais que nos sentiments ne sont pas réciproques. Il ne m'aime pas comme je l'aime. Ce champ magnétique que j'aimais bien croire qui nous recouvrait n'était en fait que le fruit de mon imagination.

Noah n'a jamais ressenti pour moi les sentiments que je lui attribuais. Et je crois que c'est mieux ainsi. J'ai alors une raison de passer à autre chose.

Je me décolle du portail où je étais adossée après l'avoir mis dehors et décide de rentrer quand j'entends la voiture de mon père ronfler de l'autre côté du portail.

- Papa ?

Nous aurait-il vu? Je me demande en revenant sur mes pas pour lui ouvrir le portail. Mais quand je suis devant celui-ci, je m'arrête un instant et me fait la réflexion que s'il me voit dans cet état, je devrais lui donner des explications. Est-ce je suis prête à lui parler de mon premier chagrin d'amour ?

Mon père est trop protecteur. J'ai peur qu'il ne supporte pas et qu'il ne fasse quelque chose de mal à Noah. Mais j'ai besoin de lui. Il est mon meilleur ami. J'ai besoin de ses bras. J'ai besoin de sentir son amour de père dans l'espoir d'oublier celui que je ressens pour Noah. Ne serait-ce qu'un instant.

Alors j'ouvre le grand portail et c'est bien sa voiture qui entre dans la maison. Il s'en va garer dans le garage quand je veille à verrouiller le portail. Quand j'ai fini, je vais l'attendre sur les marches de la véranda, les mains autour de mes jambes repliées sur moi.

Mon père me rejoint quelques minutes plus tard, la veste de son costume sur la main qui tient son téléphone et ses clés, sa chemise est défaite de quelques boutons et sa cravate deserrée pend nonchalamment sur sa poitrine. Ses cheveux sont en bataille. On dirait qu'il les a meurtri sur le coup d'un grand stress.

Quand il est à ma hauteur, il s'arrête un moment et me regarde avec minutie. Je soutiens son regard un moment avant de vite le baisser car je ne supporte pas de voir sa mâchoire qui se sert de douleur à cause de moi.

Les Amants De L'ombreDonde viven las historias. Descúbrelo ahora