Chapitre 4 : Arthur

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«Le destin mêle les cartes et nous jouons.» - Arthur Schopenhauer

Aujourd'hui.

Je suis assis, la main sur la menton et le coude sur le support du fauteuil en train d'écouter des hommes en costard déblatérer des conneries égoïstes. Selon certains, mon projet n'a pas lieu d'être. C'est vrai après tout. Pourquoi se préoccuper de ces millions de personnes à travers le monde qui attendent notre aide ? Dépenser de l'argent pour les autres est complètement aberrant, non ?

Bande de connards.

Tout le monde à droit à une couverture santé et des besoins médicamenteux. Même quelqu'un qui ne pratique pas la médecine, telle que comme moi, en est convaincu.

Je n'aurais pas pu faire médecin, j'aurais voulu, quelque part. Pouvoir soigner et accompagner des malades est un des plus métiers les plus gratifiants, mais aussi les plus difficiles qui puissent exister. Avoir la vie d'une autre personne que soit entre les mains est une énorme responsabilité et je ne me sentais pas prêt à suivre ce cursus. Je respecte tous ces soignants qui mettent leur savoir dans la science. Triste de se dire que leur labeur est minimisé par des bureaucrates qui n'y connaissent rien. J'aimerais les tirer par le col de leurs vestes, les foutre dans un avion - pas en première classe je précise - et les envoyer sur le terrain pour qu'ils constatent l'étendue des dégâts.

La pure vérité.

Tiendront-ils le même discours cette fois ?

— .... c'est pourquoi il n'est pas concevable de prendre autant de risque, termine Douglas, alias monsieur « je n'en ai rien à carrer et je possède un yacht ».

— Hélas pour vous monsieur Wright, je partage son avis, dit un autre en me regardant, l'air faussement désolé.

Hypocrites.

Je balaye mon attention sur chaque visage et tous exprime la même chose. C'en est assez, je décide d'intervenir. Il n'est pas question que je laisse ces emmerdeurs gagner cette partie. Alors je me lève de mon siège, boutonne un des deux boutons de ma veste et me dirige au bout la table où se met généralement ceux qui prennent la parole pour avoir toute l'attention possible.

— Messieurs, je ne suis pas idiot, mais pourtant vous me donnez l'impression de l'être. Vous m'avoyer navré pour vous, mais mon honnêteté me pousse à poser ces mots. Je ne peux m'empêcher de me sentir triste pour vous tous ici présent. Vous qui êtes censé être des faiseurs de miracles, vous n'êtes rien d'autres que des personnes apathiques, dénuées d'altruisme. À quoi vous sert ces compétences et cet argent que vous cacher précieusement dans votre coffre fort ? Moi j'ai la réponse : à rien. La raison pour laquelle je suis venu ici aujourd'hui est pour vous donner une opportunité de servir la société et le monde entier, simplement en approuvant mon projet d'exportation. Et je n'exagère pas en disant cela. Il vous suffit que d'une signature, un investissement pas si démesuré que ça, et de quelques paroles pour me soutenir et sauver des vies. Oui, des vies. J'ai dans l'espoir qu'un jour vous vous réveillerez de ce comas dont vous savourez le repos depuis bien trop longtemps. Mais pour cela, vous devez vous poser une seule question : serais-je capable de me regarder dans le miroir en sachant que ma décision a condamné des milliers, voire des millions d'individus ?

Un silence de mort me répond. Je ne vois que des têtes baissées, des regards fuyant et ça me dépite.

Je hoche la tête et souris sans une once d'humour face à cette désolation.

— Très bien messieurs. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée, annoncé-je en me rendant vers la sortie, attrapant mon porte-document en passant, avant de me retourner alors que ma main enclenche déjà la poignée. Si jamais vous êtes décidé à en parler plus sérieusement, vous savez où me joindre.

Libère-moi de cette prison (omegaverse MxM)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu