Chapitre 32 : Zachary

1K 94 90
                                    

«Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours.» - Arthur Rimbaud

Un autre mois est passé, puis un suivant, ce qui fait que j'entame mon troisième mois de grossesse. Le temps file à toute allure, et ayant épuisé toutes mes cartes, je m'enfonce dans les abysses du désespoir, sans bouteille d'oxygène pour m'aider à respirer.

Suite aux recommandation du médecin, Owen a fait installer un vrai lit dans ma chambre et a instauré une marche quotidienne surveillée d'une durée de vingt minutes à condition d'être accompagné d'un garde du corps et que cela ne dépasse pas le domaine. Le stricte minimum pour renforcer son emprise. Il m'a également accordé le doit de me rendre à la cuisine ou aux toilettes durant la nuit. Même avec tout ceci, je n'arrive pas à me complaire dans ce cauchemar éveillé. La peur du futur qui m'attends à grand pas tord mon estomac et fait serrer mon cœur déjà bien amoché.

Et comme ça ne suffisait pas, depuis quelques jours, je souffres de douleur abdominales. Le médecin est passé dès leurs apparitions pour m'examiner, mais il n'a rien vu d'anormal. Du moins, rien de grave qui pourrait compromettre la vie du bébé. Au vu de son diagnostic, l'esprit perverti d'Owen lui a fait croire que tout était une invention de ma part, alors que je suis le seul à pouvoir déterminer la véracité de mes propos.

Depuis, mon sommeil est perturbé par ce mal. La seule position qui parvient à me soulager quand j'ai une crise, est quand je suis allongée sur le côté. Je laisse mes mains se promener partout sur mon ventre qui a doublé de volume et en général, ça va mieux. L'inconvénient est que cela peut arriver à n'importe quelle heure.

Je dois être sans doute être fou, mais j'interprète ça comme un signe. Impossible de savoir si c'est le bébé qui veut me faire passer un message, ou bien soit je délire. Peut-être un peu des deux.

J'ai essayé en vain de lutter contre mes sentiments pour lui, par peur de ressentir ce vide lorsque je partirai loin. C'est inéluctable. Je l'aime du plus profond de mon cœur. Je n'ai d'ailleurs pas pu résister à la tentation de le voir lors de ma deuxième échographie. En voyant ces images, j'ai tout de suite compris ce qu'avait éprouvé ma mère. Réaliser qu'un tout petit être gît en nous relève de l'imaginaire tant la joie a pourfendue mon cœur. Seulement, ce n'est pas n'importe quel bébé.

Il vient de l'homme que j'aimais, mon alpha... mon âme jumelle.

Ça ne peut qu'être merveilleux, non ? Moi qui croyais avoir tout perdu de lui, je me rends compte à présent à quel point je me suis fourvoyé. Néanmoins, je ne peux garantir l'avenir de notre enfant. J'aurais aimé resté un peu plus longtemps avec lui et faire sa connaissance. Qu'il sache que je suis son père et qui ne l'est pas. C'est beaucoup demander à un nouveau-né, je le conçois, pourtant, des études ont démontré que même un bébé saurait reconnaître la voix de ses parents et plus spécieusement, celui qui l'a mit au monde. C'est dans ce genre de cas qu'on peut oser affirmer que la nature est bien constituée et c'est aussi pour cela que je ne souhaite pas que la seule voix qu'il entende vienne de ce monstre qui se fait passer pour son père. Il se dit vouloir être père et l'aimer comme tel, mais on sait très bien tous les deux qu'il ne s'agit pas de ça.

À votre avis, de quoi peut bien rêver un pervers narcissique ? Manipuler. Tout est question de manipulation, qu'importe l'âge ou le statut de la victime, il désirera la contrôler. Exactement comme il l'a fait avec moi. Et quoi de mieux qu'un nouveau né arraché à ses parents pour exercer son emprise... Mon sang se glace en pensant à ce qu'il compte faire du fils de l'homme le plus gentil qui m'étais donné de rencontré. Owen est de loin la dernière personne à laquelle j'aurais pensé pour confier cet enfant. C'est à ses grands-mères que j'ai tout de suite pensé. En me remémorant Arthur parlant d'elles, c'est comme si je les connaissais et il est évident qu'elles auraient aimé cet enfant. En connaissant leur dévotion pour leur fils aîné, je n'ai aucun doute quant au fait que ce bébé sera pourri gâté jusqu'à la fin de sa vie.

Libère-moi de cette prison (omegaverse MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant