Chapitre 9 : Zachary

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«L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même.» - Albert Camus

Les journées se ressemblent toutes.

Assis sur le rebord, ma tête posé contre la fenêtre et mes bras enroulant mes jambes, je contemple le paysage que nous avons d'en haut. Los Angles parait si petit d'ici quand on y pense, mais ça ne m'avait pas vraiment marqué jusqu'à aujourd'hui. Passer trop de temps dans cette maison commence à me rendre fou. Et être de nouveau seul après tout ces années est insurmontable. Je n'ose même plus lever le regard vers la petite étagère.

Percy, ta petite voix me manque terriblement.

J'ai perdu le goût à la lecture. Je ne fais rien de mes journées à part dormir et regarder le monde vivre par la fenêtre.

Je suis complètements seul, car Owen n'est pas là en ce moment. En voyage d'affaire m'avait-il dit. En raison de cela, je ne descends plus dans la salle à manger lors des repas. Tout m'est livré directement dans ma chambre. Ça fait trois jours et il me semble qu'il doit rentré ce soir. Je ne sais plus. Le temps est devenu qu'une notion qui peu à peu s'efface. Heureusement qu'il y a une horloge dans cette pièce. Je ne sais pas pourquoi je dis ça vu que je ne la regarde jamais.

J'entends Dawyne toquer à la porte. Je le sais, car il est le seul à le faire. Je me tourne vers l'entrée. Il n'attend pas mon autorisation et entre, un plateau à la main soutenant des effluves de viandes rôtis et de légumes cuits à la vapeur. Je viens alors de réaliser qu'il est déjà l'heure du déjeuner. Il dépose lentement son plateau sur le petit bureau, intrigué, et prend un temps pour examiner celui du petit-déjeuner, pas encore débarrassé, avec plus de la moitié de la nourriture intacte. Il me lance un regard sous-entendu.

— Tu dois manger.

Sa voix autoritaire ne me donne pas envie de le défier, mais j'ai tout de même le droit de me défendre.

— Je n'ai pas faim.

— En l'espace de quelques jours tu as beaucoup maigri, déjà que tu n'es pas très épais, marmonne-t-il dans sa barbe. Tu ne vas pas pouvoir tenir debout. S'il te voit dans cet état, tu vas en prendre pour ton grade, alors mange ce qu'on te donne. Et dois-je te rappeler qu'en son absence, je suis responsable de toi ? Je risque ma carrière, n'agis pas comme un enfant dont on aurait privé son jouet et comporte toi en adulte.

Ayant fini ses remontrances, il s'en va en ramenant le vieux plateau.

Je dois reconnaître qu'il n'a pas tort. Mon esprit à préférer omettre ce petit détail qui a une grande importance. En quoi lui serais-je utile dans cet état ? À rien. S'il lui prenait l'envie de se débarrasser de moi, je ne pourrais rien faire. Qu'il me tue ou non, ça ne changera rien. Là-bas, dehors et seul, je serais mort. De froid, de faim ou par les mains de quelqu'un.

Je me ressaisi et m'assois sur la chaise pour déguster ce repas qui me parait aussi répugnant que de l'huître. Je trouve que ce mollusque a la même consistance qu'un mollard. Voilà que la bile me monte à la gorge. Je la repousse et prends mes couverts pour attaquer. Le goût métallique de la viande n'arrange pas ma nausée. Il me faut plusieurs bouchées pour l'oublier. Mais après une dizaine de minutes, il ne reste plus rien sur le plateau hormis la vaisselle.

Quand Dawyne reviens quelques temps plus tard, toujours en début d'après-midi, il fixe le plateau, un sourire aux lèvres aussi léger qu'une plume et se tourne vers moi, assis sur le lit. Nous ne disons rien, pourtant nous arrivons à nous comprendre. Il reprend d'une main ce qu'il était venu chercher et glisse une autre petite assiette qu'il avait caché derrière son dos. Quand je vois ce qui s'y trouve, je n'en reviens pas. Une part de fraiser ! Cela fait bien longtemps que je n'en avais pas goûté, ou ne serait-ce regardé.

Libère-moi de cette prison (omegaverse MxM)Where stories live. Discover now