prologue

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Le bruit des machines devenait tellement insupportable qu'à chaque fois que j'entrais dans cette chambre, mon corps tout entier se mettait à trembler.

Depuis 3 mois ces bruits étaient devenus mon quotidien, notre quotidien.

Maman avait toujours été prudente au volant, mais lorsqu'elle s'était retrouvée une fois de plus obligée d'aller chercher notre père dans son bar préféré, sous prétexte qu'il avait pour la énième fois bu un verre de trop, se fut le drame.

La voiture avait dévié de la route et s'était empalée dans le ravin.

Il était à peine 22h quand j'ai vu mon père saoul rentré seul chez nous en répétant à qui voulait l'entendre que ma mère n'était qu'une salope qui n'était même pas capable de venir le chercher. C'est à ce moment que j'ai compris, j'ai compris que quelque chose n'allait pas.

Les sirènes éblouissantes et bruyantes, garées devant la maison une trentaine de minute plus tard, s'était chargées de confirmer mes doutes. Quelque chose était arrivé à maman, quelque chose de grave.

Et nous voilà 3 mois plus tard, en train d'attendre désespérément un miracle, en vain.

3 mois qu'elle était branchée à ces foutues machines, 3 mois que les médecins tiennent exactement le même discours.

« je suis navrée mademoiselle mais il est impossible que votre mère se réveille, le traumatisme crânien qu'elle a subit et le manque d'oxygène auquel elle a était exposée ne laissent aucun doute, ».

bien sûr je savais, je comprenais ce qu'ils disaient, mais je ne voulais pas l'entendre.

ma mère était en état de mort cérébrale, j'avais conscience qu'elle ne se réveillerait plus, que je n'entendrais plus jamais le son de sa voix ou même son rire, mais ce dont je n'avais pas conscience c'est qu'à l'instant où son cerveau a cessé de fonctionner, j'étais seule, seule avec 3 gamins.

Eliott, Mia et Tomy.

Eliott a récemment fêter ses 10 ans ( et toute ses dents comme il aime si bien le répéter ), il est le portait craché de notre père, même nez, même regard, même couleur de cheveux, un vrai Franck miniature.

Heureusement pour lui il n'a pas hérité de son "intelligence", Eliott est premier de sa classe, un vrai petit génie mais surtout un vrai crâneur,
quand il a réussi à épeler le mot « anticonstitutionnellement » à seulement 4 ans j'ai compris que ce môme tenait de maman et non de Franck, à mon plus grand soulagement.

Mia a 5 ans, c'est la petite princesse de la famille, elle ne cesse de me faire tourner en bourrique mais bon sang ce qu'elle est adorable.

quand j'ai su que j'allais avoir une petite soeur j'étais ravie, j'avais prié le ciel pour ne pas encore avoir un petit frère, que ce soit clair j'aime Eliott de tout mon coeur mais il m'était impensable que les hommes soit en supériorité dans cette maison.

avec l'arrivé de Mia on était en majorité et c'était plus que plaisant.

jusqu'à ce que Tomy arrive et gâche notre supériorité féminine au sein du foyer.

Tomy avait à peine 5 mois et il était le plus beau bébé que je n'ai jamais vu ( n'en déplaise à Eliott et Mia mais Tomy avait ce truc en plus chez un bébé que je ne serait expliquer ).

j'aurais tout donné pour que ma mère puisse assister à ses premiers rires, qu'elle puisse être la quand Mia à eu sa première fracture, ou encore quand Eliott a eu sa première amoureuse.

mais ça ne s'est pas passé comme ça, plus rien ne se passera plus jamais comme je l'avais imaginé.

comment leur dire ? comment dire à mes 3 petits anges que leur maman ne reviendra plus, qu'elle ne leur fera plus jamais de câlins, ne jouera plus jamais avec eux.

je ne peux pas, ils sont trop jeunes, trop jeunes pour être détruits.

ce n'est pas juste.

- je comprend pas pourquoi tu continues à les emmener ici.

la voix de Franck m'empêcha de penser davantage.

il était adossé contre le mur, en train d'épouser la pièce du regard, j'en fit autant.

Eliott s'était glissé dans le lit d'hôpital, allongé auprès de maman, Mia était en train de fabriquer un bracelet au coin de la pièce tandis que Tommy c'était endormi au creux de mes bras.

je ne sais pas depuis combien de temps je suis assise sur ce fauteuil en train de scruter ce moniteur m'indiquant que son coeur fonctionne toujours, lui au moins.

- ils ont besoin de la voir, dis-je tout bas pour ne pas réveiller Tommy.
- tu te trompes, crois moi les emmener ici, c'est plus une torture qu'autre chose.

d'un côté il avait raison, les emmener sans cesse au chevet de leur maman en sachant très bien qu'elle ne se réveillera jamais c'est mal, mais je voulais qu'ils profitent de leurs derniers instants avec elle.

- depuis quand tu te soucies de ce qui est bon pour eux ou non Franck ? dis-je d'un ton froid.
- ne dis pas n'importe quoi.
- je ne suis même pas sûr que tu saches comment s'appelle le dernier.
- arrête tes conneries et va plutôt me chercher une bière.

mon soupire avait était si fort que Tommy s'était réveillé.

- on est dans un hôpital Franck, croit moi c'est le dernier endroit où tu trouveras une bière.
- ça t'écorcherait la gorge de m'appeler ne serait-ce qu'une fois papa dans ta vie ?
- je t'appellerais ainsi quand tu assumeras vraiment ton rôle de père, en attendant tu n'es qu'un étranger qui vient de temps à autre squatter la maison en recherche d'alcool et d'argent.
- parle moi mieux gamine, sans moi tu serais pas là aujourd'hui.
- et si tu n'avais pas appeler maman ce soir là pour venir te chercher elle serait encore en vie, crachais-je.

Franck me scruta avec une expression que je connaissais bien, pour cause je l'avais vu dans chacun des regards depuis l'accident, la tristesse.

je n'avais pas le droit de lui balancer ça comme ça, Franck aimait maman, à sa façon mais il l'aimait, je sais qu'il supporte tout aussi mal que nous cette situation, seulement lui, il noie son chagrin dans l'alcool.

mais ça n'empêche le fait qu'il n'a jamais était présent pour nous, je ne comprend d'ailleurs toujours pas comment maman à pu rester avec lui tout ce temps.

« je sais qu'il n'est pas le père dont tu rêvais, mais je l'aime alors s'il-te-plaît fait un effort » me disait-elle.

elle l'aimait certes, mais moi j'aurais aimée avoir un père présent au lieu d'un père qui passe ses journées et ses nuits dehors ou dans son bar préféré, un père qui paie les factures pour que sa fille ne soit pas obligé d'enchaîner 3 boulots à côté de la fac pour nourrir la famille.

j'aurais aimée avoir un père, tout simplement.

- Alya j'ai faim, dit Mia en tirant sur ma manche.
- d'accord ma puce on va y aller.

dés l'instant où je me lève pour dire au petit de mettre leur manteau, je vis Franck sur le point de partir.

- Franck ?
- hmm ?
- il me faut de l'argent pour payer la facture d'électricité, j'ai encore reçu un appel ce matin par rapport à...
- débrouille toi j'ai pas d'argent gamine.

voilà le père auquel j'étais habitué, celui qui préférait passer toute sa paie dans l'alcool plutôt qu'aider sa famille.

je me demande bien ce que maman pouvait aimer chez lui.

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