why us ?

chapitre 32

- Franck bouge toi, dis-je en cognant à la porte.
- Ça va ça va j'arrive.

Au même moment il se décide enfin à sortir de la salle de bain, il n'avait pas encore mis son tee-shirt donc il se trouvait torse nu dans le couloir.

- Il resterait pas un de mes tee-shirts dans cette baraque ? Le mien est rempli de bière et si je le remet la douche n'aura servie à rien.
- Chiant jusqu'au bout, dis-je en marmonnant tout en me dirigeant dans ma chambre.

J'ouvre le placard et tente de lui trouver un haut qui lui appartient, en vain. Je décide donc de lui passer un vieux tee-shirt oversize qui la plupart du temps me sert de pyjama.

- Tiens, dis-je en lui tendant le haut.
- Sérieux gamine t'as rien d'autre ? Un truc avec un aspect moins pouilleux ?
- Tu pense tout de même pas que je vais te passer un tee-shirt potable ?
- Bha pourquoi pas ?
- Parce que premièrement je sais que je ne le reverrais plus et deuxièmement lui aussi finira sûrement rempli de bière alors il en est hors de question.

Il marmonne dans sa barbe avant d'enfin attraper le tee-shirt, c'est à ce moment là que je constate des hématomes tout le long de son torse.

- C'est quoi ce bordel ? dis-je en pointant du doigt son torse.
- Oh c'est rien, une ou deux discussion entre ami.
- Entre ami ? dis-je perplexe.
- Ouais entre copains quoi.
- Tu veux plutôt dire que ce sont les types à qui tu dois de l'argent qui t'ont fait ça n'est ce pas ?
- Ton père sait ce défendre gamine, dit-il en enfilant le tee-shirt.

Franck devait faire 60 kilos pas plus, l'alcool l'avait rendu mal au point. Son visage était creusé et cerné tandis qu'il avait pris 10 ans en même pas 2 ans.

- À combien s'élève la somme maintenant ? dis-je en croisant les bras contre ma poitrine.
- Depuis quand ça t'intéresse ?
- Oh mais ça ne m'intéresse pas, je veux juste savoir quelle somme on viendra me réclamer quand ils auront réussi à te buter, dis-je ironiquement.
- Je suis en train de les rembourser, doucement mais sûrement.
- Faut vraiment être stupide pour te prêter du fric, même un aveugle se rendrait compte que tu ne pourras jamais rembourser.
- Détrompe toi, j'ai trouvé un job qui paie super bien !!!
- Du genre ?
- Du genre tu veux pas savoir, dit-il en marmonnant.
- Franck, tu traines encore dans des trucs louches ?
- Je gère ok ? Eh puis il faut bien que je les rembourse, je n'ai pas envie qu'ils viennent t'embêter avec les gosses sous prétexte que je ne leur ai pas rendu l'argent.
- Oh arrête ton sketch, ça marche pas avec moi.
- Comment ça ?
- Ne me fais pas croire que ce que tu fais tu le fais pour protéger tes enfants, tu le fais juste pour éviter de mourir, dis-je en riant.
- Bha quoi ? C'est une plutôt bonne raison tu ne trouves pas ?
- C'est sur, parce que crois moi si il t'arrive quoi que ce soit ne compte pas sur moi pour payer 1 centime de ton enterrement.
- Qui payera alors ? J'ai personne d'autre que toi et les petits depuis que ta mère est mort.

Il était seul et contrairement à ce que j'ai dit à Melinda, même en me rappelant que c'était de sa faute, j'avais toujours de la peine pour lui. C'est d'ailleurs pour ça que je l'invite chaque année à Noël, pour qu'au moins une fois dans l'année il puisse se sentir entouré.

Et puis chaque année je n'achète aucune bouteille d'alcool comme ça il est obligé de rester sobre.

Et croyez moi ou non, Franck sobre est différent, dans le bon sens. Alors même si ça n'arrive que très peu de fois, quand ça se produit c'est merveilleux.

Melinda ne fais que me dire que je ne devrais pas, car elle sait ce que je fais.

Elle pense qu'inconsciemment, en continuant de l'aider, j'essaye de construire une relation entre Franck et moi qui n'a jamais existé.