chapitre 3

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Tous les soirs après la fac je travaille dans un café/restaurant jusqu'à la fermeture, Mia et Eliott rentrent de l'école par leur propre moyen et Melinda se charge de les garder jusqu'à ce que je rentre, c'est à dire la plupart du temps tard.

J'ai rarement l'occasion de les coucher et de leur dire bonne nuit.

J'enchaîne 3 boulots en dehors de la fac, serveuse dans un café la semaine, aide au devoir sur mon temps libre, et le week-end je travaille dans une boîte de nuit.

Pas le job de rêve, certes, mais au moins ça paie les factures.

J'arrive au café vers 19h30, mon dernier cour d'aujourd'hui se terminant à 19h. En arrivant je me rend compte que j'ai oublié de faire le plein d'essence et qu'il ne me reste plus qu'une barre.

- Merde ! m'exclamai-je.
- T'as besoin d'aide ?

Au moment d'entendre sa voix mon corps tout entier se fige en un claquement de doigt.

Franck, il était là, du côté droit de la voiture, sa tête posée sur ma fenêtre ouverte.

Après la mort de maman Franck a totalement déserté, je ne l'ai revu que 2 mois après, quand son porte-monnaie était à sec.

Il était revenu se pointer à la maison avec un « eh coucou ma fille ça fait longtemps, quoi de neuf ? dis moi t'aurais pas un billet de 50 à me dépanner, t'en fais pas je te rembourse demain ».

C'était du Franck tout cracher, disparaître de la circulation et revenir comme si de rien était quand il a besoin d'un toit pour passer la nuit ou d'argent, ou les deux.

- Dégage de la Franck, dis-je en claquant la portière.
- Comment tu parles à ton père ?
- Tiens, c'est fou ça !!! dis-je en tournant sur moi même, ou est-il ? je ne le vois pas.
- Ahah très drôle Alya.

En essayant d'accélérer le pas pour le semer, je sens sa main se poser sur mon avant-bras.

Fatiguée par la situation qui ne cesse de se répéter à chaque fois que monsieur est dans le rouge, je lui fis face d'un coup.

- Ça suffit Franck, non je n'ai pas d'argent à te donner et non je...
- Oh mais tu ne me le donnes pas t'en fais pas, je te rembourse demai...
- Non Franck, on sait très bien tout les deux que tu ne me rembourseras jamais, d'ailleurs à quand remonte la dernière fois que TOI tu m'as donné de l'argent ?
- Euh...bha...eh bien...
- Pas la peine de chercher, ça n'est jamais arrivé.
- Oh non la tu exagères, dit-il en pestant.
- S'il-te-plaît pousse toi, y'en a qui bosse contrairement à d'autre, dis-je en le dépassant.
- Tu bosses mais t'es même pas capable de venir en aide à ton père, espèce d'ingrate.
- Je bosse pour nourrir les gosses que tu n'assumes pas figure toi connard.

Sur ces mots j'entre dans le café, en refermant la porte derrière moi je m'assure qu'il s'en aille, voulant éviter à tout prix un drame sur mon lieu de travail.

Mais au moment d'avancer dans le café, je tombe sur deux de mes collègues en train de me scruter avec des yeux ronds.

Fait chier, vu leur regard je savais qu'ils avaient tout entendu.

- Traiter ton père de connard ? sérieux Alyou ? dit l'un d'entre eux d'un air moqueur.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de m'appeler comme ça, pestai-je.
- N'empêche il a pas tord, prône celui d'à côté.
- Allez plutôt travailler au lieu de tenter de vous immiscier dans ma vie.

Ma réflexion ne leur a certainement pas plus puisqu'ils ont directement tournés les talons, mais ça m'est égale, je déteste qu'on se mêle de mes affaires, surtout quand celles-ci concernent ma famille.

Je n'ai jamais compris cette mode de toujours vouloir tout savoir sur la vie de quelqu'un, cette manière qu'ils ont de s'initier aux commérages sur qui fait quoi et pourquoi.

Peut-être est-ce un moyen pour eux de se sentir important, d'exister, je n'en sais rien, tout ce que je sais c'est que ça m'est insupportable.

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