A coeur perdu

Chapitre 9

Cela faisait vingt minutes que Juliette essayait des tenues, en vain, l'intégralité de sa penderie était étendue sur son lit et elle n'avait toujours aucune idée de ce qu'elle allait porter. Axelle lui avait donné rendez-vous cet après midi pour seize heure chez « Christian », un café assez bourgeois de la ville réputé pour ses pâtisseries de qualité. Heureusement pour elle, lorsqu'elle ne savait pas quoi porter, elle pouvait toujours compter sur Linh, qui était toujours à la pointe de la mode.

- Linh ! J'ai besoin de toi ! S'écria Juliette en panique. Je ne sais pas quoi mettre.

- Je te rappelle dans vingt minutes, je suis en pleines révisions pour mes partiels, laisse moi juste finir mon chapitre.

Linh était en Master de langue appliquées. Elle voulait devenir traductrice en littérature. Les vingt minutes qui suivirent furent interminables. Juliette n'attendait qu'une chose, sortir.

- Bon, je suis dispo, montre moi ce que tu as, il suffit de prendre quelque chose de décontracté, c'est pas un réel rencard pour le moment !

Il y eut un long silence pendant lequel Juliette filmait son lit recouvert de dizaines de tenues. Linh regardait le tout avec attention, demandant à son amie d'en déplacer l'une ou l'autre pour avoir une meilleure vue.

- Bon, je pense que tu devrais partir sur ton pantalon cargo kaki la, avec tes baskets blanches et un T-shirt basique expliqua-t-elle en pointant l'écran. Pour la veste prends celle en jeans. Le bleu te va bien et puis c'est assorti à tes cheveux.

Juliette acquiesça puis coiffa ses cheveux, demandant toujours l'avis de son amie. Cette dernière se moqua gentiment de sa panique pour un rendez-vous qui n'en était même pas vraiment un.

Elles raccrochèrent après quelques minutes, Linh avait tout tenté pour rassurer Juliette, mais c'était peine perdue. Elle avait un nœud dans l'estomac depuis la veille. Pas une douleur de stress avant une opération où quelque chose qu'on redoute bien au contraire, c'était une délicieuse sensation de chaleur, une douleur douce qui lui montrait à quel point elle avait envie de voir Axelle. Pouvait-elle l'appeler par son prénom ? Le simple fait de l'imaginer augmenta la chaleur ardente de son bas ventre. Oui ce n'était pas un réel rendez vous, mais peut être que le suivant le serait... Pour cela, il fallait qu'elle arrive à la séduire. Comment faire, elle n'en avait aucune idée. Elle n'avait jamais dragué personne et il n'existait aucun mode d'emploi.

Pourtant, à quelques kilomètres de là, Axelle était déjà sous le charme. Juliette disposait de talents innés dont elle n'avait visiblement, aucune idée. Cette dernière attrapa son petit sac à dos en cuir, et se dirigea vers cet après midi qui s'annonçait magique. Elle se zieuta dans le miroir en passant devant mais n'y s'attarda pas. Elle savait que son teint était encore pâle, mais elle n'avait rien pour pallier tout ça. Elle n'était pas très maquillage et mis à part le petit trait d'eyeliner et le mascara sur ses cils, elle n'utilisait rien. Elle sourit, satisfaite de son look et ouvrit la porte avant d'être interrompue par sa mère.

- Oh, mais ou vas-tu comme ça ? Tu veux que je te dépose ? Ils annoncent de la pluie

- Arrête de jouer les espionnes, je te dirais tout en temps et en heure.

Elle l'embrassa sur la joue, puis se dirigea vers l'arrêt de tram au bout de la rue. Elle aurait pu se rendre au café à pieds, mais ses muscles étaient un peu tremblants et elle n'avait pas le courage d'affronter les vingt minutes de marche qui la séparait du centre ville. Elle s'assit sur une place libre et laissa ses yeux et son esprit divaguer sur le paysage de la ville qui défilait devant ses yeux à basse vitesse.

Elle avait cinq minutes de retard, mais savait qu'Axelle ne serait certainement pas à l'heure, comme d'habitude, s'amusa-t-elle à penser. Et pourtant, en arrivant à proximité du café, elle reconnut tout de suite la grande blonde aux lunettes sur la tête qui attendait devant l'entrée. C'est pas vrai, la seule fois où elle est à l'heure je suis en retard.