Chapitre 27

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Juliette claqua la porte de sa chambre et hurla de rage avant de se laisser tomber sur son lit. Sa mère, qui venait de voir Axelle descendre les marches en pleurant, se demandait ce qui avait bien pu se passer pour que sa fille soit dans un tel état. Elle l'avait entendu hurler sur Axelle, puis hurler quand elle fut enfin seule. Elle se dirigea donc d'un pas hésitant vers la chambre de sa fille unique, dans l'espoir de pouvoir apaiser sa peine, si cela était possible. Elle ouvrit la porte et aperçut Juliette recroquevillée sur son lit, les genoux contre la poitrine, un oreiller serré dans les bras. Cette vision lui brisa le cœur. Voir sa fille dans cet état était quelque chose d'insupportable. Elle s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Elle savait que si Juliette avait voulu rester seule, elle l'aurait dit à l'instant même où elle aurait entendu les bruits de pas dans sa chambre. Malgré toute sa peine, elle n'avait toujours pas lâché une larme. Axelle ne valait pas la peine qu'elle pleure pour elle. Elle avait fait son choix et malheureusement Juliette n'en faisait pas partie. Mme Lefèvre l'embrassa sur le crâne et resta allongée derrière elle de nombreuses minutes. Tout en caressant ses cheveux rose, elle essaya de comprendre ce qu'il s'était passé.

- Elle m'a largué maman... Elle est partie. Comment vais-je faire sans elle...

- N'y a-t-il pas une chance pour que vous répariez les choses ?

- Son ex est revenue, Maya, je ne peux pas lutter, je n'ai aucune chance de gagner. Elle n'a pas pu refaire sa vie durant dix ans avant de me rencontrer.

Mme Lefèvre ne trouva pas de mots pour réconforter sa fille, elle avait raison, comment lutter... Jamais elle n'aurait imaginé un tel scénario... elle comprenait maintenant pourquoi sa fille était tant dévastée.

- Je l'aime maman, si fort... je ne sais pas comment vivre sans elle...

Sa mère la serra encore un peu plus fort pour lui montrer qu'elle était là. Elle aurait voulu lui dire que sur 7.7 milliards d'humains et 3 milliards de femmes elle trouverait forcément une autre qui ferait battre son cœur, mais ce n'était pas le moment. Elle espérait juste de tout coeur que cette femme arrive rapidement pour soigner le coeur brisé de sa fille.

***

Le réveil fut difficile pour Juliette qui n'avait que très peu dormi. Aujourd'hui, elle doublerait les dernières scènes du film d'animation. Elle avait passé six mois à prêter sa voix à la princesse Kira et cet exercice lui avait vraiment plu. Il lui avait ouvert les portes du cercle très restreints de ceux qui pouvaient vivre de la musique. Certes elle ne gagnait pas des mille et des cent, mais cela lui suffisait pour vivre. Elle s'habilla et se rendit dans le studio d'enregistrement. Avec le peu de sommeil qu'elle avait eu ces derniers jours, elle ressemblait plus à un zombie qu'à une humaine, mais elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait pas ne pas manquer le travail uniquement à cause d'une rupture amoureuse. Elle espérait seulement que personne ne pose de question et que la journée qui s'annonçait chargée, passerait vite pour qu'elle puisse retourner se morfondre dans son lit. Lorsqu'elle arriva, elle trouva Raphaëlle qui l'attendait patiemment. Elles avaient sympathisé dès le début du tournage ce qui avait beaucoup plu à leur boss car cela instaurait une certaine complicité qui était toujours bien venue. Certes elles ne faisaient que prêter leur voix à des personnages animés, mais la complicité se ressentait forcément dans leur voix que ça soit pour le doublage ou dans les chansons qu'elles interprétaient. Raphaëlle avait beaucoup de talent mais Juliette la surpassait largement, elle n'avait pas réussi à trouver autant de contrats qu'elle à l'extérieur, pas autant de débouchés que Juliette et elle la jalousait un peu pour ça. Cette journée devait être émouvante, pleine de joie bien entendu, d'avoir pu participer à cet énorme projet, mais aussi de nostalgie, tout serait terminé ce soir. Elle aurait dû pouvoir profiter de cette journée, profiter de cette ambiance, de ses collègues, de la princesse Kira à qui elle ne prêterait plus jamais sa voix. Mais elle n'y arrivait pas. Non, toute la journée, elle ne faisait que penser à Axelle, à leur rupture, à cette relation de plus de six mois qui s'était déroulée à merveille pendant tant de temps avant de se briser le temps d'un flash info, un flash info dont Juliette connaissait chaque mot. Elle l'avait visionné des centaines de fois lorsqu'elle était rentrée chez elle, ne pouvant croire ce qui se déroulait devant ses yeux.

A coeur perduWhere stories live. Discover now