♦ Chapitre 3 ♦ La Chambre

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La vieille femme nous a guidé vers un grand escalier en bois qui menait au premier étage. Les marches grinçaient à chacun de nos pas, pour ajouter un nouveau petit côté sinistre au manoir. Au mur, je distinguais à peine, avec la faible lumière qui émanait de la bougie, quelques anciens portraits familiaux. Un silence affreux nous entourait.

Arrivées en haut de l'escalier, nous nous sommes dirigées dans un long couloir de moquette rouge. Après une traversée qui me parut incroyablement longue, la femme s'est finalement arrêtée devant une porte se situant près d'un deuxième escalier menant au deuxième étage.

Elle m'a désigné la porte du doigt.

-  Voici votre chambre, Mademoiselle. Une salle de bain y est intégrée. Allez-y, entrez !

J'ai hoché la tête, et elle s'est écartée pour me laisser atteindre la poignée. Une fois la porte ouverte, j'ai tendu le bras à tâtons contre le mur à ma droite à la recherche d'un interrupteur. La lumière a illuminé progressivement la pièce, me laissant découvrir ma chambre avec... horreur.

La chambre était totalement rose. Partout, chaque centimètre était fait de rose. Argh.

-  Votre chambre vous plaît-elle ? Je l'ai redécoré exprès pour vous, votre oncle m'en a bien heureusement laissé le soin ! Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de femmes ici, excepté le personnel. J'aime beaucoup cette couleur, j'ai pensé que vous aimeriez aussi !

-   Euh... oui, oui... J'aime... beaucoup ! Merci !

"  Dîtes moi que c'est une blague. Par pitié. "

D'autant qu'il n'y avait pas que la couleur. Cette chambre était digne du moyen âge.

Au milieu de la pièce, trônait un immense lit à baldaquins, bien trop grand pour une seule personne. Aux pieds du lit, se trouvait un coffre. Il y avait également une armoire, une commode rectangulaire, une table de nuit et une coiffeuse, répartis dans le reste d'espace vide. Une grande fenêtre à carreaux se situait juste en face de la porte, et elle était entourée de rideaux en velours épais. Une banquette avait été creusé juste devant pour permettre aux habitants de s'asseoir tout en observant le paysage à travers la vitre - chose que je ne pouvais d'ailleurs pas faire maintenant, car les volets étaient clos, me bouchant la vue. A ma droite, une petite porte qui menait sans aucun doute à la salle de bain. Et pour finir, au dessus de ma tête, se trouvait un imposant lustre à ampoules électriques.

Bien évidemment, tous ces meubles étaient roses, excepté le lustre semblable à de l'or.

-   Vous rencontrerez votre oncle demain au petit-déjeuner. Pour l'heure, reposez-vous.

-   D'accord, merci. Sophie, tu viens ?

Sophie a hoché la tête et allait pénétrer dans la chambre à son tour, lorsque la vieille femme la retint par le bras.

-   Où allez-vous ma chère ? Votre chambre n'est pas ici. Elle est à l'étage, dans les quartiers des domestiques.

-   Mais... ai-je commencé.

-   Navré, ce sont les dires de Monsieur Oscarveld.

"  Je ne l'ai pas encore rencontré, mais il commence déjà à m'énerver celui là. "

Je trouvais cela totalement absurde d'être séparée de Sophie. Dans ma demeure, elle dormait avec moi. Nous étions, en plus d'être amies, comme des sœurs - certes de classes différentes, mais des sœurs quand même.

-   Ce n'est pas grave Elisa, on se voit demain, dit-elle en souriant, légèrement inquiète et cachant tant bien que mal sa déception.

J'ai soupiré, bien obligée d'accepter.

-   Je vous souhaite donc une bonne nuit Mademoiselle. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi ou venez me trouver ! Mon nom est Méline.

J'ai hoché la tête, puis je les ai suivi toutes les deux des yeux alors qu'elles disparaissaient dans l'escalier. Je n'ai pas tardé à fermer la porte, le couloir étant devenu à peu trop sombre à mon goût.

J'ai pris le soin de verrouiller ma porte, au cas où. Je ne me sentais pas encore totalement en sécurité ici - voir même pas du tout.

Je me suis dirigée vers mon lit, et j'ai déposé ma valise et mon sac à dos sur les draps.

J'ai sorti mon téléphone portable de ma valise pour regarder l'heure. Il était 22h48. J'avais un peu de temps devant moi pour faire du rangement.

J'ai donc entrepris de vider le contenu de ma valise, essentiellement constitué de vêtements. Je les ai déposé dans l'armoire, en essayant de ne pas trop prêter attention aux cintres, qui étaient aussi roses, à mon plus grand malheur.

J'ai ensuite déposé ma valise dans un coin entre la commode et la fenêtre, puis je me suis attaqué à mon sac à dos. J'avais emporté pas mal de livres - la lecture étant un de mes passe-temps favoris - et je les ai donc répartis sur la commode et dans les tiroirs de la table de nuit.

J'ai de nouveau regardé l'heure. 00h.

J'étais fatiguée après tout ce rangement. Il me restait encore quelques affaires à déballer, mais aucune urgence, que je décidais donc de remettre au lendemain.

Je suis allée dans la salle de bain me mouiller le visage, et ai troqué mes vêtements contre une combinaison short noire souple en guise de pyjamas. À mon grand soulagement, c'était une salle de bain normale - niveau coloris -, quoique un peu grande, comportant une baignoire/douche, un lavabo et une armoire de rangement vitrée.

De retour dans ma chambre, je me suis glissée sous les draps dans un soupir après avoir éteint la lumière, et je n'ai pas tardé à fermer les yeux.

Le lendemain, je rencontrerai mon oncle Oscaveld, et je dois dire que je n'avais pas vraiment hâte.


La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant