♦ Chapitre 29 ♦ Méfiance

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- Je... ai-je balbutié.

Il n'avait pas tort sur ce point : si il n'était pas venu me chercher - par je ne sais quels moyens d'ailleurs - je serai sûrement encore en train de me faire mordre par ces autres sauvages.

J'ai baissé les yeux, un peu gênée.

- Désolée.

J'ai changé de position pour m'allonger sur mon hamac - bien évidemment, le plus délicatement possible pour éviter qu'il ne se balance trop.

- Mais... comment tu as fais ? Je veux dire, pour me "sauver".

Je commençais un peu à me détendre, et je parlais avec plus d'aisance. Peut-être était-ce le fait qu'il soit si amical avec moi qui me détendait ? Je ne pouvais pourtant pas me fier à lui; il restait un vampire, après tout.

Je l'ai entendu soupirer légèrement, et la branche sur laquelle il était assis craqua un peu, preuve qu'il bougeait.

- J'ai senti ton odeur de loin. Tu m'étonnes que tu les aies tous attirés, je peux repérer ton sang à des kilomètres ! C'est incroyable, je n'ai jamais rien senti d'aussi sucré ! Ca me donnerait presque envie de te mordre...

J'ai frissonné et me suis légèrement redressée pour le regarder. Ses yeux devenus totalement verts me fixaient avec insistance. Je me suis vite rallongée, le cœur battant la chamade : je devais me méfier de lui.

- Tu viens pourtant d'affirmer que tu ne bois pas de sang humain.

- C'est vrai, mais tout peut arriver après tout.

J'ai commencé à me sentir de plus en plus mal à l'aise. Au lieu de tout faire pour que je lui accorde ma confiance, j'avais l'impression qu'Orion faisait maintenant exprès de me faire douter à son sujet. Si c'était un jeu pour lui, ce n'en était pas un pour moi.

- Enfin, tu as eu de la chance que je sois arrivé au moment propice, a t-il reprit. Sven semblait se battre avec ce qui m'a parut être son fils. Tu étais ligotée à un arbre, endormie. J'ai profité de ce moment d'inattention pour agir; après tout, maintenant que j'y étais, je ne pouvais pas te laisser mourir. Sven ne s'est aperçu de rien, mais le regard de son fils reste encore graver dans ma mémoire : il m'a vu te libérer, et il n'a ni bouger ni laisser échapper une seule parole pour m'arrêter. Je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi il a eu une telle attitude. Ca paraît... totalement impossible venant de sa part !

- Ace... ai-je murmuré, l'esprit un peu embrumé.

-C'est son nom, pas vrai ?

Je n'ai rien répondu, et j'ai fermé les yeux un instant pour réfléchir, bercée par la brise légère qui faisait onduler mes cheveux.

- J'aimerai quand même bien savoir ce que tu as de spécial. Comment ce fait-il que tu sois toujours en vie ?

Je m'attendais à ce qu'il pose cette question, à un moment ou un autre. Le problème, c'est que je n'avais toujours pas de réponses.

- Je n'en sais rien moi-même, ai-je soufflé.

Un raclement parvint à mes oreilles, provoquait par des doigts s'agrippant à de l'écorce. J'ai ouvert les yeux et me suis subitement redressée, un peu affolée.

Orion était toujours paisiblement assis sur sa branche, le coude appuyé sur son genou. Il me regardait toujours intensément, mais j'étais concentrée sur deux silhouettes rapides qui grimpaient agilement au tronc.

Celles-ci s'arrêtèrent à notre niveau sur des branches adjacentes à celle d'Orion; c'était un homme et une femme. Je ne fus pas du tout surprise de découvrir qu'il s'agissait d'autres vampires.

La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant