♦ Chapitre 4 ♦ Oscarveld

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Je me suis réveillée au son de trois petits coups légers sur ma porte.

Ce n'était autre que Méline, qui m'annonçait que mon oncle serait prêt à me recevoir pour le petit déjeuner dans 1h.

Lorsque j'ai ouvert lentement les yeux en baillant, j'ai malheureusement constaté que je n'avais pas rêvé la couleur de ma chambre : elle était toujours aussi rose - ni mon arrivée au manoir d'ailleurs.

" Il va bien falloir que je m'y habitue. "

J'ai grogné péniblement en me redressant sur les coudes. Quelques rayons de soleil avaient réussi à se glisser entre mes rideaux, et la pièce baignait dans un léger halo doré.

J'ai attrapé mon portable qui était près de mon lit pour regarder l'heure.

Mes yeux s'arrondirent en voyant s'afficher 7h13.

" Eh ben ils ont tous l'air bien matinaux dans cette maison ! "

Je me suis rappelée l'annonce de Méline : j'avais 1h pour me préparer. Autant dire que je n'avais pas l'intention de m'amuser à prendre mon temps, sachant que je n'avais pas encore une réelle connaissance du tempérament de mon hôte.

Sans perdre de temps, je me suis enfermée dans la salle de bain pour prendre une bonne douche et me rendre présentable. Je suis ensuite retournée dans ma chambre, une serviette moelleuse autour de mon corps, pour choisir avec soin un jean slim noir et un t-shirt simple bleu ciel. J'attachais également le bracelet de Sophie à mon poignet gauche.

J'examinais mon reflet dans le miroir de la salle de bain une dernière fois, avant de descendre. De toute façon mon apparence n'avait aucune grande importance.

Au moment d'ouvrir la porte, je suis tombée nez à nez avec Sophie, la main en l'air, qui s'apprêtait visiblement à frapper.

- Bien dormi ? a t-elle demandé en souriant.

- Oui, ai-je répondu simplement en lui rendant son sourire.

J'écoutais Sophie me parler du deuxième étage et du personnel qu'elle avait rencontré, tandis que nous parcourrions  le chemin que nous avions emprunté la veille en sens inverse, pour se rendre au rez-de-chaussée. À mesure que nous descendions les escaliers, mon cœur cognait un peu plus fort dans ma poitrine à chaque marche. Sophie était derrière moi.

Arrivées sur le palier du grand escalier, des éclats de voix parvinrent à nos oreilles, qui firent cesser toutes onces de conversations entre nous.

- Et qui a pris cette décision ?

De toute évidence, c'était la voix de mon oncle : masculine, grave, et autoritaire.

Et visiblement, il avait l'air en colère.

- Vos proches, Monsieur. Ce n'est pas à moi qu'il faut se plaindre, vous le savez.

Je reconnue la voix de Méline dans ces dernières phrases.

Je me suis arrêtée dans ma descente, pas très sûre de moi. Sophie m'a lancé un regard interrogateur en suivant mon mouvement. Je lui intimais simplement le silence par langue des signes.

Je préférais attendre un peu avant de me présenter, d'autant que je ne voulais pas être mêlée à ce semblant de dispute - dont j'étais sans doute l'objet. 

- J'aimerais être prévenu à l'avenir, de l'arrivée d'invités surprises chez moi !

Je savais qu'il parlait de moi, mais je restais tout de même immobile, écoutant avec attention.

- Je vous ai pourtant prévenu.

-  Ah oui, et quand ça ?

-  Pas plus tard qu'il y a 1 semaine, Monsieur. Très exactement lundi après-midi lorsque vous preniez le thé.

Un long soupir énervé se fit entendre, puis mon oncle a reprit, suivit du bruit des pages d'un journal que l'on feuillette.

-  Je ne veux pas d'une gamine de 13 ans dans mon manoir. Je hais les enfants. Ils auraient pu l'envoyer chez quelqu'un d'autre, je m'en serais bien mieux porté ! Ces scélérats qui préfèrent me voir croupir dans mon manoir... 

Ma paupière se mit à tressauter, signe d'énervement.

" 13 ans ?! Non mais je rêve ! "

Sans vraiment réfléchir, j'ai descendu les quelques marches qui me séparaient du sol avec rapidité. Sophie tenta de me retenir, par intelligence, mais n'y parvint pas, pendant que Méline essayait de me défendre. 

-   Mais ses parents sont morts Monsieur !

-  Qu'importe, Clarissa et son mari n'avaient qu'à être plus prudents.

S'en était trop. J'ai marché droit vers la grande table rectangulaire où un grand homme en vieux costard était assis, et je me suis arrêtée à 1 mètre de lui, les bras croisés.

Ses cheveux étaient bruns et parsemés de mèches argentées, et au dessus de sa bouche trônait une petite moustache brune dessinait en pointes circulaires - qui me fit vaguement penser à celle du chauffeur. Ses yeux étaient de la même couleur que les miens, d'un brun profond presque noir.

Méline se tenait debout à côté de lui; elle semblait désolée pour ce que je venais d'entendre.

C'est à peine si il a levé les yeux vers moi, son journal à plat devant lui et sa tasse dans une main.

-  Sachez que j'ai 17 ans, cher oncle. Et si vous avez quoique ce soit à redire sur ma venue en ces lieux, sachez que je ne l'ai pas choisi non plus, et que je me ferai un grand plaisir de repartir dès que possible, ai-je dis le plus sèchement possible.


La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant