La forêt des vampires

♦ Chapitre 25 ♦ Le Beau Vampire

Arrivée à la lisière des premiers grands arbres, je me suis arrêtée et j'ai levé les yeux. Les branches les plus hautes étaient docilement secouées par la brise.

La sensation de fraîcheur que j'avais ressentie en traversant la barrière était toujours là, comme un avertissement à un danger imminent.

J'ai de nouveau tenté de distinguer quelque-chose entre les arbres, mais il faisait trop sombre - bien que ce soit seulement le matin.

J'ai passé l'autre bretelle de mon sac à dos sur mon épaule gauche, et j'ai serré les poings.

" Aller, tu as besoins de faire ça, ne l'oublie pas. Ce n'est pas seulement pour toi ! "

J'ai pris mon courage à deux mains, puis je suis enfin entrée dans la forêt.

~~

A mesure que j'avançais, je ne cessais de me répéter la même phrase dans ma tête :

" Tu ne le fais pas seulement pour toi. Pense aussi aux autres. "

Des bruits étranges s'élevaient autour de moi, se mêlant à mes oreilles sous la forme d'un bourdonnement un peu effrayant.

Parfois, des branches craquaient à ma droite, et des pas résonnaient à ma gauche.

Je ne saurais dire s'il s'agissait ou non de mon imagination. Quoiqu'il en soit, je n'avais encore croisé personne. Ou plutôt, je n'avais encore rien croisé.

Chose incroyable, cette dernière constatation eue le don de me soulager un peu. Mais ce soulagement fût d'assez courte durée, malheureusement pour moi.

Au bout de quelques minutes supplémentaires de marche, une silhouette se détacha dans l'obscurité, un peu plus loin.

C'était un homme.

Je l'ai tout de suite reconnu à son sourire.

~~

- Qu'est ce que tu fais ici ? a demandé Ace, sans aucune émotion, tout en gardant son sourire.

- Je te retourne la question ! Ne devrais tu pas être au manoir, comme les autres domestiques ?

J'ai serré un peu plus ma veste autour de moi.

Il a fait un pas en avant, lentement, sans me quitter des yeux.

- Tu vois, je ne suis pas tout à fait comme les autres, a t-il dit en s'appuyant contre un arbre.

Soudain, sans que je n'y puisse rien, ce que j'avais oublié me revins. Je me suis souvenue. Et j'aurai finalement préféré ne pas me souvenir.

Je me rappelais ses yeux rouges, sa vitesse, son visage près du mien, sa langue dans mon cou lorsqu'il avait essayé de me mordre...

Je me suis mise à reculer.

- Je sais... ce que tu es... ai-je bredouillé.

Il n'a pas répondu, et s'est contenté de montrer ses canines surdéveloppées.

De la peur, voilà le sentiment que j'ai ressentis en les voyant. Je savais que j'allais croiser des vampires, vu que cet endroit en était remplit.

Je le savais, et j'avais été effrayée rien qu'à cette idée... Mais j'étais déçue pour Ace.

" A quoi t'attendais-tu Elisa, enfin ? Qu'as tu osé espérer ? Qu'il soit humain ? "

J'ai secoué la tête. Son charme de vampire faisait effet sur moi, sans aucun doute.

Pourquoi ne m'en étais-je pas rendue compte la dernière fois ?

Ces yeux flamboyants, maintenant rouges vifs, ne me quittaient pas un seul instant. Je n'arrivais pourtant pas à garder les idées claires, et mon esprit divaguait.

J'ai porté la main droite à mon front, et j'ai détourné les yeux de son emprise. J'ai commencé à avoir mal à la tête, et cela s'intensifia à mesure que je résister.

- Comment fais-tu ça ?

Ace a penché la tête sur le côté et m'a fixé d'un regard intrigué, tout en avançant d'un pas supplémentaire.

Mon mal de tête augmenta encore, et je suis tombée à genoux sur le sol, tout en me concentrant pour ne pas flancher. J'ai également enlevé mon sac à dos, qui me gênait et m'alourdissait plus qu'autre chose.

- Tu es incroyablement forte dis-moi, jamais personne n'a réussi à me résister de cette manière.

Ace était maintenant agenouillé juste devant moi, son souffle glacé sur ma joue. J'ai fermé les yeux, pour m'empêcher de le regarder.

J'ai senti ses doigts relever mon menton.

" Mon Dieu Elisa, pourquoi est-ce que tu as eu cette idée stupide ? Tu aurais dû laisser Oscarveld régler ces problèmes... "

J'allais sûrement mourir, et c'était ce qui me faisait le plus peur.

Comme la plupart des gens d'ailleurs; tout ce que l'on ignore nous terrifie, et personne ne sait ce qu'il y a après la mort, si quand bien même il y a quelque-chose.

Mais je me suis tout de même refusée d'ouvrir les yeux, jusqu'au moment où je sentis quelque-chose de doux se poser lentement sur mes lèvres. Je sentis ensuite une violente piqûre.

J'ai subitement ouvert les yeux, alors qu'Ace reculait la tête, un mince filet de sang s'échappant de ses lèvres.

J'ai porté la main à ma bouche, horrifiée.

Il venait non seulement de m'embrasser, mais en plus de me mordre. Le goût infecte de mon sang se répandait de ma petite plaie dans ma bouche, et je me suis mise à cracher.

- Allons, on ne gâche pas la nourriture Elisa.

Ace a essuyé du bout des doigts les quelques gouttes que j'avais craché, avant de se les lécher.

Puis il s'est levé, me surplombant de toute sa taille, alors que je demeurais à genoux, totalement tétanisée et ne sachant plus comment réagir.

- J'ai su dès ton arrivée que tu avais quelque-chose de spécial, a t-il commencé alors que je tentais de me relever.

Il ne fis rien pour m'en empêcher, et s'est contenté de m'observer. Une fois debout, tremblante sur mes deux jambes, je me suis appuyée contre l'arbre le plus proche pour reprendre mes esprits, ainsi que mon souffle.

- Je pense te garder un peu plus longtemps que ce que mon père a prévu. Tant pis si il n'est pas d'accord, après tout je t'ai repéré le premier ! a t-il continué. De plus, ton sang est vraiment délicieux...

Il s'est goulûment passé la langue sur les lèvres, tout en me regardant, tel un prédateur sur sa proie.

Je ne réalisais plus vraiment ce qui m'arrivait.

Un seul mot me venait à l'esprit : fuir.