♦ Chapitre 9 ♦ Fatigue

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Je me suis assise sur un des canapés, en tremblotant, les yeux toujours rivés sur la fenêtre.

"  Qu'est ce que cela signifie ? Une barrière anti-vampires ? Mais... mais... "

Des larmes de peur me sont montées aux yeux. Mon cœur ne cessait de s'affoler dans ma poitrine. Je commençais vraiment à douter de ma présence ici. Etait-ce réellement une bonne idée de rester y vivre ? Assurément que non. 

" Seulement, ceux qui m'ont envoyé ici étaient-ils conscients de ce qui s'y tramait ? "

J'ai serré les poings. Je devais absolument partir. Partir loin de ce manoir, d'Oscarveld et de ses livres. Loin... de cette forêt bizarre.

Je ne m'étais même pas rendue compte que Sophie et Méline avaient déserté les lieux. Je me suis relevée avec peine, pour aller ramasser le livre qui gisait toujours ouvert sur le sol, face contre terre.

Lorsque je l'ai pris, mes yeux se sont posés sur l'auteur du livre. Mitchel Stenn. Mon grand-père maternel.

Ce fût trop d'informations pour mon cerveau, déjà surchargé d'émotions.

Tout a commencé à tourner autour de moi, et je me suis écroulée sur le sol.

Puis, tout est devenu noir.

~~

Je me suis réveillée dans mon lit, dans ma grande chambre rose.

En bougeant, j'ai réalisé que mes vêtements m'avaient été retirés, et que je portais désormais une chemise de nuit en soie.

Des rayons de soleil filtraient doucement entre mes rideaux et glissaient sur mes paupières closes. Lorsque j'ai ouvert les yeux, ceux-ci se posèrent sur un plateau contenant de la nourriture, posait sur ma coiffeuse. Un sourire s'est dessiné sur mes lèvres, mais la fatigue m'assaillit de nouveau.

J'avais très mal à la tête, et tous mes membres étaient endoloris. Mieux valait attendre un peu avant de me lever.

Alors que j'essayais de me rendormir, des coups légers ont retentis à ma porte. J'ai rouvert les yeux, tandis que Sophie pénétrait dans la pièce.

-  Pardon, je t'ai réveillée ?

-   Non.

Elle a pris la chaise qui trônait face à la coiffeuse et vint s'asseoir à mon chevet.

-   Tu nous as fait une peur bleue l'autre jour ! Méline et moi t'avons retrouvée inconsciente dans le salon, et on a cru qu'il t'était arrivé quelque-chose de grave ! 

-   Comment ça " l'autre jour " ? Combien de temps ai-je dormi ?

-   Tu as dormi deux jours. Un médecin est venu t'ausculté pendant ton sommeil ; d'après lui, tu as fais une overdose d'émotions fortes, et tu t'es évanouie de fatigue. Selon lui, cela serait dû aux troubles émotionnels que tu as subi récemment, à savoir... - elle a semblé hésiter avant de finir sa phrase - la mort de tes parents.

J'ai hoché doucement la tête, en sachant très bien que c'était totalement faux. La page de ce livre me hantait encore.

Et la rencontre avec Ace aussi.

Quelque-chose ne tournait pas rond, et je n'avais aucune envie de m'attarder face à quelque-chose de totalement dingue - ma mère avait-elle par mégarde omit de me parler de certains antécédents psychiatriques dans la famille ?

Je devais d'abord éclaircir certains points avec Oscarveld, avant d'en parler à Sophie.

-   Où est Oscar ?

-   Dans son bureau je suppose; il y passe les trois quarts de la journée, d'après les dires de Méline.

-   Je dois lui parler.

J'ai fais un mouvement pour me redresser sur les coudes, mais Sophie m'arrêta en m'agrippant les épaules. J'ai râlé alors qu'elle me rabattait fermement contre mes oreillers.

-   Hors de questions que tu te lèves maintenant, tu n'es pas encore en état, a t-elle dit très sérieusement. Le médecin veut que tu te reposes encore jusqu'à demain.

-    Je vais mieux, bougonnais-je en lui tournant le dos.

Je l'ai entendu soupirer dans mon dos, puis se lever de sa chaise. L'odeur de la nourriture qu'elle déposa sur la table de nuit me chatouilla les narines, et je me suis retournée, un peu à contre cœur.

Mais mon estomac criait famine, et je n'avais pas mangé depuis deux jours. La corbeille de fruits frais et brillants me tendait les bras.

N'y tenant plus, j'ai tendu un bras fébrile au dessus des draps pour attraper une pomme verte.

Sophie a laissé échapper un petit rire en me voyant mordre goulûment dans le fruit.

-  Reprends des forces, tu vas en avoir besoin.

J'ai tourné la tête vers elle, le sourcil haussé.

-  Ton premier cours particulier a lieu demain, s'est-elle justifiée gentiment.

J'avais complètement oublié ce détail. Bien que j'avais la chance d'être dispenser d'aller en cours, de part la richesse dans laquelle je vivais depuis mon enfance, mes parents avaient tout de même tenu à ce que je reçoive une éducation semblable aux autres.   

Je ne pensais pas avoir également le droit à des cours particuliers ici.

J'ai soupiré bruyamment en finissant ma pomme, avant d'en attraper une autre, cette fois-ci, de couleur jaune.

Sophie s'est frottée les mains sur sa robe tablier en souriant, avant de se lever de nouveau.

-   Je vais devoir y aller, ils ont besoin de moi en bas.

Je l'ai suivi des yeux sans rien dire alors qu'elle s'est dirigée rapidement vers la porte.

-    Tâche de dormir encore un peu, ça ne te ferais pas de mal, vu la tête que tu as, lâcha t-elle dans l'encadrement de la porte au moment de partir. 

-    Hé ! Qu'est-ce-qu'elle a ma tête ? répliquais-je en faisant la grimace.

-    Tu as la tête d'une ado morte de fatigue ! a-t-elle dit en riant, avant de sortir.

J'ai rapidement fini ma pomme, avant d'attraper la bouteille d'eau posée sur le plateau. J'ai bu quelques gorgées du liquide frais. J'ai également avalé quelques morceaux du croissant fumant qui me faisait de l'œil.

Puis,  je me suis enfoncée dans les draps, et j'ai laissé ma tête reposer lentement sur mes oreillers moelleux.

À peine avais-je fermé les yeux, que je dormais déjà.              

L'image du beau visage souriant de Ace hanta mes rêves.                  



La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant