♦ Chapitre 27 ♦ Réanimation

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" Je le sens vraiment très, très mal... "

- Shiin, écarte toi de ma proie, a ordonné froidement le père d'Ace, qui en une enjambée m'avait rejoint.

La vampire asiatique à mes côtés s'est aussitôt écartée d'un mouvement rapide et précis, pour venir rejoindre les autres toujours attroupés autour de la scène.

Dans le dos de mon agresseur, j'ai aperçu Ace qui se frottait le cou d'une main, là où de grandes traces rouges étaient maintenant visibles. Il me détaillait du regard sans émotion, comme si il réfléchissait.

Le chef s'est baissé pour mettre son visage à mon niveau, ses yeux rouges pile à la hauteur de mes propres yeux noirs. Vu d'encore plus près, il n'en était que plus effrayant encore. Ses cheveux blancs lui tombaient devant les yeux, et je les sentaient descendre le long de mon ventre, tant leur longueur était impressionnante.

- Sven.

Il a prononcé ce mot - qui semblait être un prénom - en se passant la langue sur les lèvres. Sans comprendre, je suis restée immobile.

- C'est moi, a t-il dit en me tapotant le front de l'ongle de son index.

Il paraissait étonnamment calme, et il souriait à présent. Ce changement d'humeur soudain ne me rassurait pas du tout, bien au contraire. Je devais m'attendre à tout.

Ses yeux sont allés se poser sur mon cou, comme quelques minutes auparavant. Mon cœur rata un battement.

- Alors comme ça, tu es pressée de nous quitter ?

Je n'ai rien répondu et j'ai dégluti. Je savais ce qui allait suivre, c'était une évidence.

- Tu n'as toujours pas compris. Tu ne sortiras pas d'ici vivante ! Jamais tu ne reverras ta famille !


Sa voix était redevenue brutale et bestiale, et ses yeux rouges sangs s'agrandirent de désir.

Bien sûr que je l'avais compris, et c'était justement pour cette raison que je ne voulais pas rester.

" Quelle famille ? "

Cette pensée a traversée mon esprit, et le sentiment de nostalgie qui aurait dû surgir bien avant, fit enfin surface. Ma mère, mon père... C'étaient eux ma vraie famille. Je me suis rendue compte à ce moment précis, que je les aimais vraiment. Le moment était mal choisit pour y penser, et de toute façon il était trop tard.

Sortant petit à petit de ma torpeur, j'ai remarqué qu'aucune douleur ne m'avait encore déchiquetée le cou. Sven ne m'avait toujours pas mordu; il se contentait simplement de me fixer. Un silence total nous entourait. Je me suis alors rendue compte que tous les vampires avaient disparus autour de nous, excepté Ace. 

J'avais l'affreuse impression que le père d'Ace attendait sagement que je me concentre sur lui, plus précisément sur ce qu'il s'apprêtait à me faire : il voulait me voir souffrir, sans aucun doute. J'ai compris que j'avais raison quand ses yeux se détachèrent enfin de mon visage. 

" Quel vampire n'est pas sadique, de toute façon ? "

- Tu es à moi... a soufflé Sven au creux de mon cou, avant d'enfin y planter sauvagement les crocs.

" Je ne suis... à personne ! "

La douleur fût fulgurante, et m'arracha un cri un peu étouffé. C'était beaucoup plus douloureux que lorsque Ace m'avait mordu les lèvres. J'entendais et sentais chaque gorgée de sang qu'il m'arrachait s'échapper de mon corps. J'ai cessé de me débattre, totalement impuissante. J'ai commencé à voir flou, tant la douleur était insupportable. Ces deux crocs étaient comme deux barres de fers, qui trouaient ma peau et si enfonçaient inlassablement. 

Mon dos s'est rabattu mollement contre le tronc d'arbre auquel j'étais toujours attachée. Sven aspirait mon sang de plus en plus rapidement, et ses mains agrippaient mes épaules, pour m'empêcher de bouger - de toute façon, je n'avais plus de force.

" J-Je... Je vais mourir... "

Mon regard a croisé une dernière fois celui d'Ace, qui n'avait pas bougé. Je crus apercevoir une once de pitié dans ses yeux rouges, et je n'eue pas le temps dans être sûre.

" Sale... "

Je n'avais même plus la force de l'insulter en pensées.

Mes yeux se fermèrent, et ma tête tomba en arrière. La douleur devint un songe, lointain, et je me suis sentie partir. 

Les crocs de Sven se retirèrent difficilement de ma chair. Il m'avait tué. Il m'avait vidé de tout mon sang, ne laissant rien d'autre qu'un corps sans vie.

Mais bizarrement, à ce moment précis où j'aurai dû mourir, quelque chose d'étrange au fond de mon être ranima mon cœur et me sauva la vie. Le sang afflua de nouveau dans mes veines, un sang neuf et totalement pur. Mon cœur s'est lui aussi remis en marche, propageant ainsi mon liquide de vie dans tout mes organes à une vitesse fulgurante.

J'ai subitement ouvert les yeux en inspirant et expirant bruyamment, comme si on avait tenté de m'étouffer. Les deux vampires semblaient totalement ébahis. Je ne comprenais absolument pas ce qui venait de m'arriver, et j'avais affreusement mal au crâne.

Sans aucune grâce, je me suis laissée glisser sur le côté et je me suis encore évanouie.











La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant