♦ Chapitre 38 ♦ Retour au Manoir

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Mes paupières se mirent à me picoter. J'ai doucement passé les mains sur la surface fine et douce de mon drap, en esquissant un petit sourire de soulagement. J'ai ensuite ouvert les yeux en étirant mes bras en direction du plafond rose, dont je ne distinguais pourtant pas la couleur dans l'obscurité ambiante - dû aux rideaux fermés.

- J'aurai jamais cru dire ça, mais je suis contente de te retrouver, ai-je laissé échapper en murmurant.

J'étais enfin de retour au manoir. Chez moi.

J'étais détendue, entourée d'un silence reposant et d'une chaleur protectrice; je me sentais en sécurité entre ces murs.

Mon moment de bien-être fut malheureusement de courte durée, lorsque tous les souvenirs revinrent. Tout ce qui m'était arrivé dans cette maudite forêt, tout ce que j'y avait appris... C'était à peine croyable.

Un  petit résumé de ma situation s'imposait :

Je n'étais plus humaine. Enfin, pour être exacte je ne l'avais jamais été. Disons simplement que mes gênes vampires s'étaient soudainement " réveillées ". Pour couronner le tout, j'étais immortelle - ce qui avait le don de me terrifier encore plus que la mort elle-même.

Quant à tous ces vampires que j'avais rencontré... Les visages d'Ace et Orion flottaient dans mon esprit, entourés de ceux de Mildred, Sven, et de tous les vampires appartenant aux deux colonies que j'avais aperçu.

J'ai instinctivement porté les mains à mon cou, aux endroits des morsures. Je n'étais pas mettre d'oublier ce que j'avais vécu. Si il y avait bien une chose que j'avais retenu en m'aventurant dans cette forêt, c'était qu'il ne fallait en aucun cas agir sans avoir d'abord soupeser les chances de survie.

J'avais plus que jamais besoin de repos, mais je savais pertinemment qu'il ne me serait pas pleinement accordé; ou du moins, pas tant que toute cette histoire aurait été résolue.

C'était donc sur cette dernière pensée, que je me suis décidée à me lever, en essayant d'oublier le reste. J'avais hâte de revoir Sophie, de la rassurer. Elle était et resterait ma meilleure amie, malgré la différence d'âge - et maintenant la différence physique - qui nous séparaient. Parmi mes sombres pensées, elle était l'étincelle qui pouvait tout illuminer.

Je me suis redressée en position assise avant de me lever, un peu chancelante. Tout mon corps était courbaturé, et il me fallut bien quelques minutes pour me rendre jusqu'à la porte. D'un point de vue extérieur, je devais sans aucun doute ressembler à une mamie de 80 ans.

En sortant dans le couloir, j'ai remarqué que tout était sombre et que tout les volets étaient clos; sans doute était-ce la nuit ? Après tout, je ne savais pas combien de temps j'avais dormis.

Alors que je m'engageais en direction de l'escalier, mes pieds rencontrèrent un obstacle, et je faillis m'étaler sur la moquette. J'eue un mouvement de recul en distinguant une forme longue et allongée qui émettait un léger sifflement, et j'ai tendu la main vers l'interrupteur situé à côté de ma porte. La lumière fut. La vision de Sophie en train de dormir, adossée contre le mur et les jambes étendue au milieu du couloir, m'arracha un sourire. J'étais pratiquement sûre qu'elle avait passé ses journées à ma porte en attendant mon réveil - c'était bien son genre.

Je pris quelques secondes pour réfléchir, avant de me décider à la laisser dormir, même si j'avais très envie de la serrer dans mes bras; elle non plus n'avait pas dû beaucoup se reposer, et ce en partie à cause de moi. J'ai de nouveau appuyé sur l'interrupteur pour éteindre, et je me suis éloignée sur la pointe des pieds, en prenant le soin de ne pas l'écraser cette fois.

La forêt des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant