♦ Chapitre 6 ♦ Le Mystérieux Valet

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Après avoir passé deux bonnes heures, qui me parurent interminables, en compagnie d'Oscarveld, je suis montée dans ma chambre pour m'écrouler sur mon lit.

Mon oncle m'avait énuméré une vingtaine de règles que je me " devais " de respecter dans sa demeure - toutes plus ennuyeuses les unes que les autres - tout en arpentant le manoir de fond en combles.

Je ne m'étais pas rendue compte à quel point ce manoir était immense. 

J'ai poussé un grognement tout en étirant mes jambes et mon dos endoloris.

Puis, un tiraillement douloureux dans mon ventre me rappela que je n'avais pas déjeuné. J'ai jeté un rapide coup d'œil à mon téléphone, toujours posé sur ma table de nuit. 10h48.

J'ai haussé les épaules en me redressant.

"  J'ai peut être encore une chance de recevoir mon petit déjeuner ! "

Sur cette pensée, je suis donc descendue dans le salon/salle à manger, soit la grande pièce dans laquelle débouchait le grand escalier.

~~

Arrivée en bas, j'ai constaté que la pièce était vide. Néanmoins, un couvert avait été disposé sur la table, à la place où se tenait mon oncle quelques heures plus tôt. Je me suis approchée en humant avec délice l'odeur qui émanait de l'assiette, dans laquelle avait été soigneusement disposé du bacon et de l'omelette. Il y avait également un verre remplit d'un liquide orangé - sans aucun doute du jus d'orange - et un petit panier débordant de viennoiseries. L'assiette, ainsi que les couverts étaient en argent, ce qui me valut un petit haussement de sourcils.

"  Et bien, je ne m'attendais pas à tout ça... " 

J'ai ensuite remarqué un petit bout de papier, coincé entre l'assiette et la serviette, soigneusement plié en deux, sur lequel je pus lire :


Pour Mademoiselle Élisabetha

Bon appétit !

Méline


J'ai souri, la remerciant intérieurement. Puis, j'ai pris place sur la chaise de velours.

La table était immense et rectangulaire, entourée de chaises, et construite avec la vieille écorce d'un chêne. Je me suis demandée un instant à quoi pouvaient bien servir toutes ces chaises, étant donné qu'Oscarveld vivait seul - sans compter les domestiques.

J'ai introduis une fine tranche de bacon fumante dans ma bouche, et tout en savourant son goût exquis, j'ai continué mon observation des lieux.

Un énorme lustre trônait haut au dessus de la table. Derrière moi, se trouvait une porte entrouverte, d'où s'échapper des bruits de casseroles - j'en conclus qu'il s'agissait de la cuisine. En face de la grande table, il y avait le coin salon, situait entre le mur de gauche et le grand escalier. Cet espace était constitué de deux grands canapés en velours pourpre, et de quelques fauteuils de la même couleur, rassemblés autour d'un grand écran plat.

"  Pas si ancien que ça le mobilier finalement ! "

Une petite porte située à quelques mètres de la télé, donnait accès au jardin.

Il y avait aussi une imposante bibliothèque, qui était ancrée dans le mur de gauche, sur toute sa longueur. La lumière était apportée par quatre grandes fenêtres, situées à divers endroits de la pièce.

La porte d'entrée que nous avions emprunté la veille était immense, et faisait face à l'escalier.

Cette grande salle semblait occuper une bonne moitié du rez-de-chaussé tout entier.

J'ai terminé rapidement de manger, puis me suis levée, ne sachant que faire de mon assiette. Sans que j'ai le temps de me questionner davantage, un vieillard chauve à la moustache grise est apparu derrière moi me faisant légèrement sursauter, et s'est empressé de débarrasser.

-  Oh... Merci...

Il m'a adressé un petit sourire, avant de déclarer :

-  C'est mon métier, Mademoiselle.

Puis, il est partit.

J'ai haussé les épaules. Alors que je me dirigeais vers l'escalier, je me suis arrêtée devant une des fenêtres pour regarder au dehors. Il faisait encore très beau.

-  Bien, je pense qu'une journée dehors s'impose ! ai-je dis à voix haute, le sourire aux lèvres, en agrippant la rambarde lisse.

~~

Je suis plus tard redescendue emprunter la porte du salon pour me rendre dans le jardin, mon livre entre les mains. J'ai ensuite traversé le petit chemin de gravier pour me rendre dans la roseraie, située non loin de la frontière du terrain.

Je fus rassurée de constater qu'aucun jardinier n'y travaillait : j'allais pouvoir avoir mon petit moment de tranquillité.

Je pris place sur un banc de pierre blanche, au milieu des roses rouges. Puis, j'ouvris mon livre. C'était un ouvrage de vampires, dont j'étais totalement fan, et que j'avais déjà lu une bonne dizaine de fois.

Ces créatures mythiques me passionnaient.

~~

Cela devait faire une heure et demie que j'étais seule installée sur mon banc, sans que je ne me rende compte du temps passé.  

J'étais tellement obnubilée par ma lecture, que je n'entendis pas les pas qui se rapprochaient dans ma direction. Des pas traînants, qui semblaient douloureux.

Le nouvel arrivant s'est arrêté à quelques mètres de moi, et c'est seulement lorsqu'il a ouvert la bouche que j'ai pris conscience de sa présence, en sursautant.

-  Bonjour Mademoiselle.

J'ai subitement levé les yeux, surprise.

Un jeune homme un peu plus âgé que moi, vêtu d'une sorte de costard noir, me faisait face. Ses cheveux couleur miel, coupés courts, tombaient devant ses yeux, lui donnant un air charmeur. Ses yeux noirs profonds quant à eux, me dévisageaient avec gentillesse. Il avait un visage carré et un petit sourire plaqué sur les lèvres.

-   Oh... euh... Bonjour ! ai-je répondu en rougissant. Vous êtes  un... hum... " domestique " d'Oscarveld, c'est ça ?

Il a parut un très bref instant surpris, puis son sourire s'est élargit.

-   En effet, je suis un des valets... de Monsieur.

Il me fit une petite révérence, et j'ai ri nerveusement.

-   Mon nom est Ace. [Note de l'Auteure : à prononcer à l'anglaise "Eisse" et non "As"]

-   Oh, enchantée. Je suis Elisabetha, mais tout le monde m'appelle Elisa.

-    Elisa... a t-il soufflé en me fixant intensément.

Un instant, je cru apercevoir un reflet rouge vif parcourir ses iris.

Ace s'est approché de moi et a attrapé une mèche de mes cheveux. Il l'a porté à son nez, puis à sa bouche pour y déposer un baiser.

-   Ravie de vous connaître, dit-il.

Gênée, j'ai hoché la tête et eu un petit mouvement de recul, pour retirer délicatement mes mèches de sa main. J'étais maintenant totalement mal à l'aise.

Il le remarqua et se redressa, toujours en souriant. Je fis de même, refermant mon livre et me levant du banc.

-   Excusez-moi, je dois y aller.

Je suis partie rapidement, sans me retourner ni attendre une quelconque réponse de sa part. Mon cœur battait la chamade, et je sentais encore son regard brûlant dans mon dos.

Au moment de sortir de la roseraie, j'ai risqué un petit coup d'œil par dessus mon épaule.

 A ma grande surprise, Ace avait disparu, et une petite flaque rouge s'étalait sur le sol à l'endroit même où il s'était tenu, quelques minutes plus tôt.





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