CHAPITRE 11

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Le portail se fermait. Les derniers élèves se ruaient à l'extérieur pour quitter l'établissement de Eradale. Depuis la fenêtre du couloir, il observait le magnifique coucher de soleil embrassant les toits des maisons. Le soleil n'allait pas tarder à se coucher et ainsi, la ville allait être plongée dans le silence. Il préférait le calme que ces journées interminables, comblées par le bruit des élèves. Pourtant, ces journées le remplissaient de bonheur.

L'homme marcha lentement vers son bureau, en sifflant. Ses pas lents lui permettaient à distance, de vérifier s'il restait des personnes errantes dans les couloirs. Il devait assurer ses arrières depuis quelques années, qui était devenu une habitude.

Il adorait l'endroit dans lequel il travaillait. Les murs abritaient de somptueuses bibliothèques, débordantes de livres. Le peu de places restantes sur les étagères, permettaient d'y déposer de nombreuses plantes. L'individu prenait toujours soin de ces éléments végétaux. Il fallait les arroser, couper les tiges, changer l'orientation des pots selon la direction d soleil au fur et à mesure de la journée. Comme s'ils s'agissaient de ses enfants. Ses mains effleurèrent son bureau en bois, décoré par de grands vases remplis de roses. Il se sentait heureux de vivre dans un endroit où toutes ses passions étaient réunies.

Il avança lentement vers l'arrière de son bureau pour ouvrir les fenêtres. Sa vue était splendide : il observait la nuit tombée et la ville plongée dans le silence. Il se sentait apaisé.

L'air froid attaqua son visage. L'homme n'avait pas encore pris cette habitude, qui se passait tous les soirs : il s'agissait du seul moyen pour assurer sa protection. L'individu pouvait le faire à n'importe quel moment de la journée mais il avait toujours des affaires à régler.

L'homme se jeta violemment par-dessus la fenêtre. Il ferma les yeux pendant sa chute. Il sentait, à chaque fois, une vague d'excitation qui lui parcourait le corps. Il avait toujours une crainte que son corps puisse s'écraser sur le sol. C'était le hasard mais il avait sacrifié une partie de sa vie, de son énergie vitale pour concevoir une telle protection, à savoir, une véritable île artificielle.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il détestait le fait que ses vêtements soient toujours recouverts de poussière et de brindilles. Il sentit la douce odeur du sel de la mer où les vagues chantaient et se brassaient entre elles, s'étendant à perte de vue. Pourtant, cette mare d'eau gigantesque n'était qu'une création du propriétaire.

L'individu s'aventura dans la forêt, qui était le point de départ après être arrivé sur cette terre arable. Il observait les arbres, cachant l'un des plus beaux ciels étoilés qu'il n'avait jamais vus. L'homme approcha son œil des vitres protégeant les ampoules des lanternes, illuminant le chemin à suivre. Il s'assurait que les vitres soient toujours propres.

Les lumières jaunes montraient également de nombreuses créatures, vivant dans les bois. Il profita pour caresser quelques chiens et chats déformés par la magie, puis il continua son chemin. Il aimait l'ambiance qu'il avait créée pour le bonheur de son maître.

L'homme observait, au-delà des conifères, le toit de la demeure. Il voulait rentrer à la maison. Il se propulsa légèrement afin de dépasser les arbres : il s'agissait du seul moyen pour atteindre le domaine. Son protecteur ajustait chaque détail pour qu'une personne humaine se perde dans l'île. Chaque fois qu'il avançait, il évita ses nombreux pièges contre les visiteurs inconnus. Une fois, il avait retrouvé le corps d'un étudiant au fond de la forêt, étalé et empalé sur un buisson épineux tandis que le serviteur cherchait des bouquets de menthe.

L'individu était triste de retrouver, dans un état lamentable, ses belles roses qu'il avait tant entretenues, à cause d'un stupide cadavre.

L'homme se retrouva devant ce domaine dont il était tant fier. Le jardin possédait des haies parfaitement taillées où les rosiers et d'autres fleurs s'entremêlaient sur l'espace vert. Les graviers blancs et gris empêchaient toutes les mauvaises herbes de naître. Il regardait le potager qui prenait vie dans un coin de verdure. Il avait presque les larmes aux yeux, de voir des fleurs qui émergeaient des tiges végétales.

Le Prince Immortel (TOME 1)Where stories live. Discover now