CHAPITRE 34

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L'ambiance était tendue dans le wagon.

Assise à côté de Zeref, Elane n'arrivait pas à se détacher d'Egdar, tous les deux assis en face de moi.

Amira se trouvait au fond du wagon, assise à côté de Gus, son spectre entre les mains.

L'angoisse et la crainte planaient au-dessus de nos têtes. Le combat contre Julia approchait à un grand pas et il risquait d'être compliqué.

J'étais assise depuis trois heures dans le train – nous traversions le territoire des Mortels.

Plusieurs étudiants innovèrent dans leurs occupations à travers des jeux de cartes, des devinettes et le prêt de leurs armes.

Elane donnait notre propre animation.

Elle se lançait dans sa biographie, en commençant par son enfant dans le berceau des Prêtresses. Egdar regardait le paysage et ne semblait pas vouloir entendre son histoire.

Quant à Zeref, il était très curieux. Il parla avec la jeune femme, lui posa quelques questions sur l'orphelinat où elle avait grandi.

Elane s'était entraînée au côté de l'Ange, Christiane. Cette femme ne pouvait perdre aucun combat. Tous les soirs, Elane savourait sa défaite, à bout de force. Au fil des années, la directrice du Conseil excella dans l'art de se battre, de l'éloquence et dans la magie.

Mon regard s'arrêta sur le paysage ; la voix d'Elane qui s'éloignait petit à petit. Le train continua d'avancer sur la gauche d'une grande ville.

Ses immenses tours vomissaient de la fumée noire et épaisse. De grands rouages tournaient autour d'une horloge. Les lumières, malgré le soleil, alimentaient les différentes tours de pierre.

— La ville des Lumières, chuchotai-je.

— Rivenburg pour être plus exact, répondit Zeref en me souriant. La capitale des Mortels.

Ma mère m'avait déjà mentionné cette ville lorsque j'étais au lycée. Plusieurs clients venaient la voir dans notre maison puisqu'ils se plaignaient d'une quinte de toux persistante, à cause de la fumée toxique qu'ils respiraient toute la journée.

Les rues de la capitale se résumaient à l'argent, le sexe, l'alcool et les bagarres entre les individus. Le vol y était tellement fréquent que les marchands n'y mettaient plus les pieds.

— La ville possède une architecture époustouflante, continua Zeref.

Les maisons attestaient d'une architecture néo-gothique avec des toits inclinés. Au-delà de cette ville unique, le ciel de Rivenburg était peuplé d'engins volants comme des dirigeables, des aéroplanes. La capitale des Mortels était une ville futuriste, complètement différente des autres, comme la mienne.

Egdar s'était endormi.

Elane était muette. Elle se leva en embrassant légèrement l'épaule de l'Uniforme Noir puis, elle se retira pour rejoindre le reste du Conseil.

— Comment va Jake ? Demandai-je à Zeref.

— L'homme semble aller mieux, il est retourné dans le territoire des Mortels, avec l'aide d'Egdar.

Jake s'était rendu au territoire des Prêtresses, pour savoir si elles acceptaient son départ. Il ne reçut aucune réponse chaleureuse avant de se faire bannir du territoire.

Le jeune homme trouva sa place dans une ville du Centre. Il avait avoué, à Egdar, qu'il rêvait d'exercer un métier de cuisiner dans un restaurant.

— Il souhaite oublier la magie, continua Zeref. Petit à petit, il fait son deuil par rapport à Ju.

— Les deux nouveaux membres du Conseil sont arrivés rapidement, dis-je à Zeref. Je ne pensais pas que le remplacement pouvait être aussi efficace.

— Quand une personne meurt ou décide de quitter le Conseil, je suis dans l'obligation de parler aux Prêtresses pour un envoi. Il constitue le don de personnes pouvant être capable d'être admis au sein du Conseil.

Zeref avoua, qu'à chaque appel, il n'était pas enjoué. La voix de Christiane le mettait mal à l'aise. C'était une femme méprisante – elle était un Ange.

— Elle n'est pas comme les autres Prêtresses ou même d'un Ange, Christiane ne semble pas avoir grandie dans son territoire.

— Christiane est sûrement une personne importante et elle possède un poste particulier et important.

— Sans doute.

Pour Jake, les Prêtresses et notamment, l'Ange, lui a bien fait comprendre qu'il ne pourra plus jamais remettre le pied dans les territoires exerçant la magie comme les Elfes, les Sorciers, les Anges et les Démons. Cette situation arrangeait le souhait de l'ancien membre du Conseil.

— Pour quitter le Conseil, il faut mourir ou terminer son contrat de plusieurs années.

— Jake ne fait pas partie de ces conditions.

— D'une certaine façon, il est puni de son comportement.

Jake n'avait pas attesté sa reconnaissance envers les Prêtresses. Il regrettait son poste, depuis la mort de Ju. De plus, il semblait terrifier puisqu'il avait vu son fidèle ami, Peter, proche de la mort.

— Elane est présidente du Conseil, elle doit avoir de solides épaules.

Zeref acquiesça.

Pour obtenir le poste de présidente, il fallait se démarquer des autres. Autrement dit, Elane s'était dressée dans l'ombre de son exemple, Christiane.

— Depuis le décès de sa mère, l'Ange est considéré comme une deuxième mère pour elle, chuchota Zeref. Je pense qu'elle a tout fait pour ne pas la décevoir.

— Elle n'avait que cette femme sous son aile.

— Je n'imagine pas ce qu'elle a pu subir pendant toutes ses années.

L'orphelinat des Terres Saintes, territoire des Prêtresses, se situait sur une île où des vieilles femmes enseignaient et donnaient des cours. Elles insistaient sur le Roi Immortel, un être ignoble qui ne méritait pas de vivre. Il devait devenir, l'ennemi numéro un, de tous ces jeunes enfants.

— Lorsqu'il est devenu prisonnier, les Prêtresses ont oublié son visage, le lieu de son emprisonnement. Ce roi a donné une malédiction en échange de ce supplice.

Le paysage changea alors que nous étions qu'à un arrêt de notre voyage. Les villes semblaient loin de nous.

La neige couvrait les champs et les arbres ; les animaux n'existaient pas dans cette partie du monde. Le vent balayait la fine couche de neige sur les branches des sapins.

Egdar était réveillé et il nous souriait. Elane n'était toujours pas revenue.

Il se leva et frappa dans ses mains. Andrew fit la même chose et emmena ses élèves à l'arrière du train. Hector était aidé par Lise ainsi que deux autres élèves pour le mettre debout. Il semblait pourtant plus jeune que Zeref, mais le chef de l'établissement se portait mieux.

Il semblait jeune, fort et sûr de lui.

Le train s'arrêta. Par la fenêtre, j'observais le Conseil qui était le premier groupe à sortir.

Nous étions les seuls devant la gare. Personne d'autre n'était descendu. La gare semblait abandonnée. La peinture rouge des volets s'effritait comme sa grande porte bleue.

Amira me rejoignit en prenant mon bras sous le sien.

L'Expéditioncommença, dès que nous emboîtions le pas pour nous éloigner de la gare. 

Le Prince Immortel (TOME 1)Kde žijí příběhy. Začni objevovat