CHAPITRE 36

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Au sommet de la montagne, seule la lune nous éclairait. Le bruit du l'eau et des oiseaux étaient les seules choses reposantes de ce voyage.

Le petit village était illuminé et les derniers villageois rentraient du travail ou certains étendaient le linge.

Nous avions établi notre camp dans une grotte.

Les Uniformes Rouges étaient les premiers couchés alors que nous allions commencer le récapitulatif de la mission de demain. Lise était une capitaine stricte qui voulait voir ses soldats en pleine forme.

— Demain, nous allons poser des questions auprès des villageois, chuchota Elane. Je vous demande d'accorder une attention particulière sur les marchands transportant un tas de marchandises.

— L'armée de Julia semble se cacher parmi la population intervint Peter. Elle semble attendre notre visite.

Elane sortit un plan où elle nomma les différents postes de l'Armée dans le village. Elle montra d'abord avec son doigt, notre entrée au sommet des montagnes.

Les Uniformes Roses et Verts resteront au niveau de ces montagnes et ils alerteront si besoin, les autres soldats. Il s'agissait d'une première défense face à l'armée de Julia.

L'Armée Rouge restera devant les entrées du village en inspectant les sentiers alentours et les bois.

Le Conseil sera présent pour les villageois – ils permettront de rassurer les habitants. Ils poseront des questions sur les habitudes des villageois.

Les Uniformes Noirs resteront sur le lac, sur un bateau de pêche, un fileyeur. Nous ferons des tours sur l'eau, cherchant des indices.

— L'Armée Blanche arrêtera chaque voyageur pour fouiller leurs chariots, continua Elane, les yeux rivés sur sa carte.

En même temps que fouiller les rues, les Uniformes Blancs avaient le plus de travail.

Elane nous donna quelques paroles d'encouragement, en espérant nous revoir, vivants et unis.

Après son vague discours, je me levais pour rejoindre l'extérieur. Ses paroles m'avaient étouffé, son discours n'avait rien d'encourageant. Pendant la prononciation de ses mots, ses yeux s'étaient rivés sur Egdar, à moitié endormi contre la paroi de la grotte.

Elle n'adressait même pas ses paroles à nous, les soldats mais à un chef de l'Armée qui semblait en avoir rien à faire.

Une faible tempête de neige glissait sur les pentes des montagnes.

Passer toute la journée sur un bateau, quelle merveilleuse idée ! Pendant que les autres allaient récolter de véritables indices ainsi que des informations, nous allions faire des tours en bateau, comme si nous étions en vacances. De plus, nous étions l'Armée la plus vulnérable, au milieu de l'eau, nous étions rien.

Zeref jaillit à mes côtés. Je ne l'avais pas entendu s'approcher. Il regarda le petit village presque éteint. Puis, il soupira avant de poser sa main sur mon épaule.

— Meï, je te sens préoccupée, murmura-t-il.

— Je ne suis pas d'accord avec le plan d'Elane, je ne veux pas passer ma journée sur un bateau tandis que les autres vont se battre.

— Ce n'est pas les plans d'Elane mais celui des chefs de l'Armée, notamment Egdar et Lise.

— Je ne pensais pas qu'ils souhaitaient voir les Uniformes Noirs sur le lac.

— Ne change pas les plans, déclara une voix derrière nous.

Egdar était également sorti de la grotte. La lueur de la lune éclairait une partie de son visage, légèrement mouillé. Il semblait avoir été léché par quelque chose.

Ou quelqu'un.

— Je me sens juste vulnérable de me retrouver dans un bateau pendant une journée, répondis-je froidement à mon interlocuteur.

— Je te demande de ne pas commettre d'imprudence, soutient Egdar.

— Je vais me plier aux ordres, mentis-je droit dans les yeux.

Egdar s'approcha du chef de l'établissement puis il s'assit, juste à ma droite. Sa présence me donnait mal au ventre et je me sentais mal à l'aise.

Le plan d'Hector et d'Egdar n'était pas si précis dans le rôle de chacun. En soit, tout le monde était libre de faire ce qu'il voulait.

— Meï, chuchota Egdar. S'il te plaît, je ne veux pas...

Ses doigts glissaient sur la manche de mon pull. Ses gestes étaient doux et réguliers. Chacun de ses passages me donnait des frissons indésirables. Je ne comprenais pas son comportement alors qu'il était repoussant envers mon égard.

Ses yeux plongèrent dans les miens. Sa trace de bave existait toujours sur sa joue, ce qui me dégoûtait.

Je devais rencontrer Hélène et Luce, ces deux sorcières. Je devais leur poser plusieurs questions, et d'une certaine façon, les remercier d'avoir pris soin d'elle.

Aussi, je devais retrouver la tombe de ce vieux Adnan, sans doute décéder aujourd'hui.

J'avais pris ma décision.

Lorsque nous descendrons au centre du village, je sauterais seule dans l'une des charrettes pour me rapprocher, au maximum, de l'autre côté du lac.

Quand j'irais les retrouver, Julia semblait déjà m'attendre.

Lorsque je sortis de mes pensées, j'étais seule. Egdar était parti, ainsi que Zeref.

Je profitais de cet instant de répit pour regarder les flocons de neige, parsemer mes cheveux. 

Le Prince Immortel (TOME 1)Where stories live. Discover now