Chapitre 30

1.9K 223 5
                                    

Le portable collé à l'oreille, je fixe la rue à travers la fenêtre

Ops! Esta imagem não segue nossas diretrizes de conteúdo. Para continuar a publicação, tente removê-la ou carregar outra.

Le portable collé à l'oreille, je fixe la rue à travers la fenêtre. Je regarde les gens vivre leur vie alors que je repense à la mienne.

— Comment tu te sens ?

Je hausse les épaules alors qu'il ne peut pas me voir.

Après mon séjour au centre, je suis resté en contact avec le psychologue et nous nous appelons au moins une fois par semaine. Plus le temps passe et plus je suis mal à l'aise d'y répondre.

Au début, je le faisais pour me rassurer : ça me permettait de garder un pied dans le centre, dans cette posture de « battant », de garder le regard loin de la drogue. Aujourd'hui, ça me rappelle tout simplement que j'ai été un échec pendant des années, mais surtout, ça me donne l'impression que j'aurais toujours besoin d'aide pour vivre.

Que je ne suis plus indépendant.

Alors, j'ai de plus en plus de mal à parler de ma vie. Je crains toujours de commettre une erreur et qu'il veuille que je revienne au centre, alors que je n'en ai plus besoin. Ma relation avec Cléa est un secret pour lui et l'idée qu'il le découvre me terrifie.

Nos conversations se ressemblent donc toujours : je suis avec le club, je reste au garage, je mange sainement et je dors la nuit. Je ne vais plus en boîte, je ne bois pas d'alcool ni ne prends de drogue, et enfin... Je ne baise pas. Jamais.

Je suis un putain de sain.

Mais je me sens monstrueux de mentir. La culpabilité que cela apporte me donne mal au ventre dès que je vois son numéro s'afficher sur mon portable. Je réponds toujours, malgré tout.

Au cas où.

— Je vais bien. Et vous ?

— Je vais bien aussi. Alors, commence ça se passe au garage ?

Je lui raconte ma vie dans les grandes lignes, laissant de côté les trafics de drogue du club qui passent par là et les brebis qui continuent de venir nous voir en prétextant une réparation sur leur voiture. Je ne suis censé subir aucune tentation.

Pourtant, au bout d'une bonne dizaine de minutes, j'arrête de parler. Je pousse un long soupir et passe une main dans mes cheveux. Je n'en peux plus de faire semblant et j'en ai marre de me cacher.

Je crains de perdre mon indépendance, mais j'agis comme un gamin effrayé. C'est à moi de reprendre les choses en main. Alors, je me gonfle de courage et me racle la gorge.

— Doc ?

— Oui ?

— Je peux être honnête avec vous ?

— Bien sûr.

— Je...

Je prends une longue inspiration pour m'apaiser tout en continuant d'observer les gens vivre leur vie à travers la fenêtre. Pourquoi leur vie paraît-elle si simple ?

Black Bikers, Tome 6 : La panthère dévouéeOnde histórias criam vida. Descubra agora