Chapitre 34

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Les pancakes sentent trop bon, le jus de pomme maison aussi, et l'odeur particulière de ma mère me ravit

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Les pancakes sentent trop bon, le jus de pomme maison aussi, et l'odeur particulière de ma mère me ravit. Installées autour de la table, on prend notre petit-déjeuner comme si je n'étais jamais partie.

Le temps semble s'être arrêté le jour de mon départ.

Après mon retour fracassant cette nuit, ma mère a envoyé un mail à son boulot pour se porter pâle et j'ai suivi son bon conseil. J'ai dormi avec elle, dans son lit, celui qu'elle partageait avec mon père... Je me suis donc endormie en pleurant.

Depuis mon réveil, ma tête semble maintenue dans un étau. Cette distorsion avec la réalité me rend légèrement euphorique. Je suis clairement dans le déni.

Encore et encore.

Le déni de la mort de mon père, le déni de mon déménagement, le déni de ma vie, le déni de ma relation amoureuse...

Tout est faux, j'évolue dans ces mensonges chaque jour un peu plus et m'y enfonce.

Je ne sais pas si je pourrais en ressortir maintenant. N'est-ce pas trop tard ?

— Passe-moi le sirop, s'il te plaît.

Une phrase anodine.

Une vie simple.

Je lui tends le sirop d'érable, engloutis mon premier pancake et soupire de contentement. Les pancakes de ma mère sont incroyables, comme toujours.

— Il reste du jus de pomme ?

— Non, mais je peux en refaire !

Elle se lève déjà de table, se dirige vers la centrifugeuse et me prépare mon verre.

Deux minutes plus tard, je sirote mon jus et déguste mes pancakes.

Tout est parfait.

Vraiment parfait.

Trop parfait.

La boule dans mon ventre revient et remonte dans ma gorge. Mon instinct me hurle que tout ça est faux, que tout est mensonge, que plus rien n'a de sens.

Danger. Danger. Danger.

Je fixe mon assiette, alors qu'un frisson désagréable remonte le long de mon échine. J'ai soudainement très froid. Ma tête bourdonne alors que mon souffle ralentit.

— Tu veux d'autres pancakes ?

— Non merci.

Ma voix semble lointaine, mais bien présente. Mon cerveau fonctionne encore et réagit instinctivement, tandis que le reste de mon corps m'abandonne.

— Ça m'avait manqué de prendre le petit-déjeuner ensemble ! Tu devrais venir plus souvent.

— Tu as raison.

Tu devrais venir... Tu devrais... Devrais... Devoir... Dois...

C'est à moi de faire l'effort de venir. Comme toujours. C'est toujours à moi de venir. À moi. Toujours.

Black Bikers, Tome 6 : La panthère dévouéeTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon