Comme une comédie romantique

Chapitre 36 : Nina

Nina aurait voulu profiter de son samedi pour se reposer, mais ses règles en avaient décidé autrement. Cette fois, elle avait prévu le coup et mis une serviette hygiénique avant d'aller se coucher. À huit heures neuf, la douleur l'avait réveillée et elle était restée prostrée dans son lit durant plus de deux heures avant de trouver l'énergie de se lever pour prendre une aspirine. Évidemment, son armoire à pharmacie était vide parce que sa journée ne commençait pas assez mal comme ça. Nina s'appuya sur le lavabo et posa son front contre le miroir, savourant ce contact glacé contre sa peau brûlante. Ce qu'elle pouvait détester ses règles !

Plutôt que de déranger Camille une nouvelle fois en lui demandant de passer à la pharmacie, Nina se força à enfiler un sweat-shirt par-dessus son pyjama et alla toquer chez Ayden. De la musique résonnait de l'autre côté de la porte, prouvant qu'il était réveillé, mais il ne vint pas lui ouvrir. Un autre jour, elle aurait attendu, mais elle avait vraiment besoin d'un médicament pour calmer la douleur avant qu'une nouvelle crise ne l'empêche de bouger pendant plusieurs heures. Nina poussa la porte et fut surprise de la trouver ouverte. Depuis quand Ayden oubliait de fermer à clé ?

Elle aperçut d'abord Jayce, le museau plongé dans sa gamelle, puis Ayden, debout au milieu du salon. Torse nu et luisant de sueur. Nina se figea aussitôt et le fixa sans la moindre gêne. Parce qu'il était magnifique – comment aurait-il pu en être autrement – avec ses épaules musclées, ses pectoraux dessinés et la mince ligne de poils qui partait de son nombril et disparaissait sous sa ceinture. Nina avait imaginé des abdominaux dignes d'un sportif, mais son ventre était loin d'être plat. Et contrairement à ce qu'elle aurait pensé, ça ne le rendait que plus sexy à ses yeux parce qu'il était... réel, et non parfait comme les acteurs sur lesquels elle fantasmait.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Ayden en attrapant son T-shirt pour se rhabiller.

Nina réalisa à ce moment qu'elle le dévisageait toujours et détourna le regard en direction de Jayce, qui ne faisait pas attention à elle parce que ses croquettes étaient infiniment plus intéressantes.

Vu sa tenue, Ayden était allé courir avec son husky et venait tout juste de rentrer, ce qui expliquait pourquoi elle l'avait trouvé torse nu – et pourquoi la porte était ouverte.

Nina n'eut pas le temps de répondre à sa question qu'une nouvelle crampe la plia en deux. Elle se rendit à peine compte qu'Ayden l'attrapait par le bras pour la guider vers son canapé.

— Ça va ?

Elle secoua la tête en gémissant. Quelle question à la con !

— Je dois faire quoi ?

— Aspirine, articula Nina entre ses dents serrées.

— OK, j'arrive.

Trente secondes plus tard, il lui tendait un verre d'eau et un cachet qu'elle avala avant de s'allonger sur le canapé, les mains plaquées sur le ventre comme si ça pouvait apaiser la douleur. Elle s'efforçait de se concentrer sur sa respiration, indifférente au monde qui l'entourait.

— Va prendre ta douche, siffla-t-elle à Ayden qui restait figé à côté d'elle.

— Mais tu...

— À moins que tu sois secrètement médecin, ça sert à rien que tu sois planté là et en plus tu pues la transpiration. Alors va te laver, je vais pas mourir tout de suite, t'inquiète pas.

Ayden hésita, mais finit par s'éloigner et Nina se roula en boule, concentrée sur n'importe quoi, sauf la douleur qui lui cisaillait le bas-ventre. Elle se souvenait encore de ce gynécologue qui lui avait affirmé que les règles étaient difficiles à vivre pour tout le monde, qu'elle n'avait rien de spécial et qu'elle devait simplement arrêter de se plaindre. Elle aurait bien aimé le voir se tordre de douleur tous les mois, pour savoir s'il pensait toujours que c'était normal.